Plusieurs dizaines de migrants maliens se sont rassemblés, hier matin, devant leur consulat général à Tamanrasset pour crier à l’escroquerie dont ils sont victimes.
Dans un mécontentement à peine contenu, les protestataires réclament la tête d’un employé du consulat, qui aurait détourné tous les fonds déposés par les ressortissants maliens contre un reçu de versement portant le cachet officiel de la chancellerie en guise de justificatif.
Les manifestants, quadrillés par les éléments des forces de l’ordre mobilisés autour de cette institution diplomatique afin de parer aux éventuels débordements, ont dénoncé «l’arnaque fomentée par l’employé mis en cause, de connivence avec d’autres responsables consulaires» qualifiés de tous les noms. Le consul général du Mali à Tamanrasset a également été mis sur la sellette. «Nous ne voulons plus des responsables qui ne représentent qu’eux-mêmes et leur clan de mafieux», s’indignent-ils.
Et d’ajouter une couche : «Personne ne mérite sa place dans ce consulat, ils sont tous des voleurs et des corrompus. Peu après 10h, les services sont déjà désertés et personne n’est disposé à vous accueillir où à fournir la moindre explication sur cette affaire qui s’apparente à un véritable scandale. Les hautes autorités maliennes doivent savoir ce qui se trame dans les coulisses de ses consulats en Algérie.»
A l’instar de toutes les autres victimes ayant pris part à ce mouvement de protestation, Samata Idrissa n’arrive pas à croire que l’argent économisé après tant de mois de labeur et de travaux forcés s’est soudainement volatilisé.
«Nous sommes de simples journaliers. Nous quittons notre domicile du matin jusqu’au crépuscule. Les fonds de tous les migrants maliens sont déposés auprès du consulat, car nos maisons ne sont pas sûres. Une procédure qui date de plusieurs années. A notre grande surprise, nous avons appris que l’employé chargé de cette opération s’est envolé avec notre argent. C’est grave», tempête-t-il, en menaçant de hausser le ton si leur problème n’est pas pris en charge.
De son côté, le consul général du Mali à Tamanrasset, Abderrahmane Galla, s’en lave les mains en faisant endosser une part de responsabilité aux victimes qui avaient candidement accepté de traiter avec un employé sans garantie aucune et qui, de surcroît, apposait le cachet du consulat sur des reçus spécieux, à l’insu de l’administration. «J’ai adressé un questionnaire à l’employé mis en cause, Ibrahim Traori, pour lui demander des explications sur cette affaire d’escroquerie dans laquelle il s’est embourbé. Dans sa réponse, il a fait son mea culpa et m’a demandé un congé de 15 jours pour pouvoir rembourser l’agent détourné.
Ces aveux ont été faits en présence des témoins parmi les victimes auxquelles j’ai même demandé le choix de livrer l’accusé à la justice algérienne ou de le laisser partir à Bamako. On a refusé cette procédure avec pour motif d’éviter de compliquer les choses. Néanmoins, j’ai immédiatement saisi mes supérieurs à Bamako. Toutefois, cela fait plus d’un mois que l’employé est parti sans plus donner signe de vie», regrette M. Galla.
Il faut savoir que 300 personnes sont victimes de cet esclandre, dont le montant se chiffre à plusieurs milliards. Avant de s’en fuir, l’auteur de l’arnaque avait signé une lettre d’engagement où il a déclaré toutes les sommes volées, dont près de 24 millions de dinars, 12,03 millions FCFA et 3350 euros.
Ravah Ighil