La tension monte à Yélimané, suite à un mécontentement de la population. Celle-ci accuse à la fois l’administration locale et les autorités communales. Mauvaise gestion, détournements de fonds, injustice, abus de pouvoir…sont là, entre autres griefs formulés par la population qui, à travers l’association pour le développement de Yélimané « Yélimané Dagankané », a décidé de se faire entendre des autorités locales et mêmes des plus hautes autorités du pays.
La contestation, engagée au départ dans la localité, s’est vite étendue à la diaspora malienne, notamment à Paris où la forte communauté de Yélimané soutient le mouvement par un sit-in illimité. Ainsi, la diaspora a décidé de faire le siège devant les locaux du consulat du Mali dans la capitale française. Et le mouvement de contestation est en train de se propager à d’autres capitales à travers le monde.
Avant-hier, la même scène s’est produite à Washington où la communauté de Yélimané a occupé les devantures de l’Ambassade du Mali.
Pourquoi une telle montée de tension dans cette localité très appréciée pour son calme et le sens de responsabilité de ses ressortissants? C’est le paiement de la taxe de développement qui a mis le feu aux poudres. En effet, la population estime que malgré le paiement de cet impôt la localité ne bénéficie d’investissements ni des autorités du pays, ni de celles de la commune. Tout le développement de Yélimané repose aujourd’hui sur les immenses réalisations faites par la diaspora.
Au vu de cette situation, une fronde s’organise. Et l’Association pour le développement de Yélimané demande des comptes aux autorités sur la (vraie) destination de la Taxe de développement régional et local (Tdrl). Finalement, un responsable de l’association fut arrêté et transféré à Kayes. Il est accusé d’avoir poussé les populations de Yélimané et d’autres villages à ne plus payer la Tdrl.
Aujourd’hui, les populations sont sur le pied de guerre à Yélimané, alors que la diaspora se mobilise à travers le monde. Les images font le tour du monde avec des commentaires : révolte, soulèvement, défiance populaire…
Mais au-delà, c’est un sentiment d’injustice qui prévaut actuellement dans cette localité de la première région (Kayes). Malheureusement, ce même sentiment est perceptible un peu partout dans le reste du pays où une somme de frustrations provoque un mécontentement général et un ras-le-bol généralisé au sein des populations. Aujourd’hui, chaque localité ou zone géographique du pays est une poudrière, à l’image du récent massacre de Maleimana (plus d’une trentaine de morts), à Ténenkou, région de Mopti.
Les autorités maliennes sont fortement interpellées par ce qui se passe actuellement à Yélimané. Le gouvernement malien, qui excelle dans la politique de l’autruche, doit voir, enfin, la réalité en face. Car, on ne peut gérer un pays dans l’injustice, le mensonge et surtout en classifiant les populations. D’un côté, il y a les « enfants gâtés » de la République qui prennent le pays en otage : au nord. De l’autre, il y a les « damnés de la terre » qui n’ont nullement voix au chapitre : au sud.
C H Sylla