Une rencontre de la Cellule régionale d’analyse (Cra) du Cadre harmonisé d’analyse et d’identification des zones à risque et des populations vulnérables, tenus du 2 au 6 avril 2012 à Niamey, fait part d’une insécurité alimentaire critique dans une grande partie de la bande sahélienne notamment au nord du Mali, en Mauritanie et au Tchad. Il ressort de cette rencontre que les crises sécuritaires du Mali et du Nigeria perturbent les marchés de la sous-région.
Selon la Cra, trois pays de l’Afrique de l’Ouest font face à une situation alimentaire critique. Il s’agit de la Mauritanie, du Mali et du Tchad où se combinent des facteurs négatifs d’ordre naturel et sociopolitique. La Cellule a fait noter une baisse de la production des ressources céréalière dans ces pays : 34 % en Mauritanie, 50 % au Tchad, près de 50 % dans les régions Nord du Mali.
D’autre part, a enregistré la Cra, ces pays sont confrontés à une hausse drastique des prix jusqu’à 100 % dans les Hodh en Mauritanie pour les céréales sèches, 30 % dans le Sahel tchadien, plus de 45 % dans la plupart des régions du Mali. Elle a fait remarquer que ces pays présentent aussi des taux de malnutrition aiguë très élevés, au-dessus de 15 % : Sahel tchadien, Ségou, Tombouctou, Kidal, zone agricole de la Mauritanie.
La Cra a constaté que la contre-saison a, par ailleurs, été contrastée à cause de la faiblesse des eaux de surface en Mauritanie, sols avec faibles stocks en eau pour les cultures de décrue au Tchad. La Cellule s’est félicitée de la réussite d’un programme pomme de terre à Ségou. « Les crises sécuritaires du Mali et du Nigeria qui perturbent les marchés, les axes de transhumance, ont déplacé des centaines de milliers de personnes. Des phases de famine localisée ne sont pas à exclure dans le moyen terme pour le Nord du Mali si la situation d’insécurité perdure », a alerté la Cra, ajoutant que la situation du Nord du Mali est très incertaine.
« L’excédent malien est sans doute moins fort que prévu et il y a une déstabilisation des marchés au Mali avec la crise militaro-politique. Cependant, ces flux ne pourront sans doute pas perdurer en période de soudure (3e trimestre), car les surplus de maïs des pays côtiers étaient faibles cette année si on les compare au déficit brut de la zone CILSS qui est de 2 300 000 tonnes ».
La projection pour juin 2012, réalisée par la Cellule, prévoit une dégradation de la situation dans les zones frontalières entre la Mauritanie et le Mali et dans le Sahel tchadien où les stocks de céréales seront complètement épuisés.
