Amorphe, tétanisée, divisée, incapable de parler le même langage, l’opposition malienne porte-t-elle vraiment les mêmes valeurs ? Le chemin paraît visiblement trop long pour accorder les violons entre les leaders de l’opposition.
C’est désormais chose faite ! L’union des forces politiques de l’opposition a du mal à accorder les violons. Alors qu’on les croyait ensemble pour le meilleur et le pire, depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita au palais de Koulouba, les partis de l’opposition sont en train de démontrer qu’elles ne sont pas nées pour réaliser des exploits.
La gourmandise fragilise l’opposition. Manque d’objectivité, de cohésion et de vision, la recherche d’intérêts partisans, coups bas, navigation à vue, intolérance et règlements inutiles de comptes ! Voilà l’image de la classe politique malienne, surtout celle qui se dit opposante de nos jours. Ces acteurs politiques ont du mal à se mettre ensemble pour gagner des paris. On peut se rendre à l’évidence, maintenant, que les responsables de l’opposition sont tétanisés. Moins de trois ans seulement après leur parfaite entente, voilà le vrai visage de l’opposition malienne qu’on découvre. C’est peut-être trop tôt de tirer des conclusions, mais on peut oser comprendre que le l’Union pour la République, le Parti PS/Yelen Coura, le Fare Anka Wuli, le Pdes, le Parena, le Pids, et autres ont du mal à parler le même langage, afin d’être un contrepoids au régime d’IBK. Ce qui a poussé le parti PS-Yelen Coura à ne pas participer à la marche de l’opposition, prévue pour le 21 mai prochain. D’aucuns parlent de trahison, mais à regarder de près, le PS vient de jeter le pavé dans la marre.
Des divergences de point de vue
Il nous revient que depuis que le président du parti de l’URD est le chef de file de l’opposition, l’homme n’arrive pas à occuper le champ politique comme il se doit. Car tout le temps absent de l’Assemblée nationale et du pays. Toute chose qui fait que d’autres partis de l’opposition sont plus actifs sur le terrain que lui. Ce qui n’est pas du goût de certains barons du parti de la poignée de main. Sans oublier aussi que beaucoup de partis politiques de l’opposition n’ayant pas les moyens financiers nécessaires n’arrivent pas à être présents sur tous les fronts. Ce qui fait dire qu’il n’y a pas de solidarité en son sein. Et cela rend difficile la cohabitation. C’est vrai que comparaison n’est pas raison. Mais au Burkina-Faso, le chef de file de l’opposition, Zéphirien Diabré, a bien compris cet état de fait. Raison pour laquelle l’homme apportait de temps à autre du soutien financier aux petits partis dits satellites sur le budget alloué à lui par les autorités vu son statut. Ce qui a permis de fédérer les partis de l’opposition, car très complice dans les prises de décision. Sans oublier aussi que Zéphirin Diabré n’hésitait pas à financer tout seul certaines activités de l’opposition. Ce qui n’est pas le cas dans notre pays. Car on se bat pour faire la promotion des membres de son parti. Alors que d’autres partis de l’opposition sont à la traine, malgré qu’ils aient les cadres de ce pays. Cela nous rappelle la nomination du président du parti du PS Yelen Coura, Amadou Koita, au poste de directeur de la Cellule d’appui à la décentralisation et à la déconcentration au ministère de l’Economie et des Finances. Dès le communiqué du gouvernement, certains barons de l’opposition ont manifesté leur mécontentement. Car pour eux, cela ressemble à une trahison. Oubliant que l’homme est un cadre valeureux de ce pays, qui a besoin de ressources humaines nécessaires pour se sortir des moments difficiles. Mais pourquoi, les barons de l’opposition n’ont-ils pas dénoncé le fait que Madou Diallo de l’URD ait occupé pendant des années le poste de Secrétaire général à l’Assemblée nationale ? Que dire alors du président de la Commission vérité, justice et réconciliation qui est aussi de l’opposition ? Et puisque il y a un véritable manque de soutien entre les leaders de l’opposition, le divorce est d’office consommé. Même si les responsables parlent le même langage, leur degré de militantisme est très limité. Et si le chef de file de l’opposition ne revoit pas sa copie en épaulant les jeunes formations de l’opposition, d’une manière ou d’une autre, l’opposition va connaître de mauvais jours. N’oublions pas que 2018 est déjà à nos portes.
Paul N’GUESSAN