La confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) ne lâche prise. Après la marche du 21 avril dernier, les syndicalistes remettent ça. Ce jeudi, ils battent le pavé pour dénoncer les violations des droits et libertés syndicales et au-delà, la mauvaise gouvernance qui caractérise le régime d’IBK. Selon les organisateurs, la marche ira du siège de la Cstm au ministère du travail et de la fonction publique, où se tiendra un sit-in.
Le gouvernement et la Cstm ne sont parvenus à aucune entente pouvant atténuer la tension sur ce front syndical, devenu plus que bouillant. Et pour preuve, cette centrale, pour la seconde fois en moins d’un mois, mobilise ses « troupes » contre ce qu’elle qualifie d’atteintes graves aux droits humains.
En effet, ce matin, la Cstm appelle à une grande marche populaire l’ensemble de ses militants afin qu’ils se fassent entendre par un gouvernement sourd à toute revendication et peu soucieux du respect des droits et libertés des syndicalistes. Banquiers ; enseignants ; agents de santé, de l’industrie ; commerçants ; policiers ; miniers, transporteurs… se retrouvent au siège de la centrale pour rallier le ministère du travail et de la fonction publique, via la station Shell (avenue du fleuve), le rond-point Malimag, la place de la liberté et le rond-point du grand hôtel. Et à l’arrivée, il est prévu un sit-in devant le ministère de la fonction publique. Quasiment tous les 18 syndicats affiliés à la Cstm seront à la marche. Il s’agit, entre autres, de la fédération de l’éducation nationale ; de la fédération nationale de l’éducation, des sports et arts, de la recherche et de la culture ; de la fédération nationale des postes et télécommunications ; celle des mines et de l’énergie ; du syndicat des travailleurs des hôpitaux et structures sanitaires ; du syndicat des fonctionnaires de la protection civile ; du Syndicat de la police nationale (Spn) et du Syndicat national de l’éducation de base (Syneb). Tous se disent révoltés par l’indifférence des autorités vis-à-vis de leurs doléances, au moment où des milliards du contribuable sont dilapidés ou détournés.
Protester contre la corruption
Ainsi, lors de la manif, ils vont brandir et scander des slogans hostiles au régime ; pour dénoncer les dérives en cascade du régime IBK, et surtout réclamer plus de droits et plus d’attention à leurs égards. Dans une interview qui avait bien voulu nous accordé, Hamadoun A Guindo, secrétaire général de la Cstm, justifiait la marche en ces termes : «Nous ne sommes pas d’accord avec le gouvernement dans le cadre de sa gestion des relations avec les partenaires sociaux, particulièrement avec sa façon de gérer les doléances de la Cstm. Nous n’admettons pas que des travailleurs soient sanctionnés parce qu’ils ont suivi un mot d’ordre de leur centrale syndicale. Nous ne sommes pas d’accord avec l’exclusion. Nous ne sommes pas d’accord avec le faite que le gouvernement a dans ses mains des arrêts de justice et refuse de les appliquer. C’est tous ceux-ci que nous allons dénoncer le 12 mai prochain… ».
Dans sa quête du respect des droits de ses membres, la Cstm bénéficie du soutien du Réveil citoyen du Mali. Cette plateforme, dirigée par Yacouba Diakité, marche aujourd’hui aux côtés de la Cstm pour « protester contre la corruption, la délinquance financière et l’impunité ».
Cette marche, qui sera suivie par celle de l’opposition politique, exprime le ras-le-bol des Maliens qui ne savent plus où donner de la tête à cause du marasme économique et de la crise financière sans précédent qui les frappent de plein fouet. Et la manif d’aujourd’hui illustre la montée des mécontentements qui se multiplient. Les ménages n’en peuvent plus ! Outre l’insécurité qui fait régner l’incertitude, les travailleurs des villes et des campagnes éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts.
Issa B Dembélé