Inscrit à l’ordre du jour d’hier lundi 16 mai 2016 pour y être jugé à la cour d’assises de Bamako conformément à la loi, l’affaire concernant ministère public contre Adama Traoré et Hamadoun Boré inculpés de faux et usage de faux, abus de confiance et complicité n’a pu être jugé par la cour. Et pour cause, ce litige qui a fait les grosses manchettes des journaux maliens manque de pièces capitales pour être vidé par les juges. Parmi ces pièces, figurent les rapports d’expertise mentale des inculpés qui ne sont pas versés au dossier. A cela, s’ajoute également des exceptions soulevées par les avocats. Toute chose qui a poussé les membres de la cour à renvoyer l’affaire à la prochaine session prévue d’ici la fin de l’année 2016. Cet état de fait a provoqué le courroux du secrétaire général du Syndicat National des Banques et Etablissement Financiers du Mali (SYNABEF), Aguibou Bouaré qui a déploré le renvoi de l’affaire.
Hier, l’affaire Hamadoun Boré de la Banque Internationale pour le Commerce et d'Industrie du Mali (BICIM) contre Cissé Technologie a été renvoyée à la prochaine session ordinaire de la cour d’assises.
Cela, du fait que le rapport d’expertise mentale des inculpés manque au dossier pour y être jugé. Il ressort de l’arrêt de renvoi devant la cour d’assisses que courant l'année 2013, Mohamed Cissé, directeur général de la Société « CISSE Technologie », recruta Adama Traoré qui jouait le rôle de comptable au sein de ladite société. A ce titre, il détenait les chèques et assurait entre autres, les opérations bancaires pour le compte de ladite société. Une vérification des opérations bancaires au niveau de la BICIM amena Mohamed Cissé à porter un soupçon de détournement de fonds sur son comptable avant de prendre attache avec le gestionnaire de son compte au niveau de ladite banque, en l'occurrence Hamadoun Boré pour un renforcement du contrôle notamment la confirmation des paiements sur présentation de chèque par Adama Traoré.
Les soupçons se renforcèrent avec une tentative d'encaissement d'un chèque de 16 millions de FCFA, lequel encaissement a été avorté lorsque Hamadoun Boré tenta d'avoir la confirmation avec Mohamed Cissé. Face à cette situation, Mohamed Cissé mena des investigations plus poussées qui lui permirent de savoir qu'il était victime de détournement de fonds de la part du comptable Adama Traoré, avec une facilité jetant le doute sur la banque, dont il estima le préjudice à 200.000.000 de FCFA, avant de porter plainte contre le comptable au Commissariat de Police du 11ème Arrondissement. Interpellé, Adama Traoré reconnut avoir soutiré à ladite société, à travers des opérations bancaires dont il était chargé, 27 millions de FCFA qu'il utilisa à des fins personnelles.
Alors que le comptable Adama Traoré était poursuivi et inculpé pour faux, d'usage de faux et abus de confiance, au terme de l'enquête préliminaire, l'information judiciaire permit rapidement de déceler, à l'encontre de Hamadoun Boré, des indices de complicité des faits qui lui sont reprochés. Ce qui aboutit à l'inculpation d'Hamadoun Boré pour faits de complicité de faux d'usage de faux et abus de confiance, stipule l’arrêt de renvoie. Cet arrêt volumineux, indique que ces faits sont prévus et punis par les articles 102, 103,104, 282 et 24 du code pénal et peuvent donner lieu à l’application de peines criminelles et délictuelles.
Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat National des Banques et Etablissement Financiers du Mali (SYNABEF), contacté par nos soins, Aguibou Bouaré a déploré le renvoi de l’affaire à la prochaine session. Avant d’ajouter que cela permet à tout le monde de se faire une idée à l’état « déplorable » de la justice malienne. Comment une pièce capitale peut manquer au dossier que le juge d’instruction ne s’en rend pas compte ? s’est-il interrogé. Nous avons toujours lutté contre l’insécurité judiciaire et l’histoire nous donne raison, a-t-il dit. Toutefois, le syndicaliste Aguibou Bouaré persiste et signe que leur camarade Hamadoun Boré est innocent dans cette affaire.
Aguibou Sogodogo