Le climat social s’est brusquement détérioré à Yélimané avec une affaire qui oppose les autorités communales et l’Association pour le développement de Yélimané « Yélimané Dagankané » dont un des membres Bakary Diambou se trouve actuellement en prison à Kayes. Le motif du conflit ? Le montant de la Taxe de développement régional et local (TDRL).
L’affaire remonte à 1988. Cette année-là, le président de la République d’alors, Moussa Traoré, effectua une tournée officielle à Yélimané. Pour préparer cette visite, il fut décidé d’augmenter de 1000 Fcfa, le montant de la TDRL qui s’élevait normalement à 2000 Fcfa. Cet effort avait été demandé par les ressortissants de Yélimané dont les membres de l’Association pour le développement de Yélimané. Mais depuis, la taxe est restée au même niveau.
Estimant que malgré cet effort du contribuable, peu d’investissements sont faits par les autorités municipales actuelles, l’Association pour le développement de Yélimané a demandé des comptes sur la gestion de la taxe « supplémentaire ». N’ayant pas eu satisfaction, elle a exigé que la taxe revienne à son montant normal.
Les autorités municipales ont opposé un refus ferme à cette requête. L’association a donc entrepris de mener campagne auprès des populations pour inciter celles-ci à ne pas payer les 1000 Fcfa supplémentaires. Bakary Diambou, membre de l’association, fut commis pour sillonner le cercle de village en village afin de rencontrer les populations et leur demander de ne pas payer.
Les autorités municipales considérant cette démarche comme une opération de « démobilisation » des populations firent arrêter l’homme le 2 mai à Yélimané. Il sera ensuite déféré à la prison centrale de Kayes.
Si l’arrestation de Bakary Diambou n’a pas été appréciée par une bonne partie de la population, elle a surtout occasionné la mobilisation des ressortissants de Yélimané à Paris qui ont organisé un sit-in devant le consulat du Mali. Ils ont exigé sa libération et la levée de la mesure d’interdiction de l’association « Yélimané Dagankané ». Les ressortissants de Yélimané à Nouakchott, en Mauritanie, ont également organisé un sit-in. Et d’autres mouvements similaires sont signalés ailleurs dans d’autres pays.
Dans un communiqué publié lundi, le consulat du Mali à Paris annonçait que « depuis le vendredi 6 mai, un groupe d’individus se réclamant de l’Association pour le développement du cercle de Yélimané, Yélimané Dagankané, effectue un sit-in devant le consulat général du Mali en France ».
Le consulat indique que sur instruction de l’ambassadeur du Mali en France, une rencontre entre les responsables du consulat général et des représentants de l’association fut aussitôt organisée, afin de comprendre les raisons du sit-in. Au cours de cette rencontre, poursuit le communiqué, les responsables de l’association ont indiqué qu’ils organisent ce sit-in afin d’exiger du gouvernement du Mali la libération immédiate de leur porte-parole, Bakary Diambou ; la levée de l’interdiction qui frappe leur association au Mali ; la levée du contrôle judiciaire à l’encontre de certains membres de ladite association qui étaient en prison à Yélimané.
« Bien que ces revendications n’aient aucun rapport avec le consulat général et relèvent plutôt d’une affaire pendante devant la justice malienne, dans un souci de dialogue et d’apaisement, l’ambassadeur du Mali a initié de nombreuses démarches pour ramener les manifestants à la raison. Malheureusement, toutes ces démarches impliquant des notabilités et sages de la communauté malienne de France sont restées infructueuses. Les manifestants sont restés sur leurs positions, précisant que s’ils n’obtenaient pas satisfaction, ils ne libéreront pas l’accès du consulat et menacent d’étendre leur mouvement à d’autres ambassades et consulats du Mali dans d’autres pays », explique le consulat.
« Devant une telle intransigeance, à l’origine de désagréments aux usagers et à la population riveraine, conformément aux conventions internationales en vigueur, l’ambassade du Mali est contrainte d’user de toutes les voies de recours pour le retour du fonctionnement normal des services consulaires et de la quiétude dans la cité », conclut le communiqué.
Le président de l’association, Sadio Niakhaté, a réagi en assurant : « tant que notre porte-parole n’est pas libéré et que l’interdiction de l’association n’est pas levée, la lutte ne prendra jamais fin ».
De sources judiciaires à Kayes, l’on précise que « l’arrestation de Bakary Diambou et son transfert à Kayes sont essentiellement dictées par des raisons de sécurité ».
O. NIANE
AMAP-Kayes