La mort a frappé, le mercredi 11 mai, un valeureux officier du Mali, le colonel Salif Baba Daou, laissant derrière lui une veuve inconsolable et quatre enfants dont un lieutenant de l’armée.
En effet, c’est sur le tronçon Gossi - Hombori que ce vaillant officier a été victime d’une embuscade après que son véhicule, le deuxième d’un convoi de trois voitures eut sauté sur une mine. Il en est sorti indemne et subitement deux motos s’immobilisent pour tirer sur lui à bout portant. Il s’écroule pour ne plus se relever.
Le corps sera ramené à Gao. Le même jour, sa famille est informée par l’armée de l’air qui lui demande de désigner dix membres de la famille pour participer aux obsèques dans la cité des Askias. Le lendemain, on revient voir la famille pour lui demander de réduire la délégation à huit pour le vendredi. Ce jour-là, à 6h du matin, ils étaient tous à l’aéroport international Modibo Keïta de Bamako Sénou pour embarquer. Q
uelque temps après, on revient leur dire que la famille n’a que deux places : sa femme et son fils, un lieutenant de 25 ans. C’est avec amertume et le cœur serré que les autres sont retournés en ville. A midi, on annonce à ces deux personnes que les conditions météorologiques sont mauvaises et que le vol est annulé. Elles regagnent leur domicile à Kati Sananfara.
Seulement voilà : à 14h, on informe la famille que le colonel Daou vient d’être enterré à Gao. Ce fut la colère, l’indignation, les pleurs de la famille. On dirait que sa mort venait d’être annoncée tellement les uns et les autres se sont affolés. En la circonstance, les autorités militaires, en première ligne le ministre de la Défense et des anciens combattants, sont pointées du doigt, accusés de tous les pêchés d’Israël.
Les membres de la famille du défunt ne comprennent pas comment un officier, supérieur mort à la tâche, puisse être enterré sans aucun proche parent. Pour la petite histoire, la famille voulait même emprunter les cars pour participer aux obsèques. On avait promis aux parents de les transporter à Gao. La promesse n’a pas été tenue.
Ce qui a fait dire à un membre de la famille, très en colère : « le colonel a été enterré comme un chien. Nous ne pardonnerons pas cette attitude du ministère de la Défense. Il s’est battu pour le Mali. Il était un officier de terrain et non de bureau. C’est comme cela que le Mali le récompense et paye sa famille. Sa maman ne comprend toujours pas pourquoi à partir de Gao, on ne peut pas transporter le corps à Bamako. Le corps c’est pour la famille, que son âme repose en paix !».
Hier dimanche, une lecture du Coran et une cérémonie de sacrifice ont été organisées par la famille au domicile du défunt, à Kati Sananfara.
En tout cas, aucune réglementation militaire n’interdit de ramener le corps en famille quand cela est possible, nous a confié un haut gradé de l’armée. C’est bien le cas de la dépouille du colonel Daou parce que les avions de la MINUSMA et de Barkhane font la navette, tous les jours, entre Gao et Bamako.
Rappelons que cet officier, né en août 1971, est passé par l’Ecole catholique de Ségou, avant d’être admis au Prytanée militaire où il avait décroché son bac pour entrer à l’EMIA. Depuis sa sortie, il n’avait cessé de multiplier les formations au Canada, aux USA et dans d’autres pays.
Homme de terrain, le Colonel Daou avait plusieurs fois fait le nord, notamment Tessalit. Il y était retourné comme Commandant en chef adjoint de la région militaire de Gao. Quelques heures avant sa mort, il avait échangé avec des responsables de la CMA sur le processus du DDR.
Dors en paix mon colonel ! Que la terre te soit légère ! Que ton âme repose en paix ! Amen !
Chahana Takiou