Débout comme un seul homme, la jeunesse malienne, toutes catégories socioprofessionnelles et toutes colorations politiques confondues, est montée au créneau, le samedi 21 mai dernier, pour demander le retour au bercail du président Amadou Toumani Touré. Un préalable indispensable à la réconciliation nationale d’un Mali plus que jamais divisé. Pour ces jeunes, réunis au sein du « Rassemblement pour la paix et la réconciliation nationale : An ka ben », aucun sacrifice n’est de trop pour la paix et la réconciliation. Aussi, ont-ils clamé haut et fort, qu’il est grand temps « d’oublier nos différences et nos différends au profit de ce que nous avons en partage ». Reste à savoir si la voie ouverte par la jeunesse sera suivie.
La salle Bazoumana Sissoko du palais de la culture Amadou Hampâté Ba vibré, avant-hier après-midi, au rythme des chants, danses, slogans et discours prêchant la paix et la réconciliation. Le tout sur fond d’hommages rendus aux différents présidents du Mali, de Modibo Keïta à Ibrahim Boubacar Keïta, en passant par Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Aucun de ces présidents n’était présent à la cérémonie, certes ; mais ils étaient sans doute de cœur avec les initiateurs de cet évènement heureux qui scelle la réconciliation entre les fils et filles du Mali. Pour preuve, la rencontre a enregistré, outre les officiels (membres du gouvernement), les représentants des partis politiques de la majorité et de l’opposition ; des membres des groupes armés (Cma et plateforme), de la société civile et une foule monstre de jeunes issus de diverses formations politiques et d’organisations de la société civile. Tous, plus que jamais déterminés, souhaitent faire de la réconciliation nationale une force de frappe patriotique pour relever ensemble les défis qui ont pour noms : insécurité, terrorisme, crises de tous genres. L’objectif final recherché par le mouvement étant l’instauration d’un climat d’unité et de cohésion nationale au Mali qui sort d’une crise qui a déjà fait trop de victimes.
Comme cela se doit en de telles circonstances, c’est le Réseaux des communicateurs traditionnels pour le développement (Recotrade) qui a ouvert le bal des interventions. Le porte-parole de l’organisation, Hamadoun Dagamaïssa, n’a pas tari d’éloges à l’endroit de l’actuel président et ses prédécesseurs. L’initiative du rassemblement pour la paix et la réconciliation a été également appréciée à juste titre par les griots.
Ba Moussa Touré et Soufi Adama, respectivement représentants des familles fondatrices de Bamako et des religieux, emboîteront le pas au porte-parole du Recotrade avec des hommages appuyés et des bénédictions à l’endroit du Mali et de ses dirigeants.
Le cri de cœur des amis d’ATT
Au sein de « An Ka Ben », les amis d’ATT contribuent à mettre en œuvre le chantier de la réconciliation nationale. Hamane Touré dit Serpent, président des Associations et clubs de soutien à ATT, justifie ce choix en ces termes : « Nous nous sommes engagés dans cette voie car nous avons à l’esprit que notre ami, le président ATT, a toujours été un partisan de la paix et de la cohésion au Mali et en Afrique. En nous engageant aux côtés de nos camarades de différents horizons, nous sommes convaincus que nous sommes sur le bon chemin. Nous n’avons pas hésité à adhérer à l’idée de la réconciliation nationale parce que pour nous, il s’agit d’une action patriotique de portée nationale entreprise par toutes les forces vives de la nation ».
Du haut de la tribune, le porte-parole des amis d’ATT a demandé le retour de l’ancien président au pays. « Nous demandons en toute humilité et avec modestie au père actuel de tous les Maliens, Ibrahim Boubacar Keïta, de se pencher sur la situation de son jeune frère, Amadou Touré Touré qui, par la force des choses, se trouve ailleurs que dans la grande famille », plaide Serpent. Et une fois ce retour concrétisé, les amis du président Touré souhaitent qu’il soit réhabilité et que sa résidence (à l’ex-base) lui soit restituée. Aussi, Hamane Touré a demandé à l’Assemblée nationale de classer le dossier d’ATT poursuivi pour haute trahison devant la Haute cour de justice.
