RUSTENBURG (Afrique du Sud) - Les quatre entraîneurs concernés par les quarts de finale de la CAN-2013 disputés dimanche présentent des profils bien distincts et qui détonnent dans le milieu du football.
Stephen Keshi (Nigeria): le "Big Boss"
A 51 ans, le Nigérian va vivre son premier quart de CAN seulement en tant
que sélectionneur, après avoir échoué au premier tour à la tête du Togo en
2006 (trois défaites) et du Mali en 2010 (après notamment un nul 4-4 contre
l'Angola, qui avait remonté quatre buts dans le dernier quart d'heure). Ces
échecs ont quelque peu entaillé la stature du "Big Boss" ("Grand patron").
En novembre 2011, il prend les rênes de sa sélection nationale, qu'il
lorgnait depuis sa retraite de joueur en 1997, lui le capitaine de la
génération dorée des Super Eagles, qui a soulevé la dernière CAN remportée par
le Nigeria (1994).
"Big Boss" a désormais la pression: la sélection, absente en 2012, a fini
13 fois sur le podium (record continental) en 16 apparitions. Mais lui la
refuse: "Non, j'ai la pression de Stephen Keshi pour bien faire, mais toute
pression extérieure n'existe pas pour moi."
Sabri Lamouchi (Côte d'Ivoire): le "Carré"
Le Français dirige pour la première fois une équipe, depuis sa prise de
fonctions en mai 2012 à la tête des Eléphants. Et les résultats lui sont
favorables, puisqu'il reste invaincu en 12 rencontres (amicaux et matches de
compétition confondus). C'est que l'entraîneur ressemble au milieu défensif
qu'il était: rigoureux, carré.
Jeune entraîneur (41 ans), il a pris une décision lourde de sens: il a mis
l'idole Drogba sur le banc. S'il a régulièrement salué "le professionnalisme"
du joueur et "l'exemple" qu'il demeure, il l'a néanmoins systématiquement noyé
dans le groupe pendant la CAN sud-africaine.
Surtout, "le coach a instauré le respect dans le groupe", a révélé vendredi
l'ailier Gradel. "Ca a amené une très grande différence par rapport à l'année
dernière, et ça se ressent dans le comportement sur le terrain: cette année
tout le monde est prêt à donner tout ce qu'il a pour les partenaires."
"Son discours passe bien, corrobore Yaya Touré. Il est très intelligent et
très ambitieux."
Didier Six (Togo): le "Bleu"
Le Français de 58 ans, membre de la bande à Platini dans les années 1980 et
reconverti chef d'entreprise après sa longue carrière de joueur globe-trotter,
est un "bleu" dans le métier, comme il le dit souvent.
Avec le Togo, dont il a pris les rênes fin 2011 et qui est sa "première
équipe de haut niveau", il fut vite confronté aux éternelles palinodies de la
Fédération (FTF) et de la star Adebayor, avec surtout l'épisode trouble de la
liste des 23 joueurs. "Ca ne s'est pas fait dans la facilité, et j'ai pu
apprendre très vite", raconte Six, qui videra son sac "après la CAN".
Il savoure une petite revanche après le scepticisme que sa communication
parfois approximative et ses réactions émotionnelles, notamment contre "la
dictature" de l'arbitrage, avaient pu déclencher. "Je pense qu'aujourd'hui on
doit me regarder avec un autre oeil, puisqu'il y a des résultats."
Paul Put (Burkina Faso): le "Banni"
Le Belge de 56 ans a rempli son contrat: décrocher la première victoire du
Burkina Faso après 18 tentatives infructueuses en phase finale de CAN (4-0
contre l'Ethiopie). Il a dirigé d'offensifs Etalons lors des deux premiers
matches reconvertis en maçons lors du troisième, à bâtir un mur contre la
Zambie pour sécuriser le point de la qualification (0-0).
Question contrat, Put ne plus vraiment en signer dans son pays: celui qui
officiait dans des clubs moyens y a détruit son image dans une affaire de
matches truqués liée à un réseau chinois, et a été condamné en 2008 à trois
ans d'interdiction d'y exercer. D'où un exil en Gambie, puis au Burkina.