Au cours d’un grand meeting, différentes sensibilités politiques et associatives se sont engagées à œuvrer pour l’unité et la cohésion nationale
Samedi 21 mai. Il est 15 heures 30 mn au palais de la Culture Amadou Hampaté Ba sur le bord du fleuve Niger. Un climat doux doublé d’un vent frais tempère les esprits. Un grand désordre règne dans la circulation sur la voie qui passe devant le palais de la Culture. Au niveau de cette voie d’accès se bousculent motocyclistes et automobilistes. Des piétons habillés en teeshirts affluent en chantant et en dansant comme dans le « Moribayasa », une danse folklorique typiquement bien de chez nous.
La foule grandit de minute en minute. Un impressionnant dispositif de sécurité est en place. Tout comme le dispositif de prévention de la maladie à virus Ebola.
L’ambiance est particulièrement surchauffée dans salle mythique Banzoumana Sissoko décorée aux couleurs nationales et avec des photos des différents présidents de la Prépublique : Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Dioncounda Traoré et Ibrahim Boubacar Keïta. Des images qui traduisaient l’esprit du « Grand meeting pour la paix et la réconciliation » qui s’y tenait.
La délégation ministérielle au meeting était conduite par le ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf qui présidait la cérémonie au nom du Premier ministre, Modibo Keïta. Etaient aussi présents, les présidents du Haut conseil économique, social et culturel, Boulkassoum Haïdara et de la Haute cour de justice, Abderhamane Niang et un parterre d’autres personnalités. Le président du Rassemblement pour la paix et la réconciliation au Mali « An Ka Ben », le député Moussa Timbiné, était assis au milieu d’eux.
La plateforme « An Ka Ben » regroupe des formations politiques de l’opposition et de la majorité, des associations de la société civile et d’autres couches socioprofessionnelles. En organisant ce « Grand meeting », elle entendait contribuer à l’unité et à la cohésion nationale à travers la promotion des valeurs sociétales du pays.
« La paix et la réconciliation engageons-nous. Aucun sacrifice n’est de trop pour la paix et la réconciliation. Sans paix, pas de développement, sans réconciliation, pas de paix. Nous sommes résolus de mourir pour nourrir la paix au Mali. L’arme redoutable contre nos ennemis, c’est l’unité des forces vives… », tels sont entre autres slogans que l’on pouvait lire sur les banderoles déployées entre les posters géants des présidents.
Et pour les organisateurs, la première étape pour arriver à la paix est le recueil public des engagements et propositions de toutes les sensibilités membres de l’association afin de les analyser et décider concrètement de la suite à donner aux différentes préoccupations.
C’est Hamane Touré dit « Serpent », président des associations et clubs de soutien à l’ancien président Amadou Toumani Touré qui ouvrit le bal des interventions. Le président Touré, -t-il dit, a toujours été partisan de paix et de cohésion au Mali et en Afrique. « Du haut de cette tribune, nous les amis de ATT, demandons en toute humilité et avec modestie au père actuel de tous les Maliens, notre oncle et notre frère Ibrahim Boubacar Keïta, de se pencher sur la situation de son jeune frère Amadou, qui par la force des choses, se trouve ailleurs que dans la grande famille », a-t-il plaidé. Son vibrant plaidoyer a été accompagné d’une très grande ovation.
Après Hamane Touré, ce fut le tour du représentant de la CMA et de la Plateforme, Dada Ag Haly de prendre la parole. Celui-ci demandera aux Maliens d’œuvrer comme un seul homme pour l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, avant de céder la place au pupitre au délégué de l’opposition, Amadou Koïta, un autre « ami » de ATT et président du parti Yelén Coura. Celui-ci dira que son « souhait est de voir le soldat bâtisseur regagner son pays dans un bref délai avec l’accompagnement du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta ».
La majorité présidentielle n’est bien entendu pas demeurée en reste. Son président, Dr Boulkassoum Haïdara, exhorte, lui aussi, les Maliens à œuvrer pour l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il s’est dit fier et rassuré, car la relève est assurée. Il faisait ainsi allusion à la réussite du meeting et à l’esprit qui l’incarne.
Le président de l’association « An Ka Ben », le député Moussa Timbiné a reconnu que tout n’a pas été rose lors des premières années du président Ibrahim Boubacar Keïta, avant de donner la vision de lu rassemblement. « An Ka Ben n’a qu’un rêve : celui de voir tous les anciens dirigeants du Mali se donner la main, dans la fraternité et la grandeur, dans un bel élan de solidarité, pour un Mali réconcilié avec lui-même ».
Avant le début de la série de discours d’engagement, le Réseau des communicateurs traditionnels et la coordination des chefs de quartier de Bamako avaient tous salué cette initiative du Rassemblement pour la paix et la réconciliation.
Tous les ministres présents ont accompagné sur le podium, le ministre Mohamed Ag Erlaf pour son allocution de clôture. Cette rencontre, a-t-il salué d’entrée de jeu, participe à la mise en œuvre de la volonté présidentielle de faire du Mali un pays de paix. Pour lui, peut-être que les différents présidents de la République qui se sont succédé ont commis des erreurs. Mais ils n’ont en aucun moment posé un acte mettant en cause l’existence de notre pays. Et de marteler : « Si le président IBK avait été là, il aurait compris que la cité est plus vieille que la politique ». Enfin, il a réitéré l’engament fort du gouvernement à œuvrer pour la paix et la réconciliation.
C. M. TRAORE