La présidente des femmes du Rassemblement pour la paix et la réconciliation, Tall Hawa Touré, a également sollicité l’implication d’IBK pour le retour d’ATT au bercail.
Même cri de cœur du côté du parti Ps-Yeelen Kura, dirigé par Amadou Koïta (invité à la tribune comme porte-parole de l’opposition républicaine et démocratique). Pour ce fervent défenseur de l’ancien président, ce meeting s’inscrit en droite ligne des résolutions et recommandations du 1er congrès ordinaire de son parti. Lesquelles résolutions donnent mandat au bureau exécutif national d’initier ou d’adhérer à toute initiative qui concourt au processus de réconciliation et de paix au Mali ; et qui facilite le retour de l’ancien président Amadou Toumani Touré. Selon Koïta, notre pays traverse des moments difficiles. Ainsi, les hommes doivent mettre l’accent, non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu’ils ont en commun, dans le respect de l’identité de chacun. « La rencontre et l’écoute de l’autre sont toujours plus enrichissantes, même pour l’épanouissement de sa propre identité, que les conflits ou les discussions stériles pour imposer son propre point de vue », a-t-il rappelé.
Pour les partisans d’ATT, la réconciliation passe par le retour au pays du soldat bâtisseur. Ce, dans un bref délai avec l’accompagnement des autorités actuelles, notamment du président Ibrahim Boubacar Keïta. C’est pourquoi, dira Koïta, « nous sollicitons de l’Assemblée nationale, dans sa souveraineté, dans sa responsabilité et dans sa légitimité, d’examiner le dossier du président Amadou Toumani Touré ».
Pour sa part, le représentant de groupes armés (Cma et plateforme) a exprimé toute sa joie de voir les Maliens œuvrer pour la paix et la réconciliation. Il exhorte les uns et les autres à l’union sacrée autour de l’Accord d’Alger, afin que le Mali tourne définitivement cette page sombre de son histoire.
De son côté, la mouvance présidentielle a salué cette initiative des jeunes qui, à travers ce mouvement, font montre d’une grande maturité. Boulkassoum Haïdara, président de la Convention de la majorité présidentielle, estime que ce travail n’est que la suite logique de ce qu’avait commencé le père de la nation, Modibo Keïta. Il a demandé aux responsables du pays de se donner la main pour relever le défi de la réconciliation.
Le Mali peut renaître…
« Notre pays est à la croisée des chemins », estime l’honorable Moussa Timbiné, président du Rassemblement pour la paix et la réconciliation au Mali « An ka ben ». Cependant, il affirme avoir la ferme conviction qu’ensemble, les fils du pays surmonteront les difficultés. Pour se faire, il trouve impératif que les uns et les autres soufflent dans la même trompette, celle de la paix. Ainsi, renaîtra le Mali, dit-il. Et le mouvement pour la paix et la réconciliation est là pour faciliter cette retrouvaille entre les fils et filles du pays. Il a invité les jeunes à se mobiliser contre la barbarie et les ennemis de la paix.
Le président a exprimé toute sa joie et sa reconnaissance envers tous les participants à la cérémonie, avant de les inviter à s’engager dans la voie de la paix et de la réconciliation au Mali, à adopter des bons comportements et à prendre des actes allant dans ce sens.
Une pléiades d’artistes ont tenu le public en haleine. Il s’agit, entre autres, de Tialé Arby, du Groupe Amanar de Kidal, de Djénéba Seck et de Sali Sidibé.
Notons que l’évènement était placé sous la présidence du ministre Mohamed Ag Erlaf qui, au nom du Premier ministre, a salué l’initiative.
I B Dembélé