L’eau est source de vie, a-t-on coutume de dire. Mais cette source de vie est devenue aujourd’hui une denrée rare à Kayes. Les populations kayésiennes sont confrontées depuis plusieurs mois à une grave pénurie d’eau. Il ne se passe pas de jour sans qu’une grande partie de la population soit privée d’eau. Quand ce n’est pas la coupure totale, c’est la pression qui est très faible au point que les habitants des immeubles sont très souvent obligés de descendre au rez-de-chaussée, chercher ce trésor de la vie. Face à cette situation intenable, les femmes donnent de plus en plus de la voix.
En effet, depuis le mois de février dernier, les populations de Kayes N’di ont été les premières à exprimer leur ras-le-bol. Comme les femmes de ce quartier, les populations des quartiers Plateau, Kasso, Liberté et Legal-Ségou ont aussi exprimé leur ras-le bol. Excédées par les coupures intempestives, les femmes avaient décidé de marcher sur le siège régional de la Somagep-Sa de Kayes. Comme on le voit, le manque d’eau potable cause beaucoup de désagréments aux populations de Kayes, surtout avec cette forte canicule. Le recours à l’eau de puits
La pénurie d’eau impose un véritable calvaire aux Kayésiennes. Dame Traoré Rosalie, enseignante de profession, habite au Plateau avec son mari et ses deux enfants. Elle explique que lorsque cette situation se produit, elle est obligée de faire sa cuisine avec de l’eau minérale. Pour ce qui est de la vaisselle, la lessive et le bain, elle a recours à l’eau de puits. « Depuis que nous avons commencé à nous laver avec l’eau de puits, des boutons ont commencé à apparaitre sur le corps des membres de toute la famille. Mon mari et moi, ne faisons qu’acheter les médicaments pour soigner les enfants. C’est une autre dépense qui vient s’ajouter aux charges régulières de la famille », se plaint-elle. Même son de cloche du côté de la famille N’Diaye, à Kayes N’di. Dans cette famille, on se lave également avec de l’eau de puits. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, M. Ibrahim N’Diaye, le chef de famille a indiqué avoir beaucoup dépensé dans les médicaments. Pour soigner son enfant dont le corps était recouvert de boutons. «Dieu seul sait les maladies auxquelles on est exposé en se lavant avec de l’eau non potable», s’inquiète M. N’Diaye.
« Si la Somagep-Sa est incapable d’approvisionner la population en eau potable, qu’elle nous le dise. Si ça continue, les populations vont descendre dans la rue pour manifester », menace Mme Dicko, habitante du quartier Médine.
Paul N’GUESSAN