Le week-end dernier a été mouvementé sur le plan politique. Et pour cause, les différents pools politiques ont fait une vraie démonstration de force. Chacun de son côté a montré ses capacités de mobilisation que ça soit l’opposition républicaine incarnée entre autres par Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, Modibo Sidibé, et le Rassemblement des patriotes pour la réconciliation et la paix proche du pouvoir animé par des politiciens de divers partis politiques, des membres de société civile tels que le député du RPM, Moussa Timbiné, Amadou Goïta, président du parti PS Yeleen Kura, proche d’ATT et de l’opposition même s’il s’est désolidarisé de leur marche et un certain Hamadoun Touré dit Serpent un autre proche d’ATT lequel se bat depuis des années pour le retour au Mali de son mentor.
Mais à regarder de près, les observateurs et analystes de la scène politique les plus avertis sont sceptiques. Ils ne voient rien d’un côté comme de l’autre qui puisse faire espérer les maliens dans leur ensemble. Ce sont des discours, de la pure littérature, des dénonciations, aucune proposition concrète allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des citoyens maliens.
Rien, en ce qui concerne les problèmes auxquels les maliens sont confrontés à savoir : les difficultés de mise en œuvre de l’accord pour la réconciliation et la paix, les gros risques de partition du pays, les menaces terroristes, l’insécurité grandissante, l’absence de l’Etat central dans les régions de Kidal, dans certains cercles des régions de Gao, de Tombouctou et de Mopti, la cherté de la vie, les délestages fréquents qui ont des conséquences terribles sur l’activité économique et sociale, les mécontentements au niveau du front social etc.
« Mais dans cette confusion, dans cette bataille pour leurs propres intérêts, c’est le peuple malien qui sort débrouille, les mains vides, les bras ballants. Pour la simple raison que les hommes politique de ces vingt dernière années ne songent qu’à eux-mêmes. Les préoccupations réelles des populations sont reléguées au second plan. », nous a confié un analyste du milieu politique. Et de déplorer : « Ce sont les mêmes militants pratiquement qui ont participé aux deux événements.
Des groupes de jeunes et de femmes nous ont confié qu’ils ont participé aux deux événements. Ils ont répondu à l’appel des deux clans politiques. Cela dénote le manque de sérieux des militants. Or, les hommes soutiennent qu’ils agissent pour défendre leurs, pour répondre à leurs préoccupations. Non c’est le peuple qui est berné. Il est trompé. Il est trahi par les hommes politiques. »
« L’essentiel pour nous c’est de nous assurer le déplacement et de nous donner un peu d’argent. », a dit un groupe de femmes à notre analyste. Ça suffit largement pour mobiliser les militants qui ne savent rien de ce qui se dit, de ce qui se trame. C’est malheureux !
A observer de près, ces deux rassemblements n’ont servi à rien. Certains initiateurs de ces deux rencontres ont faim. Ils sont à la recherche d’un poste. Ils ne sont pas libres. Comme le disait Albert Einstein : « Ventre vide ne peut pas être un bon conseiller politique. » Celui qui n’est pas libre ne peut pas dire la vérité.
Par ailleurs, le vrai problème de notre pays est que nous n’avons pas un Etat fort car ceux qui représentent les intérêts de la Nation sont confus et ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Ceux-là qui se présentent aujourd’hui comme des jeunes leaders de ces différents mouvements et rassemblements politiques sont des chômeurs de longue date pour l’essentiel et cherchent à travers les activités politiques de ce genre à se faire remarquer et avoir une place au soleil avec à la clé trouver une solution à leurs quotidiens.
« Dans l’ensemble, la société malienne est actuellement malade. Malade de ses hommes politiques qui manipulent, mentent, torpillent le peuple etc. La société malienne est carrément orientée vers l’enrichissement personnel. Tous ces visages que nous voyons au-devant de la scène politique du Mali ne sont que des prédateurs insatisfaits. Le Mali va mal ! Dans notre pays, nous avons besoin de forces de contre-propositions pour faire avancer les choses. Il faut un vrai nettoyage de façon profonde de la scène politique. L’extirper des mauvaises graines.
Malheureusement, tous ceux qui s’activent maintenant ne sont pas la solution. », poursuit un autre observateurs de l’arène politique. « Le problème est que certains organisateurs de la marche et du meeting sont des anciens voleurs. Ou bien ils trainent des casseroles. Ils ne sont pas des modèles de sérieux. Dans un pays sérieux, personne ne les suivra.» Et de se poser la question : « Comment choisir entre la peste et le choléra? Qui sauvera le Mali des griffes de tous ces criminels à col blanc. »
« La vie d’une Nation en crise est différente de celle d’une Nation en temps de paix. Je ne suis pas de la majorité, ni de l’opposition mais aucune de ces deux manifestations ne profitent au pays. Les populations devraient boycotter ces deux rassemblements. », conclu un professeur à la retraite.
De toutes les façons, ces différents rassemblements politiques, quoi qu’on dise, prouvent qu’il y a un vrai malaise. Les maliens souffrent dans leur chair.
Moussa Mamadou Bagayoko
Source: L'Humanité