Si le Professeur Kaourou Doucouré pense que les actes posés par les autorités maliennes en termes d’amélioration des conditions de la migration sont insignifiants, le conseiller technique du Ministère des Maliens de l’extérieur, Broulaye Keïta, note une approche plus ou moins positive dans la forme, même s’il relève par ailleurs un certain statuquo dans le fond.
L’Association malienne des expulsés (AME) a organisé, samedi 14 mai 2016, à la Maison de la Presse de Bamako, une journée d’échange et de concertation sur la problématique de la migration. «La politique nationale de l’immigration», «les grands axes du sommet de La Vallette à Malte», «le fonds judiciaire d’urgence». Voilà, entre autres, les sujets abordés par les experts pour parler de la problématique de la migration.
Le Président de l’AME, Ousmane Diarra, a campé le décor pour rappeler que cette journée permettra, sans doute, de trouver des pistes de solution au problème de l’immigration. Pour sa part, le Chef de Cabinet du Ministre des Maliens de l’extérieur, Madame Sidibé Mahawa Haïdara dira que cette activité est importante à plus d’un titre. Car, selon elle, c’est un moyen qui aidera le département a touché du doigt les questions fondamentales de la migration.
Faisant un bref diagnostic sur la politique nationale de l’immigration, le conseiller technique du Ministère des Maliens de l’extérieur, Broulaye Keïta, a d’abord démontré l’importance de la migration et son impact sur le développement local. Selon lui, les migrants envoient en moyenne 400 milliards de nos francs dans l’économie nationale par an. Cependant, il dira que ces milliards ne doivent pas nous faire oublier les drames de la migration. «En 2015, les statistique dénotent que 376 jeunes maliens sont morts dans la méditerranée, sans prendre en compte ceux qui ont disparus», déplore t-il. Résumant la position des Africains lors du sommet de La Vallette à Malte, il dira que le point qui a fait couler beaucoup d’encres et de salives était relatif à l’épineuse question du retour et des réadmissions.
A en croire le conférencier, déjà il y a un accord de réadmission entre l’Europe et l’Afrique dans l’accord de Cotonou qui a été adopté en 2010. Selon lui, cet accord suffi largement pour gérer la question des retours et des réadmissions. Et maintenant, c’est à chaque partie de s’engager et de prendre ses responsabilités. Un point qui est loin d’être partagé par le second conférencier, le Professeur Kaourou Doucouré. Selon lui, l’accord de Cotonou n’est plus d’actualité car le peuple malien l’a rejeté depuis longtemps. A l’en croire, un pays ne se gère pas seulement avec des diplômes. «L’Etat a failli à sa mission d’informer le peuple des tenants et aboutissants de l’immigration. L’Etat parle au nom de la population mais cette population qui est la source n’est pas informer. C’est vraiment regrettable de constater que les chefs d’Etat africains sont allés à Malte les bras croisées alors que les Européens avaient adopté une stratégie commune », déplore l’orateur. Comme solution, le Pr Doucouré propose l’organisation d’un symposium entre les Africains afin d’aborder ‘’une politique africaine commune’’.
Par ailleurs les deux orateurs sont du même avis pour l’adoption d’une loi sur la politique de l’immigration au Mali. En outre, ils dénoncent le fait que le Mali a beaucoup plus de problèmes avec les africains qu’avec les européens dans le domaine de l’immigration. Pour ne pas citer le cas des pays tels la Mauritanie, le Gabon, la Guinée Equatorial, etc.
Ibrahim M.GUEYE