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Commission d’enquête parlementaire sur la visite du premier ministre Moussa Mara à Kidal : Boubeye pas formellement accusé L’ancien PM épinglé
Publié le mardi 24 mai 2016  |  Le Matinal
Politique:
© aBamako.com par A.S
Politique: 1er congrès de ASMA
Bamako, le 06 décembre 2014 au palais de la culture Amadou Hampate BA. L`Asma a tenu son premier congrès, sous la présidence de Soumeylou Boubeye Maiga.




La Commission d’enquête parlementaire mise en place suite aux tueries de Kidal consécutives à la visite de Moussa Mara dans cette ville en mai 2014 a déposé son rapport sur le bureau de l’Assemblée nationale. Dans ses conclusions, la Commission recommande l’ouverture d’une enquête judiciaire contre Moussa Mara en sa qualité de Premier Ministre chef du gouvernement, et contre le chef d’État-major général des armées, Général Mahamane Touré. Pour ce qui est du cas du ministre de la Défense d’alors Soumeylou Boubeye Maïga, la commission dit n’avoir pas pu rassembler des preuves irréfutables. Par conséquent, elle met sous réserve l’ouverture d’une enquête judiciaire contre lui. Soumeylou n’est donc pas formellement concerné par ce rapport de la commission d’enquête parlementaire. Les preuves.
La seule personne qui a fait les frais de la visite désastreuse de Moussa Mara à Kidal est l’unique qui n’est pas formellement reconnue impliquée dans cette hécatombe qui a fait plus de 50 militaires maliens tués et 6 administrateurs civils et agents de l’Etat égorgés. Il s’agit de Soumeylou Boubeye Maïga, alors ministre de la Défense et des anciens combattants, qui avait dû démissionner en son temps, alors que les vrais coupables (Moussa Mara et Mahamane Touré) conservaient leurs postes. La commission d’enquête parlementaire mise en place à cet effet vient de rétablir la vérité en accusant les coupables et en mettant hors cause Soumeylou Boubeye Maïga. En témoignent les recommandations du rapport final de la commission d’enquête déposé à l’Assemblée nationale depuis octobre dernier. Mais, curieusement, ce rapport, non encore examiné par les députés, refait surface. Dans quel but ?
Que recommande la commission ?
La Commission d’enquête parlementaire a travaillé sur environ un an, en écoutant toutes les parties concernées. Dans ses conclusions, elle recommande ce qui suit :
- l’ouverture d’une enquête judiciaire contre Monsieur Moussa Mara en sa qualité de Premier Ministre chef du gouvernement, dont la décision politico-administrative de visiter Kidal à tout prix, est à l’origine de l’assassinat de fonctionnaires et agents de l’État, de la mort banale des FAMAS et de l’éviction de l’État de Kidal.
- l’ouverture d’une enquête judiciaire contre le chef d’État-major général des armées, Général Mahamane Touré, pour avoir engagé tous azimuts, les forces armées dans l’impréparation totale, ayant banalement entraîné des pertes en vies humaines d’agents et fonctionnaires de l’État, des FAMAS tués et blessés et la déroute humiliante de l’armée républicaine face aux groupes armés, actes dont il déclare, sans remord, assumer l’entière responsabilité, comme pour narguer l’impunité.
- l’ouverture d’une enquête judiciaire contre le ministre de la Défense d’alors Soumeylou Boubèye Maïga, si les déclarations qu’il nous a faites s’avèrent fausses, à l’issue d’une confrontation avec le Premier Ministre sur : le ministre de la Défense déclare avoir informé le Premier Ministre du risque élevé d’attaque d’armée ; celui-ci nie catégoriquement en avoir été informé d’une part, et d’autre part sur l’opération militaire programmée pour le 24 mai 2014 révélée par le ministre de la Défense, mais ignorée par le Premier Ministre, et celle du 21 mai 2014 prématurément élaborée et exécutée par le chef d’Etat-major général des armées, surprenant tous les ordres hiérarchiques.
