Le Macina dans la région de Mopti, à ne pas confondre avec le cercle de Ké-Macina dans la région de Ségou, s'il est coutumier d'une certaine tension, est depuis peu assis sur un véritable volcan. Les autorités actuelles peuvent, l'irresponsabilité et l’inconséquence obligent, faire semblant de ne rien comprendre.
Le Macina est par le fait de la géographie au cœur du Mali. Or, jouer avec son cœur peut au mieux faire ralentir, au pire provoquer l’infarctus. Rarement dans la vie des nations, le hasard explique tout. Les récents événements tragiques ont fait des morts et pourtant nos plus hautes autorités ne semblent pas prendre la mesure des enjeux. Si des dirigeants de certaines associations se sont levés, la masse populaire n'a pas suivi.
La crise des Régions du Nord n'explique pas tout
Amadou Kouffa n'est pas du Macina. En réalité, son implantation, encore une fois, ne s'explique pas par la prééminence de la religion dans la zone. Ce sont les injustices, les frustrations et les aigreurs accumulées le long des décennies qui expliquent l'implantation de ses hommes et rien d'autres. Le terreau était fertile. Dans la zone du Macina, certes, à la bouche, tout le monde est musulman. Mais combien de nos cousins ou neveux, qui ont appris le coran par cœur, font leurs prières quotidiennes ? Très peu.
Les mesures à prendre
Il est temps de faire comprendre à ces multiples associations peulhs de s'unir, d'oublier ces guerres de gagne-pain, de fierté mal placée, afin de promouvoir, et dans le Macina profond et dans le grand Macina, la paix dans la justice. Combattre les cadres véreux.
Chaque groupe de peuplement a ses spécificités. Les peulhs de cette partie du Mali détestent le «yawaré» qui pourrait être traduit par le fait d’être minimisé. Pour une banale histoire de «yawaré», un conflit peut perdurer 50 (cinquante ans). C'est triste, mais c'est cela aussi le Macina. Notre Macina. Il est temps de traiter nos problèmes à la racine.
Accroître la présence de l’État
Il est impératif après avoir doté Dioura d'au moins 350 éléments de l'armée, de doter Sossobé, Toguéré, Djondjori et Diafarabé d'au moins un peloton de 50 gardes. Tout individu qui sait juste conduire une moto peut du matin 5 h au soir 17 heures quitter Tenenkou pour Bamako, sans se faire contrôler. C'est ahurissant.
La sanction des débordements
Il est temps et nous ne faisons qu'alerter d'imposer aux agents publics locaux des comportements dignes. Vouloir coûte que coûte, s'enrichir sur le dos des populations le plus vite possible, laisse des traces.
Faire attention
Le problème dans le Macina actuel ne concerne pas seulement les relations peulhs/bambaras, mais de latentes tensions entre les différentes communautés elles-mêmes.
Enfin
La seule issue paisible pour le Mali et pour le Macina, c'est de traiter le plus rapidement et le plus honnêtement possible, les différents problèmes. L'ancien juge aujourd'hui Végal Touré, qui a une certaine expérience, des comportements dans ces zones doit sortir de sa réserve et faire partager son vécu. Le juge Touré doit se souvenir de ce vieux patriarche qui lui lançait, il y a plus de trois décennies ceci : «juju sa yo pi, mi yo pa ta, so Noulado yo pi mi yo pa ta. So Allah yo pi mi yo pa ta». Traduction : «Monsieur le juge, si vous laissez cette affaire, moi je ne la laisserai pas. Si le prophète de l'islam la laisse, moi je ne la laisserai pas. Si Allah la laisse, moi je ne la laisserai pas». Avec des mentalités pareilles, aujourd'hui avec la circulation des armes, seule une saine et juste distribution de la justice est gage de stabilité. De grâce, hautes autorités du pays, ne les minimisez pas. Éviter les «yawaré». Par Allah, si tu abandonnes tes proches, Dieu, lui abandonnera tes plus proches.
Le drame du Mali, c'est qu'IBK se soucie de sa résidence, de la résidence de sa belle-famille et celle de la belle-famille de son héritier Karim. Le Macina, lui, attendra.
Boubacar SOW
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