Le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, va entamer un nouveau mandat de cinq ans ce jeudi. Il prête serment aujourd’hui lors d’une grande cérémonie, en présence de nombreux dirigeants étrangers, dont le président Ibrahim Boubacar Kéïta qui est arrivé hier après-midi à Kampala, la capitale ougandaise. Des sources officielles annoncent que 4000 invités assisteront à cette cérémonie d’investiture qui sera l’occasion pour les pays frères et amis de réaffirmer leur soutien au président Museveni qui s’impose comme un acteur régional incontournable, notamment dans la gestion des crises, principalement au Burundi.
Le chef de l’Etat ougandais tente aussi de mettre fin à la rébellion qui menace la stabilité de son pays, la LRA (Armée de résistance du Seigneur) de Joseph Kony. Cette rébellion, particulièrement meurtrière, a débuté une année après l’accession au pouvoir Yoweri Museveni. C’est le 26 janvier 1986 que celui-ci a pris le pouvoir à Kampala à la tête de l’Armée de résistance nationale (NRA). Il sera réélu en mai 1996 lors de la première présidentielle directe depuis 1962, date de l’accession du pays à l’indépendance. Depuis, il a remporté tous les scrutins présidentiels, après avoir modifié la Constitution en 2005 pour pouvoir se représenter sans limitation du nombre de mandats.
La LRA est le plus ancien et le plus connu des groupes rebelles ougandais. Créée aux alentours de 1987 avec l’objectif d’installer un régime fondé sur les Dix commandements, elle est dirigée par un ancien catéchiste catholique, Joseph Kony. La LRA, sérieusement affaiblie, n’est plus active en Ouganda depuis 10 ans et opère désormais essentiellement en Centrafrique. Selon l’ONU, cette rébellion a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants d’abord dans le nord de l’Ouganda, puis dans les pays voisins.
Âgé de 71 ans, Yoweri Museveni a remporté la présidentielle du 20 février dernier, en obtenant 60,75% des voix, devançant de loin ses concurrents. Son principal adversaire, Kizza Besigye, a recueilli 35,37% des voix. Et l’ancien Premier ministre, Amama Mbabazi, n’a eu que 1,43% des voix. D’après la Commission électorale, le taux de participation a atteint 63,5%.
Malgré les critiques de l’opposition et des observateurs de l’Union européenne et du Commonwealth sur le bon déroulement du scrutin présidentiel, la réélection de Yoweri Museveni n’a rien eu de surprenant pour les analystes politiques. Cette réélection s’explique aussi par le fait que le président Museveni dispose d’une grande expérience du fait de sa longévité au pouvoir (30 ans). Son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM), a ainsi vu dans cette victoire la confirmation que ses adversaires avaient « échoué à offrir une quelconque alternative ». Depuis son accession au pouvoir en 1986, dans un pays qui n’a jamais connu d’alternance politique pacifique depuis son indépendance, Museveni jouit toujours d’une grande popularité dans les campagnes.
Considéré par la jeunesse ougandaise comme « l’homme de l’avenir », le président Yoweri Museveni et son gouvernement sont invités à œuvrer davantage pour consolider la démocratie, renforcer le tissu social à travers la réconciliation nationale et relever les défis de développement dans leur pays. Le gouvernement prévoit de développer l’économie informelle pour augmenter les taxes, afin de renflouer les caisses de l’Etat.
Enclavé en Afrique de l’Est, l’Ouganda fait partie de la région des Grands Lacs. Le pays est limitrophe du Soudan du Sud, du Kenya, de la Tanzanie, du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC).
L’Ouganda tire son nom de l’ancien royaume de Buganda, qui couvrait autrefois les régions les plus au sud, dont la capitale et plus grande ville est Kampala.
L’agriculture emploie 80% de la main d’œuvre et compte pour 23% du Produit intérieur brut (café, thé, coton, sucre, maïs). Le tourisme représente 8,4% du PIB.
L’Ouganda a découvert en 2006 d’importantes réserves de pétrole brut – officiellement estimées à 2,5 milliards de barils – dans le bassin du lac Albert, le long de sa frontière occidentale avec la RDC. Selon la Banque mondiale, le revenu annuel par habitant s’élevait à 670 dollars (plus de 350 000 Fcfa) en 2014.
Envoyé spécial
B. M. SISSOKO
DES REPERES HISTORIQUES
Ancien protectorat britannique, l’Ouganda a accédé à l’indépendance le 9 octobre 1962 sous la houlette du Premier ministre Milton Oboté. En 1963, le pays rompt avec la monarchie constitutionnelle et le roi de Buganda devient président.
Le 15 avril 1966, Milton Obote s’autoproclame président. En 1967, une nouvelle Constitution confère au chef de l’Etat un pouvoir presque absolu. De ce fait, Milton Obote dirige le pays d’une main de fer, limite les prérogatives des chefs traditionnels et met en place des politiques d’inspiration socialiste.
Mais le 25 janvier 1971, le général Idi Amin Dada, commandant de l’armée, prend le pouvoir en l’absence d’Obote, avant de se proclamer chef de l’Etat. Ses huit années de pouvoir sont marquées par une répression entrainant la mort de 300.000 à 500.000 Ougandais et l’expulsion de la totalité de la communauté indo-pakistanaise.
Le 11 avril 1979, Idi Amin Dada est renversé par le Front national de libération de l’Ouganda (FNLO) et l’armée tanzanienne. Le 15 décembre 1980, Milton Obote renoue avec l’exercice du pouvoir. Après neuf ans d’exil en Tanzanie, il revient à la tête de son pays à la suite de la victoire de son parti, le Congrès du peuple ougandais (UPC), aux élections générales.
B. M. S.