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Mali : le fleuve Niger menacé par la pollution et l’ensablement (MAGAZINE)
Publié le dimanche 22 mai 2016  |  Xinhua
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© aBamako.com par Momo
Le Fleuve Niger appelé “Fleuve Djoliba” au Mali




Le fleuve Niger (appelé Djoliba en mandingue), dont près de 1.000 km, sur une longueur totale de 4.200 km, arrose le Mali, est menacé par le désert et les activités humaines qui polluent ce cours d’eau.

"Sans le fleuve Niger, le Mali disparaitrait", enseigne une vieille sagesse malienne.

En effet, plus d’un million de personnes vivent de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage dans le delta du fleuve sur une superficie d’environ 35.000 km2.

Mais à cause des activités humaines, le Niger est assimilé, dans sa partie malienne, "à un vaste égout collectif", constate pour le déplorer Abdourahmane Oumarou Touré, directeur général de l’Agence du Bassin du fleuve Niger (ABFN).

Ce constat a été fait après une mission sur le terrain qui visait à sensibiliser les populations et les autorités locales et régionales sur l’ampleur de la pollution des eaux du Niger.
"Le fleuve est le poumon économique de Koulikoro" (à 50 km de Bamako), reconnaît El Hadj Sékou Coulibaly, le gouverneur de la région.

Un avis partagé par le maire de la ville, Issouf Papa Traoré, pour qui "le Niger fait vivre la population de Koulikoro".

"Le Niger est en danger. Si rien n’est fait pour le sauvegarder, la navigation sera bientôt un triste souvenir. A l’image de certains endroits où le fleuve est en voie de disparition à cause de l’ensablement lié à l’avancée du désert", redoute Sory Ibrahim Kéïta, directeur général de la Compagnie malienne de navigation.

Le constat est que, au niveau des grandes agglomérations riveraines, le Niger et ses abords immédiats constituent le réceptacle de déchets domestiques et le nid d’activités polluantes artisanales et industrielles (teinturerie, tannerie, savonnerie, exploitation de matériaux de construction, orpaillage, vidange de véhicules auto, résidus d’abattoir...).

Cela menace les ressources naturelles comme l’eau, les terres, les plantes, les poissons.

A cet égard, le cercle de Kangaba, à 80 km de Bamako, est l’une des zones les plus polluées du Niger supérieur à cause de l’utilisation des machines de fabrication artisanale et communément appelée "dragues".

Ces engins servent à extraire l’or du gravier dans le lit du fleuve. Et les propriétaires de ces dragues utilisent des produits chimiques et toxiques, notamment le mercure et la cyanure favorisant une pollution chimique.

A cause de ces mauvaises pratiques, le fleuve se meurt petit à petit, explique le député Mahamadou Kéita.

"Il n’y a plus de poissons à pêcher dans le fleuve. Et ici à Kangaba, on ne consomme plus de poissons péchés dans le Niger au risque de manger du cyanure ou du mercure", déplore l’élu de la nation.

Un drame palpable dans tout le Mandé où le fleuve est totalement envahi par les dragueurs, pourtant conscients des risques et dangers de leur pratique.

"Mais, que faire si on n’a pas d’autre alternative ? J’ai un diplôme BTS, mais je n’ai pas de travail. Je suis donc obligé de pratiquer cette activité pour gagner mon pain", se défend l’un d’eux.
"Je suis consciente du danger auquel j’expose le fleuve en menant cette activité à cause des produits chimiques utilisés à cet effet. Mais, elle génère beaucoup de revenus et de retombées", avoue aussi Fanta Camara, orpailleuse à Kangaba.

"Malgré qu’elle soit néfaste pour le fleuve, cette activité ne s’arrêtera pas comme ça puisque les collectivités et certains agents de l’Etat y gagnent plus que nous qui faisons le travail", accuse-t-elle.

"Nous payons des taxes, des impôts et nous donnons même de l’argent aux autorités traditionnelles et aux agents de l’environnement", précise l’orpailleuse.

"Nous donnons beaucoup d’argent à la mairie et aux impôts pour pouvoir faire notre travail. Mais, en retour, ils ne font rien pour protéger le fleuve (...) Même les déchets ménagers qui envahissent les servitudes du fleuve ne sont pas dégagés par la mairie", enfonce Aly Maïga, président de l’Association des exploitants de sable de Koulikoro.

"Face à la gravité de l’état de pollution du Niger, il urge d’agir plus vite pour que le fleuve ne disparaisse pas", alerte M. Abdourahmane Oumarou Touré de l’ABFN.

"Des travaux de sauvegarde sont déjà lancés à Bamako pour remettre le fleuve dans son lit afin qu’il coule plus librement", indique-t-il.

L’ABFN est également sur le point de signer avec les Néerlandais un protocole d’accord d’un montant de plus 45 milliards de FCFA (environ 77 millions USD) pour la réhabilitation du fleuve Niger sur une distance de 200 km.

Selon les études menées par l’entreprise néerlandaise, 900 millions de m3 de déchets devraient être extraits du lit du fleuve.

Le projet prévoit également l’aménagement des zones rocheuses afin de permettre aux poissons de se reproduire relançant ainsi la pêche et ses activités connexes.
A l’issue de la première phase du projet, la navigabilité du fleuve Niger sera rétablie.
Mais, pour Famourou Kéita, une notabilité locale, "la plus grande menace à la survie du Niger, est le manque de volonté politique. Si l’Etat assume aujourd’hui son autorité, tous ces fléaux vont être vite circonscrits" ! F
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