L’Union pour la République et la démocratie (Urd), principal parti de l’opposition parlementaire, dont est membre l’Honorable Soumaïla Cissé, a fait un communiqué. Le Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti présidentiel, a, dans une déclaration signée de son Secrétaire général, Bocary Tréta, «exigé des explications claires» du principal mis en cause dans l’affaire. La réplique de l’Urd n’a pas tardée. Elle se veut on ne peut plus cinglante pour le Rpm et son Secrétaire général. La presse locale, les médias et les réseaux sociaux sont rentrés dans la danse jusqu’à ce que l’Honorable Soumaïla Cissé, depuis Johannesburg où il séjournait dans le cadre de ses activités parlementaires, s’est senti obligé d’intervenir en exerçant son droit de réponse adressé au Directeur de publication de «l’Observateur», dans l’espoir certainement que cette réaction suffirait à satisfaire les uns et les autres et calmer les ardeurs autour d’un «problème» qui ne devrait vraisemblablement pas en être un. Peine perdue.
Car, malgré tout, la polémique est loin de s’estomper. À quelles fins ? Le débat fait rage entre les partisans des deux tendances par réseaux sociaux interposés. Pour mémoire, faut-il rappeler que le journal "l’Observateur", un quotidien sénégalais, dans sa parution du 2 mai 2016, mettait nommément en cause notre compatriote Soumaïla Cissé dans la gestion des fonds destinés à financer un programme de forages dans les pays membres de l’Uemoa, notamment au Sénégal, lorsqu’il assurait les fonctions de président de la commission de l’institution communautaire. L’information a été naturellement reprise depuis lors par d’autres médias et presse nationaux.
Le parti Union pour la République et la démocratie (URD), dont notre compatriote est aujourd’hui le président, a publié un communiqué pour dénoncer et condamner ce qu’il n’a pas manqué de qualifier «d’acharnement, voire de diffamation de la part du journal sénégalais à l’endroit de Soumaïla Cissé depuis déjà plusieurs années».
Malheureusement, ce communiqué signé du secrétaire à la communication du parti de la poignée, qui avait tout l’air d’être inapproprié et précipité pour éteindre «l’incendie» au plus pressé, a produit l’effet contraire en amplifiant davantage la polémique. Face au tollé provoqué par la nouvelle dans l’opinion nationale, l’Honorable Soumaïla Cissé, qui est en même temps Chef de file de l’opposition politique au Mali, a produit «un mémoire en défense» à travers un droit de réponse adressé à la direction du journal à l’origine de l’information taxée de «calomnieuse et diffamatoire».
Néanmoins, l’affaire continue à toujours défrayer la chronique et à faire le chou gras de la presse, à enflammer de plus bel les réseaux sociaux. Ainsi, de l’avis de certains internautes, la réponse de l’Honorable Soumaïla Cissé n’est pas suffisante en ce sens qu’elle n’apporterait pas toute la clarification nécessaire quant à son «innocence avérée» dans une affaire «qui porte atteinte à l’image et à la crédibilité» de notre pays. Pour d’autres, «la réponse de l’honorable Soumaïla Cissé est on ne peut plus claire». Car, elle comporte «tous les éléments susceptibles d’édifier non seulement l’opinion», mais aussi de fonder «l’ignorance et ou la mauvaise foi manifeste» des auteurs à l’origine de cette information dont ce n’est pas la première diffusion. Certains vont jusqu’à inviter l’ancien président de la Commission de l’Uemoa à intenter un procès en justice contre le journal «l’Observateur», s’il s’estime diffamé dans l’article en question.
Sans forcément vouloir prendre parti dans cette guéguerre entre «partisans» et «adversaires» du président de l’Urd, il y a lieu de s’interroger sur ce qui peut paraître comme des «zones d’ombre» que l’analyse de l’affaire impose. En effet, pourquoi depuis 2012 où l’information faisant état de «malversations ou de détournements de fonds destinés à la réalisation de 300 forages au Sénégal au compte de l’Uemoa», avait déjà fuité dans la presse, ni l’Uemoa, ni le Sénégal, encore moins une quelconque organisation de la société civile du Sénégal ou de l’espace communautaire, n’a daigné entreprendre d’action concrète visant à rétablir la réalité des faits ? Etant donné qu’il s’agit d’accusation assez grave portant notamment sur des fonds destinés à l’amélioration des conditions de vie des populations, pourquoi depuis presque 4 à 5 ans, personne n’a voulu «faire» toute la lumière sur cette affaire ?
On nous apprend certes, que c’est sur la base des conclusions d’un audit «commandité par l’actuel président de la Commission de l’Uemoa», que «la France aurait bloqué le transfert d’une somme de 27 milliards de FCFA de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vers un compte logé à Ecobank et que Soumaïla Cissé serait le principal destinataire final de ce transfert. Mais quel lien peut-on raisonnablement établir entre cette procédure visant cet éventuel transfert de fonds et le programme hydraulique villageoise (PHV) de l’Uemoa dont le montant pour le Sénégal ne dépassait pas 2,7 milliards de FCFA ? Pourquoi aussi jusque-là ni l’Uemoa, ni le Sénégal n’a émis la moindre réserve quant à une prétendue mauvaise gestion de notre compatriote pendant qu’il était président de la Commission de l’institution communautaire ?
Autant de questions que la suite probable d’une affaire qui n’est visiblement pas prête de s’estomper, permettra d’édifier davantage l’opinion publique, nonobstant la guéguerre qui semble s’installer à présent au sein de la classe politique, notamment entre certains partis de l’opposition (Urd, Parena) et le parti majoritaire (Rpm). En attendant la polémique s’enfle. Pourvu qu’elle serve à faire éclater la vérité, toute la vérité et rien que la vérité !
B.N. SIDIBE