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Spéculation et conflits fonciers: la mandé réclame un cadastre foncier
Publié le mardi 17 mai 2016  |  Info Matin
Réconciliation
© aBamako.com par Dia
Réconciliation Nationale du Mali: Clôture des Assises Nationales sur le Nord
Bamako, le 03 Novembre 2013 au CICB. Les Assises Nationales sur le Nord ont pris fin cet après midi. La cérémonie de clôture a été présidée par Mohamed Ali Bathily, Ministre de la justice, garde des sceaux du Mali. Photo: Mohamed Ali Bathily, Ministre de la justice, garde des sceaux du Mali




Pour faire face avec efficacité à la spéculation foncière à outrance en cours dans notre pays et préserver la paix sociale entre les communautés, le Mandé réclame un cadastre foncier digne de nos préoccupations. C’est du moins, l’avis du secrétaire général de l’Association ‘’Djon ko Allah’’ lors d’un meeting organisé, samedi dernier, à Kangaba, auquel le ministre des Domaines et des affaires foncières, Mohamed Ali Bathily, était l’invité vedette. Il a surtout été question au cours de ce meeting de l’indemnisation des victimes d’expropriation lors de la construction de la route Bamako-Kangaba et des nombreux cas de spéculations et conflits fonciers dans la localité.
Le président des Associations pour le Mali (APM), Mohamed Ali Bathily non moins ministre des Domaines et des affaires foncières était, samedi dernier, dans le Mandé. L’objectif de cette visite était de rencontrer les militants, d’échanger avec eux sur leurs préoccupations afin de dégager des perspectives pour un avenir paisible et radieux dans la localité.
Étaient de la rencontre, les responsables des APM, de l’Association ‘‘Djon Ko Allah’’, les représentants des chefs de village des localités concernées… De Samaya, à l’entrée du Mandé, Katibougou, Samayana, Bancomana, Nakilibougou, Kénieroba, le ministre président des APM a eu droit à des accueils des grands jours avant le grand meeting à Kangaba.
Un cadastre foncier à 30 milliards de francs CFA est bien possible
Le secrétaire général de l’Association ‘’Djon Ko Allah’’ a rappelé au ministre, la longue attente des victimes d’expropriation foncière pour cause d’utilité publique pour leur indemnisation.
« Cela fait sept ans que ces victimes attendent d’être indemnisées sans succès. Et pourtant, il s’agit d’une promesse de l’État lui-même », a-t-il rappelé. Il a invité le gouvernement à honorer ses engagements au plus vite possible, car l’État, qui a pour mission de protéger les populations, de lutter contre la pauvreté, ne peut en aucun cas contribuer à leur paupérisation.
Parlant des spéculations foncières, Seydou Fodé Diawara a exprimé au ministre le souhait des Mandéka de voir réaliser un cadastre foncier le plus rapidement possible. «Pour que n’importe quel Malien qui veut s’octroyer une parcelle sache, au même titre que les autorités, son statut et sa position avant acquisition. Le coût de cet outil ne saurait en aucun cas être un handicap à sa réalisation, au regard de son importance dans la préservation de la paix sociale dans notre pays», a-t-il soutenu. Selon lui, si le gouvernement octroyait, en titre foncier, 300 hectares, à Kati, au ministère des Domaines, lotis et vendus, l’argent de ces parcelles peut permettre de financer largement le cadastre foncier souhaité, dans notre pays.

Wanafa Doumbia du village de Kouroussalé a déploré le bradage des ressources foncières de son village par des spéculateurs, sans scrupule, une situation face à laquelle, le ministre a été fortement interpelé, car il s’agit de pratiques qui mettent en danger la cohabitation pacifique entre les habitants d’une même communauté.
La présidente des femmes, Minata Kouyaté a salué et remercié le ministre des Domaines et des affaires foncières, depuis son arrivée à la tête de ce département. Toute chose qui a permis de démystifier beaucoup de comportements au sein de notre administration et même dans les relations entre gouvernants et gouvernés, dans notre pays.
Retour à nos valeurs
À Samaya, Dramane Koné a révélé l’accaparement et sa transformation en titre foncier de 11 hectares (des titres obtenus il y a 3 mois), malgré la suspension en cours.

À ces préoccupations s’ajoutent de nombreux cas d’expropriations de parcelles à usage d’habitation dans la ville de Kangaba par des autorités locales, nourrissant une situation de haine entre des frères et compromettant la cohabitation et le bon vivre ensemble.
À son tour, le ministre a rassuré que l’objet de sa présence dans cette cité légendaire de notre pays qui a vu l’élaboration d’une Charte entre les peuples, depuis le 13e siècle est pleine de signification.

« L’objet de ma présence ici est un acte d’assurance et de rassurance. Je suis porteur d’un message de paix, de sécurité et de quiétude aux populations. Au nom du Président de la République, IBK, je suis venu vous dire, le pays et particulièrement son Président, se préoccupe du sort de tous les fils du Mali où qu’ils se trouvent. Je suis là auprès de vous pour vous écouter et recueillir vos préoccupations afin de trouver ensemble, dans la mesure du possible, les solutions idoines », s’est adressé le ministre Bathily à une assistance déterminée à l’attendre malgré un soleil accablant et la chaleur torride.
Le ministre a tenu d’abord à leur expliquer qu’il ne saurait y avoir de pays, de nation, d’État sans lois. Toute personne qui ne respecte pas ces textes s’est extraite elle-même de la République.

« Le non-respect des lois de la République par les citoyens conduit inéluctablement à la dérive et à la violence », a-t-il mis en garde.
Défi à l’autorité de l’État ?
Selon le ministre, la plus grande difficulté dans ce pays est que les gens ne veulent plus la vérité. C’est ainsi que les faibles sont toujours dépouillés au profit des riches, la vérité est ainsi dite en fonction de la tête du client, dans certains tribunaux. Tant que nous continuerons sur cette voie, le ministre pense qu’il sera difficile, sinon impossible de bâtir le Mali de nos rêves à tous.

Au Mandé, le ministre croit comprendre le problème qui pourrit l’atmosphère entre les communautés. Il les a invitées à revenir sur les valeurs fondamentales du Mandé des Soundiata.

« Si les choses ne marchent plus dans cette cité légendaire comme avant, interrogez-vous entre vous. Si des spéculateurs vous rendent la vie impossible aujourd’hui, c’est qu’ils ont trouvé des complices parmi vous. Ils ont ouvert vos portes aux spéculateurs, aux voleurs, ils sont prêts également à faire de faux témoignages devant les tribunaux pour vous confondre. Revenez aux fondamentaux de votre communauté, interrogez-vous et débusquez vos spéculateurs et vos voleurs, dénoncez-les pour la paix et la quiétude entre vous, chez vous et dans notre pays tout entier.
Le Président de la République a dit à qui veut l’entendre : «personne n’est au-dessus de la loi» et il en sera ainsi. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous évertuons, depuis 2013 pour l’instauration d’un véritable État de droit dans notre pays », a expliqué le ministre à un public très enthousiaste de l’entendre.

Aux populations de Samaya, Samanyana, Kénieroba et autres localités touchées par la spéculation et des conflits fonciers, le ministre a promis qu’il fera le déplacement chez elles pour constater avec ses techniciens la situation.

Pour le cas de Samaya précisément où le maire est accusé d’avoir créé des titres fonciers, il y a trois mois, le ministre a indiqué qu’il était pressé de vérifier comment un élu communal puisse être aussi puissant pour défier le Conseil des ministres de sa République en s’arrogeant d’un titre foncier sur le patrimoine public en pleine période de suspension des attributions.

Par Sidi Dao
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