Les administrations des douanes maliennes et sénégalaises tiennent, depuis hier à l’hôtel El Farouk, la 9è rencontre de leur coopération bilatérale, sur le thème : « la modernisation des administrations des douanes par l’interconnexion des systèmes informatiques ». La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de l’Économie et des Finances, le Dr Boubou Cissé, qui avait à ses cotés, l’ambassadeur du Sénégal au Mali, Assane Ndoye, les directeurs généraux des douanes maliennes, Modibo Kane Keïta, et sénégalaises, Papa Ousmane Guèye. Étaient aussi présents les premiers responsables de plusieurs organisations du monde du transport, du commerce et de l’industrie.
La présente rencontre a été précédée de la réunion des experts les 9 et 10 mai. Pendant deux autres jours, les administrateurs discuteront des préoccupations communes aux douanes de nos pays. Celles-ci sont liées au transit des marchandises du Sénégal vers le Mali, au basculement des chargements vers le corridor sud car le pont endommagé de Kayes ne peut plus supporter des camions de plus de 40 tonnes, à la suppression des entraves à la fluidité du trafic sur le corridor Dakar-Bamako … « Cette rencontre renforce aussi la coopération exemplaire entre les administrations douanières, fait le point de l’état de mise en œuvre des recommandations issues de la 8è rencontre bilatérale tenue à Dakar, au Sénégal, les 12 et 13 octobre 2011 », a précisé Modibo Kane Keïta, en souhaitant la bienvenue aux participants.
Le patron des douanes maliennes a indiqué que ces rencontres entre les deux administrations se tiennent dans un contexte de défi sécuritaire à relever par nos pays. C’est pourquoi, suggère-t-il, les contrôles effectués au quotidien de part et d’autre des frontières doivent tenir compte de ce défi sécuritaire en inspectant minutieusement les passagers et leurs bagages. « Face à ces enjeux importants et dans le souci de moderniser les procédures pour les adapter aux nouveaux défis, les deux administrations sont appelées à jeter un regard critique sur leurs méthodes de travail respectives », a souligné Modibo Kane Keïta.
Son homologue sénégalais, Papa Ousmane Gueye, lui, a rappelé que le principe de la libre circulation des personnes et des biens est le credo et l’aboutissement d’un travail d’harmonisation des politiques économiques et commerciales. Les deux administrations douanières en la matière, a-t-il salué, coopèrent de façon profonde et dynamique pour la réalisation de ce principe pour aboutir à un développement intégré.
Papa Ousmane Gueye a jugé que la présente rencontre bilatérale témoignait d’un engagement des deux douanes à œuvrer ensemble dans la perspective d’une gestion coordonnée des frontières. Pour plus d’efficacité dans cette mission, il a proposé d’envisager des mécanismes imaginatifs de gestion coordonnée des frontières. Ce, dans le but de sécuriser les recettes et la chaine logistique internationale afin de lutter de manière efficace contre la criminalité transnationale organisée. Criminalité dont la recrudescence interpelle au premier plan l’administration douanière, du fait de sa présence permanente aux frontières, a insisté Papa Ousmane Gueye.
L’atteinte de cet objectif, de l’avis du responsable sénégalais, doit reposer sur le numérique et l’automatisation de toutes les procédures, notamment celles de transit. « L’interconnexion de nos systèmes informatiques apparaît dès lors comme salutaire », a-t-il souligné. L’échange sécurisé de renseignements doit donc constituer un pilier important de cette gestion coordonnée des frontières qui repose sur l’interconnexion de nos systèmes d’information, estimera Papa Ousmane Gueye.
Pour relever ces défis, les administrations douanières comptent sur leurs départements de tutelle pour appuyer fortement les initiatives propres à lever les entraves aux échanges sur le corridor Dakar-Bamako. Le ministre de l’Économie et des Finances a immédiatement réagi en promettant son soutien. Le Dr Boubou Cissé a salué l’importance des échanges commerciaux entre notre pays et le Sénégal qui est, constate-t-il, devenu le principal débouché du Mali sur la mer. Le ministre a, par ailleurs, attiré l’attention des douaniers sur le phénomène de surcharge des camions qui accélère la dégradation des routes.
La solution à ce fléau pourrait, de son point de vue, venir de l’entrée très prochaine en vigueur (en juin) du règlement n° 14/2005/CM/UEMOA du 16 décembre 2005 relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises dans les États membres de l’UEMOA. Boubou Cissé a aussi insisté sur l’application effective de la convention de la CEDEAO relative au transit inter-états.
C. M. TRAORE
Source: Essor