Cette réserve à propos de Soumeylou exclut celui-ci du champ d’accusation formelle de la Commission d’enquête parlementaire qui s’est basée sur les éléments de l’audition de l’ancien ministre de la défense dont nous vous proposons l’intégralité :
Audition du ministre de la défense Soumeylou Boubèye MAIGA
Il ressort de la synthèse de l’audition du ministre de la Défense Soumeylou Boubeye MAIGA que :
- l’État ne disposait à Kidal que de seulement 250 éléments des FAMAS, lesquels occupaient une petite portion de la ville ;
- la veille de la visite du Premier ministre à Kidal, les renseignements militaires et sécuritaires avaient fait le constat d’une arrivée massive des groupes armés dans la ville de Kidal. L’effectif des groupes armés était estimé entre 1.000 et 1.500 éléments face à 256 éléments des FAMAS insuffisamment équipés et la situation était très tendue dans la ville de Kidal ;
- les forces internationales Serval et MINUSMA étaient réservées sur la visite à Kidal, estimant que, compte tenu de l’afflux d’éléments armés, l’opportunité du déplacement posait problème ;
- le Premier ministre, a refusé de diminuer la taille de sa délégation, après échanges avec les autres membres à Gao, sur ce sujet ;
-la situation s’est sérieusement dégradée suite à la visite du Premier ministre ;
- que la décision avait été prise après la visite du Premier ministre de renforcer les effectifs à Kidal pour sécuriser dans un premier temps les représentants de l’État, et dans un second temps pour résister en cas d’agression, et reconquérir éventuellement le Gouvernorat et les positions clés de la ville de Kidal ;
- le Premier ministre, lors du congrès de la Ligue des prédicateurs, a déclaré que Kidal sera libéré et qu’il a parlé de renfort, soit 1 500 hommes en route déjà pour ladite cause ;
- le Ministre n’était pas le seul à parler avec les hommes sur le terrain ; la situation était telle qu’un certain nombre d’autorités parlaient directement avec les militaires ;
- la planification faite par le commandement du théâtre pour la date du 24 mai s’articulait autour de 2.134 hommes ; le Ministère de la Défense était dans cette logique de préparation ;
- le 21 mai, en conseil des Ministres, il a été informé par le Premier ministre qui lui a glissé une note relative au déclenchement des opérations par nos forces ;
- le ministre de la Défense dit être surpris du déclenchement des opérations ;
- le Chef d’état-major général des Armées arrivé de Gao et lors d’une réunion de cabinet a spontanément reconnu son entière responsabilité de ce qui est arrivé à Kidal et qu’il fallait le démettre ;
- le ministre de la Défense a signifié au Chef d’état-major général des Armées que la priorité du Département était de faire le point de la situation ;
- la mission au niveau des unités n’avait pas été clairement définie, notamment au niveau des Sous-officiers qui constituent la hiérarchie de contact, il n’y avait pas d’information par rapport à la mission ;
- il n’y avait pas d’information sur l’ennemi (en nature, en volume, en intention) ;
- les opérations ont été déclenchées à 10 h 45 mn pendant que le soleil et une forte chaleur pesaient sur les combattants ;
- il y avait deux axes de communication au niveau de l’État, et absence d’harmonie dans la communication ;
- un décret du Président de la Transition a institué l’opération Maliba qui couvre les Régions de Tombouctou, Gao et Kidal ; vont de Konna à Tessalit, de Niono à Tombouctou plus le secteur de Nara ; donc juridiquement le nord est une zone de guerre.
