La création de la plateforme avait suscité beaucoup d’espoir chez le peuple malien qui garde encore en mémoire le revers le militaire de Kidal qui remonte à mai 2014. Mais déjà des divergences apparaissent entre les unionistes pour des questions d’intérêt. Ce qui inquiète le Malien lambda c’est les récents combats qui ont opposé le Gandaiso pourtant membre de la plateforme aux combattants du Gatia. Certains se demandent déjà si le Gatia ne veut pas faire cause commune avec la CMA.
La flamme que l’accord de paix a suscitée n’est pas loin de s’éteindre du moins si l’on tient compte des récentes informations en provenance du nord. L’union sacrée qui a prévalu au sein de la plateforme pour que les partisans de l’unité nationale pèsent dans les pourparlers inter-malien d’Alger ne risquent-il pas d’être envoyé par le fond ?
La question mérite d’être posée car c’est quand il s’agit de partager le butin qu’on assiste à la naissance de factions rivales au sein d’un même groupe armé.
Depuis samedi entre le Gatia et le Gandaiso c’est ne plus le parfait amour. En effet des violents combats ont opposé la milice Songhaï à la milice Imghad. Pour le Gandaiso, le Gatia veut se tailler la part du lion par rapport au nombre de combattants à cantonner dans le cadre du programme DDR. Contrairement à la CMA qui a présenté une liste de 9000 combattants, la plateforme à cause des divergences internes n’a toujours pas présenté une quelconque liste. Mieux l’autre paume de discorde entre les deux groupes membres de la plateforme réside dans la mise en place des autorités intérimaires. C’est justement à ce niveau que la CMA et le Gatia risquent de se retrouver. Apparemment le Gatia a obtenu satisfaction car un de ses fiefs Menaka a été érigé en région. Dans ce revirement de situation c’est le gouvernement qui risque de se retrouver dans un traquenard.
Une éventuelle alliance Gatia CMA risque encore de compliquer encore plus les choses et cela va contraindre le Gandaiso à se contenter de ses fiefs traditionnels.
C’est le MNLA qui constitue l’aile dure de la CMA qui se frottera les mains car un éventuel ralliement du Gatia va compliquer la récupération de Kidal par l’armée malienne et va contraindre la communauté internationale à revoir sa copie par rapport au cantonnement des ex combattants des deux camps. Et s’agissant des patrouilles mixtes elles pourront connaitre des difficultés majeures. Les hommes qui conduiront ces patrouilles se verront plutôt en frères ennemis et les uns se méfieront des autres. Au delà de la lutte commune que ces frères devront mener contre l’insécurité entretenue par les groupes terroristes il doit y avoir un climat de confiance entre les combattants ce qui sera le déclic de la véritable réconciliation nationale qui permettra de cicatriser les plaies de la plus grave crise que le Mali a connu depuis son accession à l’indépendance.
Si le fragile cessez- le feu qui permet de maintenir une paix fragile vole en éclat, c’est tout le processus qui sera compromis et des millions de dollar iront en fumée.
Badou S. Koba