Le Mali est désormais à la croisée des chemins : la crise sociale est des plus graves, la crise sécuritaire de plus en plus préoccupante, la mal gouvernance dépassant tout entendement citoyen, la corruption à ciel ouvert. Le népotisme est érigé en règle dans les nominations. C’est face à cette succession de crises que certaines organisations de la société civile en l’occurrence la Centrale Syndicale des Travailleurs du Mali, les partis politiques de l’Opposition et « Nous pas bouger » des jeunes de Gao ont décidé de croiser le fer avec le gouvernement. Ils veulent tous que ça change, mais face à ce ras-le bol social, économique et sécuritaire, la majorité n’a eu d’autre solution que d’engager une altercation. Comment comprendre que l’Opposition et la Majorité puissent organiser le même jour et à Bamako deux manifestations, marche contre meeting ? N’y a-t-il pas une volonté manifeste de saboter la manif de l’Opposition par la Majorité ? Va- t- on assister à un affrontement entre les deux acteurs de la vie politique demain samedi ? La Majorité a-t-elle peur au point d’empêcher par tous les moyens la première marche pacifique de l’Opposition républicaine ? Pourquoi avoir voté une loi instituant un Chef de file de l’Opposition ? Voici un certain nombre de questions que certains observateurs de la scène politique se posent et à juste titre. Cette futile altercation ne fera qu’affaiblir davantage la classe politique malienne. Que la Majorité ne se trompe pas de combat. Son ennemi ne saurait être ni les jeunes de Gao qui ont battu le pavé pour dénoncer le traitement discriminatoire à leur égard, ni la CSTM qui a marché plusieurs fois pour dénoncer la mal gouvernance en vue de la satisfaction des points de revendication de ses militants, encore moins l’Opposition, qui pendant plus de deux ans s’est limité à la dénonciation, à l’appel à un changement de cap dans la gouvernance. L’ennemi de la Majorité ne pourrait être qu’elle-même. Si la CMP veut changer le Mali, elle dispose d’une très grande légitimité, elle a même les coudées franches pour opérer les changements attendus pour lesquels le peuple a élu IBK. La Majorité en enflant la polémique, comme elle en avait faite dans l’affaire dite des 27 milliards de Soumaila Cissé, fait en réalité campagne pour l’Opposition. Elle montre ici à la face de l’opinion nationale et internationale son incapacité à résoudre les multiples problèmes auxquels le Mali est confronté. Il revient en ce moment au peuple souverain d’en tirer toutes les conséquences au moment venu en sanctionnant lors des élections communales, régionales et présidentielles à venir tous ces cadres véreux et incompétents. Comme diraient les juristes, la cour est suffisamment informée sur chaque camp. C’est en définitive au peuple de trancher.
Youssouf Sissoko youssouf@journalinfosept.com .