Ils sont venus, ils ont marché et ils ont dénoncé. Game is over. L’histoire aurait pu s’arrêter là, si l’envers du décor ne donnait pas à frémir… démocratiquement parlant.
Enfin, enfin, enfin ! La marche, tant annoncée comme le déluge qui allait emporter le régime et ses thuriféraires, a lieu. Pour le Tsunami brandi, quelques centaines de militants de l’Opposition fortement appuyés par diverses associations et les radicaux de la société civile ont répondu à l’appel du Chef incontesté et incontestable de l’opposition, le très honorable Soumi Champion, deux fois K.O.
Pour la masse, elle est éclectique et surtout diversement jaugée. L’évaluation allant du simple à l’exponentiel : de quelques centaines à 50.000 manifestants !
Mais s’agissant de la marche du 21 mai, le problème des partis politiques de l’opposition démocratique et républicaine du Mali, sous la direction martiale de l’honorable Soumi, n’est pas tant le nombre des fantassins d’un week-end. Dans la discipline, ils ont marché ; dans la ferveur dictée par les manitous, ils ont scandé et dénoncé un peu de tout…
Mais derrière les rideaux de la marche qui se voulait apaisante et pacifique, c’est l’inquisition démocratique. Les Chefs de ce qu’on appelle Opposition démocratique et républicaine, ex-communistes passablement repentis, ne souffrent ni de nuance, ni de divergence encore moins de contestation. Quand ils pensent, quand ils décident, cela vaut comme verset de coran pour le bon peuple de l’Opposition. Nul ne devrait trouver à redire et à ne pas s’exécuter.
Dans cette vision autocratique de l’opposition, il n’y a nulle place pour les murmures ou les hésitations. Notre opposition, ce n’est pas un camp militaire, mais la charte non écrite qui la régente sous la direction éclairée de Soumi. Comme pour paraphraser le Règlement de Discipline Générale en vigueur dans les casernes, c’est : la discipline faisant la force principale des partis politiques de l’opposition démocratique et républicaine, il importe que le Chef de file et les sous-chefs de faction obtiennent de leur parti subordonné une obéissance absolue et entière et une soumission de tous les instants sur toutes les questions et sujets nationaux et internationaux, que tous les ordres soient exécutés littéralement, sans hésitation ni murmure ; le Chef de file et les sous-chefs sont les seuls à avoir voix au chapitre. Toute divergence est proscrite, ceux qui réclament sont rappelés à l’ordre et ceux qui n’obéissent pas exclus.
Pour avoir réclamé que soit prise en compte sa préoccupation relative au retour d’ATT et d’avoir opiné sur sa propre vision de l’Opposition, le PDES a été ouvertement rappelé à l’ordre par le Chef de file de l’Opposition. L’incontestable Soumaïla Cissé a sommé le président du PDES Saoudou Diallo de clarifier sa position sous peine de sanction. L’information a futé la semaine dernière chez un confrère de la place.
Contrairement au PDES, qui a menacé de quitter, la sanction sera radicale par contre pour le PS Yelen Kura et le PRVM Fasoko. Pour s’être démarqués d’une marche dont ils ne voyaient pas l’opportunité ou qui querellait avec leur agenda d’activité, ces deux partis ont été purement et simplement exclus de l’opposition dite démocratique et républicaine. En tout cas, dans la liste des partis politiques de l’Opposition dite républicaine et démocratique, l’information a été donnée par son Chef de file, dans son discours, samedi, au terme de la marche ainsi que dans le communiqué de remerciement diffusé, les noms de ces partis (PS Yelen kura et PRVM Fasoko) ne figurent plus. Comme dans la dernière bande-annonce de la marche.
Comme dans une équation manichéenne, notre opposition pourrait ainsi se résumer : tu es avec nous ou tu es contre nous. Pour des gens qui use et abuse des libertés constitutionnelles de pensée, d’expression et d’action, c’est une sacrée claque à Voltaire.
Par Sambi TOURE