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Crise du nord : Des racines plus mafieuses
Publié le lundi 16 mai 2016  |  Le Débat
Carte
© Autre presse
Carte du mali
Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) et de l`Union africaine




À la lumière de ce que j’observe sur la crise sécuritaire au Mali, il y’a lieu de se poser des questions fondamentales et inquiétantes. Qui a intérêt à prolonger la crise malienne ?

Ce ne sont pas certainement les seuls groupes armés qui ont intérêt à semer la pagaille dans le nord du Mali. Notre crise semble avoir des racines économiques puissantes. Il s’est développé au nord du Mali une économie souterraine mafieuse basée sur toutes sortes de trafics, d’êtres humains (otages) d’armes et surtout de drogue. Derrière les discours religieux et indépendantistes se déroule une bataille féroce pour le contrôle des réseaux et des routes de la drogue. Bien d’individus en tirent des bénéfices tant au sein de notre armée nationale, de l’appareil de l’Etat que de la classe politique aussi bien dans notre pays que dans certains pays voisins comme le Burkina Faso, le Niger et l’Algérie. L’argent de la drogue est devenu un enjeu économique et financier mondial plus que le jihadisme ou les attaques terroristes qui n’en sont que le vernis.



Tout le monde fait malheureusement semblant d’ignorer cette triste réalité, une gangrène. Parce que le trafic de drogue alimente en partie le système financier international au vu et au su de tous. Si nous ne prenons garde, l’argent de la drogue déstabilisera notre pays, surtout quand les animateurs se cachent au cœur même de nos institutions républicaines. Ça fait froid dans le dos, mais dans nos institutions, nous collaborons quotidiennement avec les bailleurs de notre crise sécuritaire. Ils sont au gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Conseil des Collectivités, à la présidence de la République, partout et à des postes stratégiques. Ils ont parfois aux avant-postes quand il s’agit de négocier des accords pour la paix et la réconciliation; ils sont très actifs quand il s’agit d’appliquer les accords alors qu’ils n’y croient pas et profitent pour faire prospérer leur business. L’insécurité résiduelle dans le nord du Mali nourrit trop de personnalités à Bamako et dans d’autres capitales voisines et occidentales. Et tant pis pour les victimes humaines qui sont comptabilisées sous forme de pertes et de profits. Avouons que les principaux bénéficiaires ne sont pas seulement les éléments de la CMA ou de la plateforme. Car ils ne sont ni séparatistes, ni rebelles mais des faire-valoir à des intérêts faramineux dont les commanditaires sont connus de tous. N’est-il pas temps que nous arrêtons l’hypocrisie pour extirper de nos institutions ces cadres malhonnêtes et apatrides et les livrer à la justice ? Advienne que pourra. On ne meurt, en tout cas qu’une seule fois. “I sirana wo, ina saa, i ma Siran wo, ina saa.” (La peur n’empêche pas la mort). Il est aussi vrai que ces individus se recrutent aussi dans nos appareils sécuritaires, surtout nos services de renseignements généraux, dans la classe politique dans les milieux d’affaires (opérateurs économiques).

Vous conviendrez avec moi au regard de tout ce qui précède que le conflit qui nous est imposé par la mafia nationale et internationale au nord du pays par procuration risque de perdurer. Ils nous parlent de religion, de marginalisation. Que nenni ! C’est un business macabre. Alors qu’il nous faut absolument en sortir. Sans état d’âme avec force dénonciations.

Honorable Yaya Sangaré

Député à l’Assemblée nationale du Mali
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