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Mali: la menace d’un effondrement de l’Etat
Publié le mercredi 23 mai 2012   |  Slate Afrique


Manifestation
© AP
Manifestation à Bamako contre un accord de sortie de crise


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Slate Afrique - Le capitaine Sanogo (auteur du coup d`Etat du 22 mars) contrôle-t-il réellement l’armée malienne?

Gilles Yabi - Le Mali est dans une situation marquée par une confusion générale et cela est vrai aussi bien sur le plan politique que militaire. On ne peut pas parler de contrôle de l’armée comme s’il s’agissait encore d’un bloc homogène avec un commandement perçu comme légitime par les membres des différents corps.

Les affrontements, il y a quelques semaines, entre les bérets verts, dont fait partie le capitaine Sanogo, et les bérets rouges, qui étaient proches de l’ancien président Amadou Toumani Touré (au pouvoir jusqu’au 22 mars 2012), ont montré que tous les militaires n’étaient pas solidaires avec la junte. Mais le dénouement de cet épisode a aussi prouvé que la junte de Kati disposait d’une base solide au sein de l’armée, ou du moins, qu’elle n’était pas rejetée massivement par la majorité des troupes.

Sanogo en est sorti renforcé. Il rassemble derrière lui ceux qui dans l’armée en voulaient depuis des années aux officiers et sous-officiers perçus comme étant personnellement proches de l’ancien président et collectivement accusés de corruption et de tous les autres maux.

SlateAfrique - La convention nationale peut elle déboucher sur une sortie de crise ?

G.Y. - Le projet de convention nationale a été rejeté par le président intérimaire Dioncounda Traoré et par un grand nombre de partis politiques. Ce fut déjà le cas lorsque le capitaine Sanogo agitait cette proposition pour essayer de se maintenir à la tête de l’Etat après le putsch, et cherchait à montrer à l’opinion publique internationale que la junte bénéficiait du soutien de la population malienne.

Une convention nationale ou une conférence nationale n’est jamais en soi une solution à une crise. Elle ne peut aboutir à un résultat positif pour un pays que lorsque certaines conditions sont réunies, à commencer par une préparation minutieuse dans un contexte dépassionné. Toutes les composantes de la société politique et civile malienne n’ont jamais été autant divisées qu’en ce moment. Ce n’est pas dans un tel contexte qu’on peut organiser une convention nationale susceptible de décider d’une feuille de route pour sortir d’une crise profonde et multiforme.

Slate Afrique - Des affrontements sont-ils à craindre entre différentes factions de l’armée?

G.Y. - Les affrontements ont déjà eu lieu entre factions de l’armée en pleine ville et cela fut un choc pour les populations de Bamako, une des villes les plus tranquilles en Afrique de l’Ouest. Pour des personnes comme moi qui ont vécu il n’y a pas si longtemps à Bamako, ces affrontements armés ont aussi représenté une tragédie à laquelle il fallait mettre fin au plus vite. Le coup d’Etat a ouvert la porte à toutes les dérives et on ne peut plus rien exclure, y compris de nouvelles tensions au sein de l’armée susceptibles de dégénérer en confrontations violentes.

On peut espérer que la clarification institutionnelle permette de réduire significativement ce risque en créant les conditions d’une remise sur pied de la chaîne de commandement des armées. L’attaque violente ce 21 mai sur le président intérimaire, alors qu’il était dans son bureau, est cependant l’illustration que tout est désormais possible au Mali, y compris le pire.

Slate Afrique - Le Sud du Mali est-il lui aussi menacé de fragmentation?

G.Y. - Le risque n’est pas celui d’une fragmentation semblable à ce qui se passe dans le nord, avec la présence de divers groupes armés contrôlant des villes, des quartiers de ville et des villages. Au sud, la menace est celle d’un effondrement de l’Etat à la fois dans sa légitimité et dans sa capacité à offrir aux populations la sécurité et les services sociaux et économiques de base. La perte de contrôle total des trois régions du nord et le coup d’Etat Bamako ont dramatiquement fragilisé l’édifice étatique malien. C’est la remise sur pied rapide de l’Etat qui est aujourd’hui prioritaire parce qu’aucun début de solution à la crise du nord ne peut être trouvé dans un contexte de grande faiblesse et de divisions des autorités civiles et militaires de l’Etat central.
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