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Yélimané : La Tension baisse d’un cran
Publié le vendredi 13 mai 2016  |  L’Essor




Les autorités régionales de Kayes ont remis en liberté provisoire, avant-hier, Bakary Diambou, le porte-parole de l’association « Yélimané Dagakhané ». Cette décision a contribué à faire baisser la tension à Paris où des compatriotes étaient en sit-in devant le consulat de notre pays. Ils réclamaient principalement la levée de l’interdiction de leur association et la libération de leur porte-parole. Venu de France pour inciter les populations à cesser de payer la Taxe de développement régional et local (TDRL) dont le montant serait indûment élevé à Yélimané, il a été arrêté et placé en détention (voir l’Essor du 11 mai).

Le mouvement de protestation de nos compatriotes originaires de la région de Kayes menaçait de prendre de l’ampleur. Mercredi, ceux de Côte d’Ivoire ont commencé à se rassembler pour aller manifester leur colère devant l’ambassade du Mali à Abidjan quand la nouvelle de la libération provisoire de Bakary Diambou est tombée.

Dans un communiqué publié hier après-midi, l’ambassade du Mali en France indiquait « la fin du mouvement de sit-in devant le consulat général à Paris ». Le communiqué précise que suite à une réunion présidée hier par l’ambassadeur Cheick Mouctary Diarra à la chancellerie, les représentants de « Yélimané Dagakhané » ont pris acte de la libération de leur porte-parole, Bakary Diambou, de l’accompagnement de la mission diplomatique et consulaire pour une meilleure prise en charge des autres doléances notamment la levée de l’interdiction de l’Association pour le développement du cercle de Yélimané. A l’issue de la réunion, les manifestants ont décidé de mettre fin à leur mouvement devant le consulat général où les activités consulaires reprendront dès aujourd’hui.

Afin de détendre le climat social à Yélimané, le ministre de l’Administration territoriale, Abdoulaye Idrissa Maïga, est attendu sur place demain pour réconcilier les cœurs. Au cours de son séjour à Yélimané, le ministre de l’Administration territoriale doit rencontrer les autorités et les membres de l’association. Mais ces derniers disent n’avoir pas été informés de cette visite. Toujours dans le cadre de la recherche de solution à la crise, une réunion est prévue lundi au ministère.

Si la libération de Bakary Diambou a permis de décrisper la situation, elle n’a pas totalement éteint la contestation. Car l’élargissement du porte-parole n’était pas la seule revendication. Sadio Niakaté, notable de Yélimané et président de l’Association pour le développement de la localité, confirme que la libération de Bakary Diambou n’était qu’une des revendications et que « le calme n’est pas du tout revenu ». Il déplore le fait que des femmes aient été « torturées, frappées et jetées dans un véhicule » lorsqu’elles manifestaient pour soutenir les revendications de l’association. Il critique les exactions contre les citoyens et exige la prise en compte de la revendication sur la TDRL. « On ne sait pas la destination de la taxe. Les taxes de la voirie, pendant 16 ans nous les payons, mais on ne voit rien comme impact. Il faut donc que le gouvernement s’assume », a-t-il confié à la presse.

De son côté, le préfet du cercle de Yélimané constate une « situation calme » dans la ville après la libération de Bakary Diambou. Il rejette les accusations de mauvaise gestion des ressources locales par les autorités et rappelle que l’association est interdite d’activité depuis plusieurs mois et que la suspension n’est pas levée. Le chef de l’exécutif local explique aussi qu’il n’est pas possible de baisser les impôts car c’est une loi de la République qui fixe et gère les taux des impôts. « On ne peut pas diminuer l’impôt d’un seul cercle », souligne-t-il.

Revenant sur la gestion des ressources, il a expliqué que lors des restitutions publiques des collectivités, les citoyens sont libres de poser au maire toutes les questions sur la gestion des taxes et impôts de la commune. « L’année dernière, il n’y pas eu de restitution dans plusieurs communes parce qu’il n’y a pas eu de ressources. On ne peut pas parler de mauvaise gestion surtout qu’il y a des communes qui sont à trois à quatre mois sans paiement des salaires des fonctionnaires des collectivités », souligne le préfet qui insiste sur le respect des lois. L’administrateur rappelle qu’il existe des voies de recours pour se plaindre. « Mais s’opposer à l’Etat, à l’autorité pour une revendication, ça ce n’est pas bon », dénonce-t-il.

A. DIARRA
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