Lors de la journée inaugurale du premier sommet humanitaire mondial, l’agenda présidentiel était très chargé. Le chef de l’Etat a été sollicité par nombre de tables rondes de haut niveau. Partout où il a versé son avis aux débats, Ibrahim Boubacar Keïta a partagé sa vision des politiques globales à mettre en œuvre en matière d’actions humanitaires, des réalisations collectives à faire et de la volonté du Mali de souscrire aux engagements de la communauté internationale dans le domaine de l’amélioration de l’aide humanitaire.
Le président Keita a ainsi coprésidé la table ronde sur le thème « changer la vie des populations : fournir l’aide à l’élimination des besoins » avec le Premier ministre néerlandais. Pour le chef de l’Etat, il était temps d’en venir à l’essentiel : l’homme. Et d’indiquer que fournir de l’aide ne suffit plus, il faut mettre fin au dénuement.
Par ailleurs, le président a plaidé pour une humanité apaisée, avant de rappeler la nécessité de s’inscrire dans une démarche globale. Il a souligné les deux engagements de la table ronde. Il s’agit d’abord de s’engager à travailler autrement pour répondre aux besoins humanitaires immédiats des populations en réduisant les risques de vulnérabilité par des réalisations collectives sur un horizon pluriannuel. Pour attendre ce premier engagement de la table ronde, Ibrahim Boubacar Keïta a proposé d’investir dans l’analyse des risques et d’intervenir rapidement afin de réduire la fréquence des risques et leur impact sur les populations. Le chef de l’Etat est aussi convaincu que la préservation et le maintien d’une capacité d’intervention d’urgence reste une stratégie efficace.
Le deuxième engagement de la table ronde a trait à un financement cohérent. Pour le président Keita, la recommandation essentielle à formuler est d’éviter des actions dispersées. