Décidément les deux grands mastodontes de la CMP que sont le RPM et l’ADEMA-PASJ ne se regardent plus qu’en chiens de faïence. Ils ne ratent aucune occasion pour se tacler alors qu’ils se réclament tous de la Majorité et disent soutenir les actions du Président de la République. Tantôt c’est le secrétaire général des tisserands qui affirme qu’aucun parti ne fera élire le Président IBK pour son second mandat, tantôt c’est le président de l’ADEMA- Pasj qui affirme que son parti n’acceptera plus qu’on se joue de lui au sein de la majorité. Cette guerre larvée entre l’ADEMA et le RPM n’aura-t-elle pas de conséquences sur la stabilité du régime? L’ADEMA-PASJ, l’un des piliers du Front anti putsch a-t-il compris le vote sanction du peuple en 2013 contre lui ? Finira-t-il par claquer la porte de la Majorité si les discriminations et autres intimidations continuaient ?
Le RPM et l’ADEMA-PASJ sont aujourd’hui les deux coépouses d’un même mari. Ils cohabitent, mais ne s’aiment pas. Le fossé ne fait que se creuser davantage et le Président de la République qui est censé être le trait d’union, contribue à radicaliser les positions de deux rivaux qui se regardent désormais en ennemis jurés. L’attitude du Président vis-à-vis de l’ADEMA explique en grande partie le comportement des caciques du RPM envers cette formation. A titre d’exemples, IBK n’a jamais consulté l’ADEMA pour composer ses gouvernements. Les hommes qui ont été choisis l’ont été plus sur la base de leur soutien à sa candidature que sur leur militantisme avéré. Face à un pays en péril, le président IBK n’a jamais daigné demander l’avis de l’ADEMA qui a une grande expérience pour avoir géré le pays pendant 20 ans. Donc le comportement des cadres du RPM à l’égard de ceux de l’ADEMA est la résultante du mépris souverain que le Président de la République, IBK a vis-à-vis de tous ceux qui ont collaboré avec l’ancien Président de la République ATT. L’ADEMA n’a pas à se plaindre car sa place semble être plus dans l’Opposition que dans la Majorité. Mais comme à l’image de certains de ses caciques comme Ag Oumarou, qui dit ne pas avoir le mot « Opposition » dans son lexique, l’ADEMA est alors un parti « pouvoiriste » prêt à tout accepter. Il n’y a jamais eu de cohérence entre les discours tenus et les actes posés. On dénonce seulement sans agir. Deux exemples illustrent bien cette attitude. L’ordre d’arrivée au second tour des élections législatives à Nara avait été falsifié au vu et au su de tout le monde, et l’ADEMA, à travers ses premiers responsables avait bombé ses muscles pour dire « plus jamais ça ». La suite est connue, aux élections partielles d’Ansongo, le RPM avait taillé à sa mesure les résultats du premier tour en éliminant son allié-rival l’ADEMA alors que l’ordre d’arrivée normal le classerait 3e après l’URD et l’ADEMA d’après les résultats compilés par les partis sur le terrain. On se rappelle que le discours de l’ADEMA en la circonstance avait été martial. Le parti en avait même saisi la Cour Constitutionnelle aux fins d’annulation des résultats. Débouter de sa requête, l’ADEMA-PASJ avait fini à la surprise générale par appeler à voter pour le candidat du RPM au second tour.
En définitive, les conséquences de toutes ces incohérences politiques citées plus haut font que, de plus en plus, la base ne respecte plus les consignes du sommet. Et un sondage informel en dit long sur la position des militants ADEMA dont la majorité semble souhaiter la descente du parti dans l’Opposition. A ce rythme ce grand parti risque de perdre son aura d’antan et toute sa popularité.
Youssouf Sissoko
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