Grand artisan de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, l’actuel Premier ministre, Modibo Keïta milite pour sa mise en œuvre diligente. C’est pourquoi, selon son entourage, il demanderait à quitter la Primature pour se consacrer à l’accélération de la mise en œuvre dudit accord.
Désigné haut représentant du Chef de l’Etat aux pourparlers inclusifs inter-maliens à Alger, le Premier ministre Modibo Keïta a pu obtenir un accord jugé satisfaisant par la majorité des Maliens. A l’occasion de sa signature le 15 mai 2015, le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas manqué de magnifier le travail remarquable abattu par son ainé, Modibo Keïta. Travail ayant abouti à ce compromis.
Après cette prouesse, son arrivée à la Primature a été une bouffée d’oxygène pour le Président IBK. De par son expérience, sa compétence et son leadership, il a su insuffler une cohésion et une dynamique latente à l’équipe qu’il a composée. Ce qui aura permis de minimiser les différents scandales qui ont tant caractérisé les précédents gouvernements. En plus, seulement moins de trois mois après son arrivée à la tête du gouvernement, le principal challenge du Chef de l’Etat a pu trouver un début de résolution.
Il s’agit du retour de la paix et de la réconciliation nationale au Mali à travers la signature de l’accord portant le même nom, issu du processus d’Alger avec les groupes armés. A cette occasion, le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta a été on ne peut plus clair : «Je ne serai pas moi-même, si vous ne me permettez pas, ici et maintenant, de mettre en exergue le rôle joué de manière fabuleuse par mon aîné le Premier ministre Modibo Keita. Du jour où je lui ai confié la mission d’être mon Haut représentant dans le dialogue inclusif inter-maliens à ce jour, que de chemins parcourus, que de sacrifices, que de patiences . D’abord avec moi, Il en a fallu. Mon cher aîné, vous avez été d’une patience inouïe. Je vous en sais gré ici, solennellement. Vous m’avez fait éviter bien des erreurs que le tempérament aurait incliné à difficilement éviter. C’est tout cela qui fait le bonheur de cette journée».
Mais, aujourd’hui, force est de reconnaître que malgré les efforts déployés, la mise en œuvre dudit accord traine, une année après sa signature. Mise en œuvre sans laquelle, les activités gouvernementales atteindront difficilement les résultats escomptés. Fort de ce constat, affirment certaines indiscrétions, le Premier ministre Modibo Keïta aurait demandé au Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, de chercher un cadre valable pour le remplacer à la Primature. Nonobstant les inquiétudes du Chef de l’Etat qui ne souhaite pas le voir partir de si tôt, précisent nos interlocuteurs, Modibo Keïta insistera sur le bienfondé de sa démarche pour arriver à convaincre le locataire de Koulouba.
Inlassablement engagé à léguer un Mali Un et indivisible aux générations futures, Modibo Keïta n’envisage pas aller se coucher à la maison au motif de fatigue ou de son âge avancé, contrairement à certaines informations. Bien au contraire. De sources bien introduites, il a du mal à accepter la lenteur constatée dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Pour pallier les insuffisances enregistrées, le PM Keïta entend retourner à son poste d’avant signature de l’accord pour donner un coup d’accélérateur au processus. Car, explique-t-on, au regard de sa sagesse et de son expérience, les groupes armés ont beaucoup d’estimes pour lui. A ce titre, il veut être plus près des événements. D’où son engagement à se retirer de la tête du gouvernement pour se consacrer entièrement à cette question si cruciale pour notre nation. Alors, à la lumière des informations fournies par des sources proches de la Primature, sans risque de se tromper, on peut affirmer que le Mali est à la recherche d’un nouveau Premier ministre.
Faut-il le rappeler, la nomination de Modibo Keïta a été un choix d’expérience et de compétence. Car après les scandales d’ordre financier et de gouvernance qui ont caractérisé le gouvernement Mara, le président de la République n’avait plus droit à l’erreur. Pour donner un corps et un contenu à son slogan : «le Mali d’abord», il a donc joué la carte de l’assurance. Pour avoir occupé des postes de responsabilité dans les gouvernements du Général Moussa Traoré et d’Alpha Oumar Konaré, Modibo Keïta aura donc été nommé par le Président IBK, bien au-delà de toute considération politique. Ce choix a payé. Son arrivée à la tête du gouvernement a permis de restaurer et de consolider la confiance des partenaires techniques et financiers en notre pays. Aussi, son leadership a permis la construction d’une économie émergente, et la mise en œuvre d’une politique active de développement social au Mali. A cela s’ajoute l’amorce de la réconciliation nationale, gage du développement du pays. Un processus dont il entend désormais s’occuper exclusivement.
Qui sera le nouveau Premier ministre ?
Selon les mêmes sources, se fiant à la sagesse de son aîné Modibo KEÎTA, le président de la République, IBK lui aurait demandé de lui faire une proposition. C’est ainsi que le PM aurait proposé le Ministre Hamadou Konaté. Ce dernier étant de la famille présidentielle, le Chef de l’Etat opposerait quelques réticences. Car, malgré les compétences de ce dernier, sa nomination pourrait donner lieu à des interprétations négatives.
Soumeylou Boubèye Maïga ? Pas si sûr, expliquent d’autres sources. Car, ce dernier, nonobstant son soutien à IBK dès les premières heures du second tour de la présidentielle de 2013, n’est pas membre du parti présidentielle RPM. En plus, il est jugé être un personnage complexe pour pouvoir occuper ce poste en ces temps d’incertitude. En tout cas, apprend-t-on, le Chef de l’Etat est en pleine réflexion pour trouver un remplaçant à Modibo Keïta.
Oumar KONATE