Entre le Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes) et le reste de l’opposition politique malienne, il y avait bien nécessité d’une explication pour comprendre la position du parti des amis d’ATT, suite à plusieurs sorties médiatiques équivoques de Sadou Harouna Diallo, président du Pdes, demandant “d’aider IBK”. Un langage qui sonne faux pour l’opposition qui passe tout son temps à vouer aux gémonies le régime en place.
Entre le Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes) et le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé, l’année 2016 a décidément mal démarré. En effet, dès après la cérémonie officielle de présentation de vœux au chef de l’Etat par l’opposition, le Pdes a protesté parce que le cas ATT n’a pas été évoqué dans le discours prononcé par Soumaïla Cissé.
Depuis lors, un climat de méfiance s’est instauré dans les relations. Ce que confirmeront les propos de l’actuel président du Pdes, Sadou Harouna Diallo, selon lesquels, il ne pouvait continuer à cheminer avec une opposition qui faisait fi du cas ATT et s’était donné un temps de réflexion pour agir. Une sorte d’ultimatum dont la date-butoir se trouvait être la fin du mois d’avril dernier.
Mais tout devait normalement renter dans l’ordre puisque l’opposition s’est clairement exprimée sur le dossier ATT qui figure d’ailleurs en bonne place au niveau des griefs formulés à l’encontre du pouvoir pour espérer mobiliser les populations lors de la marche de protestation prévue pour ce 21 mai 2016.
Cependant, des propos prêtés au président du Pdes dans le cadre d’entretiens accordés à des journaux de la place sont très équivoques et jettent un pavé dans la mare de l’opposition à laquelle son parti, le Pdes, est censé appartenir.
En effet, dans un entretien accordé au journal “22 Septembre”, on peut y lire : “Je dis opposition, certes, mais je souhaite une opposition constructive. Parce que nous sommes dans un pays qui n’a pas besoin d’une opposition farouche. Nous sommes un pays en voie de développement. C’est dans un pays développé qu’on peut faire de l’opposition farouche. Quand la situation du pays est critique, il faut approuver, il faut accompagner. La chance que notre parti a, c’est qu’il est différent des autres partis. Nous avons créé ce parti autour d’un homme de paix, qui est le Président ATT. C’est un homme de paix, de grande culture, plein de qualités. Alors, nous, étant héritiers, moi président du parti, je ne souhaite pas faire ce qui lui déplait. Résultat : je ne peux pas être à une opposition radicale, insulter le pouvoir en place. Au contraire, je suis prêt à aider le parti au pouvoir ” (sic !).
A la réplique du journaliste : “Donc, vous invitez l’opposition à taire les divergences, à s’unir derrière le Président de la République? “, Sadou répond de façon catégorique : “Oui! Oui! Mais je suis à l’opposition. Il s’agit bien d’une opposition constructive. Je fais toujours appelle à la société civile, les partis politiques de l’opposition à aider le pouvoir en place à gérer le pays. Parce que ce pays a besoin de tous ses fils aujourd’hui. Je n’ai pas l’impression d’être dans un pays où l’on doit créer une opposition radicale. Certes, on ne fait partie du Gouvernement, mais il est bon qu’on se côtoie, qu’on essaie de souffler dans la même direction”.
Tout récemment, dans le journal Mali-Demain, Sadou Harouna Diallo s’exprimait ainsi : “Je suis un parti de l’Opposition qui ne souhaite pas de malheur à IBK. Je veux qu’il arrive à développer le pays. Dans les urnes, nous chercherons à prendre le pouvoir et non dans le désordre. Le Pdes va accompagner le Président IBK. Aussi, j’insiste que dans les urnes, nous ferons la différence et quelque soit le candidat qui va passer pour Koulouba en 2018, nous l’accompagnerons dans le respect et une vision commune pour un Mali fort”.
Sadou a ses convictions et les défend comme il le peut, mais au niveau de l’opposition, pareil discours ne peut passer comme une lettre à la poste, parce que jugée ambigu par certains et équivoque par d’autres. De sorte que, finalement, au niveau de l’opposition, on a jugé plus commode, comme démarche, de se garder de faire un commentaire public de ces propos du président d’un parti frère, pour l’interpeller d’abord afin de recueillir ses explications. Raison pour laquelle, on a demandé au chef de file, Soumaïla Cissé, de saisir officiellement le président du parti des amis d’Att, le Pdes, pour une clarification de leur position afin que l’on sache s’ils sont encore membres de la grande famille de l’opposition.
Aux dernières nouvelles, les deux parties se seraient entendues. Selon une source proche de l’opposition, le président du Pdes aurait confirmé l’appartenance de son parti à l’opposition (qu’il n’a jamais remise en cause d’ailleurs), après avoir souligné que les nuances de ses propos, fondés sur une liberté de penser et d’agir, n’auraient pas été bien comprises par ses interlocuteurs. L’avenir nous en dira plus.
A.B.N