Depuis l’appel du président de la République du Mali par intérim, Dioncounda Traoré, à l’endroit des citoyens de l’intérieur et de l’extérieur pour soutenir l’effort de guerre, les manifestations de patriotisme ne cessent. Mais, force est de constater que nos prolixes hommes politiques restent à la marge. Or, s’il s’agissait de la gestion du pouvoir ou du partage d’un quelconque intérêt, ils seraient les premiers à importuner en faisant valoir leur poids. Lire notre analyse.
Tous ces soutiens enregistrés quotidiennement témoignent de l’attachement des donateurs à leur pays. À titre de rappel, le premier grand geste est venu de Ben and Co qui, le 15 janvier 2013, a offert 20 millions de Cfa et mis à la disposition de l’armée des citernes de carburants. Il a été suivi par un opérateur économique expatrié Seydou Kane qui a donné 60 millions, le 17 janvier.
Dans les régions non occupées et le district de Bamako, les associations et regroupements de la société civile ne sont pas restés à la marge. Des collectes sont en cours surtout au niveau des commerçants détaillants. On peut soutenir l’Etat quelque soit son revenu, les travailleurs de Ségou l’ont montré, le 17 janvier 2013. Après une première collecte, selon les catégories, ils se sont engagés à travers leur syndicat à consentir un prélèvement de 2000 à 6000 Cfa sur leurs salaires du mois de février. Il faut retenir que malgré la crise économique qui secoue le globe certains donateurs comme le Conseil des maliens de l’extérieur et une entreprise minière ont atteint la centaine de millions en un seul geste.
Nos hommes politiques sont-ils des apatrides?
En dépit de tous ces exemples, sur plus de 14O partis politiques au Mali moins d’une dizaine ont répondu avec des contributions modestes à l’appel du président par intérim. Or en d’autres occasions, ils seraient les premiers à faire entendre haut et fort leurs voix.
Certains ont fait des coups médiatiques en annonçant organiser des collectes auprès de leurs militants. On ne sait pas si ça sera fait avant la fin de la guerre. En tout cas, les contributions faites par nos partis politiques y compris ses quelques grosses cylindrées ne dépassent pas quelques dizaines de millions de nos francs. Ce qui est dérisoire au regard de leur taille et aux centaines de millions dont ils dépensent pour des réjouissances et futilités lors des campagnes électorales.
Aussi irascible que cela puisse paraitre, il y a quelques mois, les leaders de ces mêmes partis ont mis à mal notre pays avec des guéguerres de positionnement pour la gestion des affaires de la transition. Mieux, la libération du nord était soulignée dans tous leurs discours comme une action prioritaire. Mais au fond, ils avaient d’autres aspirations moins nobles.
Car la guerre contre les islamo-terroristes suite à l’attaque de Konna, le 09 janvier 2013, a coïncidé avec des tensions politiques très vives à Bamako. Ce jour là, la COPAM et ses alliés avaient organisé une marche chaotique pour exiger la tenue immédiate de la concertation nationale. Au même moment, le FDR et les siens préparaient des contres offensives médiatiques pour emballer la population dans cette joute d’intérêt personnel. Le tout était lié à la gestion de la transition au Mali.
Ces hommes et femmes qui ont l’art de parler du patriotisme se cachent au moment où le pays a le plus besoin du soutien de tous ses dignes fils. Ils gardent leurs valises d’argents en attendant les élections. La gestion bâclée de l’après révolution de mars 1991 a fait que le Mali a échoué dans sa culture de la démocratie. Ce qui a engendré l’ancrage d’un système pourri basé sur le mensonge, l’enrichissement illicite, la corruption, l’incivisme et d’autres maux au point d’oublier l’avenir de la nation. Que faire pour sauver l’honneur et l’intérêt commun du Mali?