WASHINGTON - Les forces françaises au Mali ont progressé de façon spectaculaire face aux groupes islamistes armés, a estimé vendredi le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta, mais le défi à venir - s`assurer que les pays africains puissent prendre le relais - est immense.
"Elles (les forces françaises) ont progressé de façon spectaculaire. Je
salue leur travail. Elles ont progressé beaucoup plus vite que ce que nous
avions anticipé", a déclaré M. Panetta lors d`un entretien à l`AFP, trois
semaines après le lancement de l`opération militaire française.
M. Panetta, qui s`apprête à quitter la vie publique après avoir
successivement dirigé la CIA (2009-2011) puis le Pentagone (depuis juillet
2011), estime que, à l`image de ce qui se passe en Afghanistan, la difficulté
centrale réside dans la façon dont les forces quitteront le pays.
"Dans la plupart des conflits dans lesquels vous vous engagez, le défi
auquel vous faites face n`est pas seulement +comment mener à bien la mission
que vous vous êtes fixée+, mais aussi +comment vous retirer du conflit+",
souligne-t-il.
"Nous avons été confrontés à cela en Irak, en Afghanistan et les Français
vont maintenant y être confrontés au Mali. La clé est de le faire de telle
façon que le pays dans lequel vous vous trouvez soit, in fine, en position de
prendre en charge la sécurité", explique-t-il.
"C`est la clé en Afghanistan et ce sera la clé au Mali (...). Et cela va
demander beaucoup de travail".
Le président français François Hollande doit se rendre samedi au Mali, où
il pourrait annoncer un début de désengagement français, alors que plus de
3.500 soldats sont déployés sur le terrain.
L`intervention française a débuté le 11 janvier, au lendemain d`une
offensive en direction du sud menée par les groupes islamistes armés liés à
Al-Qaïda qui occupaient le Nord depuis dix mois.
Les évènements se sont accélérés le week-end dernier avec la reprise de Gao
et Tombouctou et l`arrivée mardi soir de soldats français à l`aéroport de
Kidal, ville tenue par des rebelles touareg et des islamistes dissidents
s`affirmant "modérés".
"s`assurer qu`Aqmi soit non seulement affaibli mais vaincu"
"Les pays africains doivent prendre leurs responsabilités pour s`assurer
qu`un pays tel que le Mali ne devienne pas un refuge pour Al-Qaïda", souligne
le secrétaire américain à la Défense.
Interrogé sur le calendrier prévisible de déploiement d`une force
africaine, il reste cependant très prudent.
"Certains pays ont incontestablement des capacités plus importantes, c`est
le cas du Tchad et du Sénégal, mais il y a du travail pour fournir un
entraînement de qualité, indispensable pour qu`une force africaine d`une
nature ou d`une autre soit capable d`assurer la sécurité au Mali".
Interrogé sur les délais de mise en place de l`aide américaine à
l`opération française, qui ont suscité des interrogations, en particulier
concernant les ravitaillements en vol, M. Panetta a assuré qu`il n`y avait
jamais eu la moindre réserve des Etats-Unis sur ce dossier.
"Il n`y a jamais eu, d`aucune façon, une quelconque réticence ici (au
Pentagone, ndlr) ou à la Maison Blanche à aider les Français", a-t-il assuré.
"Sincèrement, Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) est l`ennemi des
Etats-Unis et nous pensons que les Français ont pris la bonne décision en
intervenant pour s`assurer qu`ils n`installent pas une base opérationnelle à
partir de laquelle ils pourraient attaquer l`Europe ou les Etats-Unis".
Dès le début de son intervention, Paris avait présenté plusieurs requêtes à
Washington afin de bénéficier d`un soutien logistique (avions C-17), mais
aussi d`une aide en matière de renseignement et de ravitaillement en vol.
"Nous faisons tout ce que nous pouvons, à travers l`Africom (Commandement
des forces armées américaines en Afrique), pour essayer de travailler avec les
pays de cette région afin de s`assurer qu`Aqmi soit non seulement affaibli
mais aussi, à terme, vaincu", a assuré M. Panetta.
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