- le décret qui a créé l’Opération Maliba donne des prérogatives au Chef d’état-major général des Armées en tant que commandant de l’opération, de prendre toutes les dispositions sur le terrain ;
- l’action des militaires est une action d’opportunité dans une zone de guerre en raison des menaces quasi permanentes ;
- l’ordre opérationnel qui avait été élaboré avait fixé la date du 21 mai à 10 h 45 comme le début des opérations, que cependant le Cabinet n’avait pas reçu le document pour se prononcer et décider en conséquence ;
- la chaîne logistique qu’on avait mise en place sur la base des demandes exprimées par le terrain, prenait fin le 24 mai. Pour une chaîne logistique qui devait finir le 24 mai, l’action a été planifiée et engagée le 21 mai 2014 ;
-les besoins exprimés par le Chef d’état-major général des Armées en termes de camions, de minutions, d’obus de mortiers, de roquettes, de jumelles de vision nocturne devraient être acheminés par voie aérienne avant le 24 mai ;
- aucune réponse n’a pu être donnée à la question sur le désordre de date quid du 21 ou 24 mai;
- le mercredi 21 mai, en allant pour le Conseil des Ministres, le ministre a dit n’avoir pas en tête qu’une opération pouvait intervenir ;
- le Ministre a découvert à la télé au même titre que tout le monde le communiqué lu par le porte-parole du Gouvernement.
- qu’au niveau du Gouvernement, à un moment donné la première question, c’est qu’on avait le sentiment que les gens cherchaient soit à se dégager, soit à chercher des boucs émissaires, voire des coupables ;
- l’armée ne dispose pas de transmissions sécurisées ;
- le Ministre par d’autres voies a découvert que le MNLA avait acquis auprès de firmes russes, des appareils qui permettaient de brouiller les communications, de les infiltrer dans un rayon de deux cents à trois cents kilomètres ;
- de l’entretien qu’il a eu avec le Président de la République le 26 mai, celui-ci répondrait que plusieurs personnes donnaient des instructions aux militaires ;
- le Ministre a dû dire aux chefs militaires qu’il est bien de parler avec le Premier ministre, mais qu’il faut le tenir au courant ;
- le Ministre a déploré le manque de commandement unique et selon lui c’est cela qui est à la base de la pagaille ;
- le circuit de renseignement n’est élaboré que si nécessaire ;
- l’évaluation de la situation à l’époque n’était pas bonne avec la présence massive d’éléments armés venus pour les congrès du MNLA et du HCUA et un forum qui devait être organisé avec les Mohamed Ag Intallah et que le Premier ministre a contribué à hauteur de 15 ou 17 millions ;
- Mohamed Ag Intallah aussitôt arrivé à Kidal a téléphoné au Premier ministre pour dire que la situation n’est pas bonne et de ne pas venir à Kidal ;
- les effectifs militaires engagés n’avaient jamais tiré ;
- le Ministre après avoir lu l’ordre opérationnel s’est rendu compte que l’opération du 21 mai avait été planifiée ;
- lors du débriefing, les hommes ont constaté l’hélicoptère parachuter des gens, mais on n’a pas pu confirmer tout cela ;
- nos communications ont été brouillées ou infiltrées ;
- les relations avec Serval à cette période étaient mauvaises ; le Ministre a reçu l’attaché militaire puis le conseiller Afrique ;
à ceux-ci le Ministre a rassuré qu’aucune opération n’est programmée ; et que le moment est au renforcement des effectifs ;
- il ressort des informations obtenues de ses interlocuteurs que les effectifs des FAMAS étaient de (1) un contre (5) cinq éléments des groupes armés;
- le Ministre a proposé au Président de la République d’enlever le Chef d’état-major général des Armées, mais celui-ci l’a malgré tout gardé;
- le Premier ministre était en relation avec les militaires ; et déclare n’avoir jamais vu un Premier ministre se mêler des affaires militaires ;
- le bilan était de 56 morts, 83 blessés à la date du 27 mai 2014, et que le matériel des FAMAS qui était au niveau de la MINUSMA n’avait pas été recensé.
Sans commentaire

Salif Diallo
Source: Le Matinal
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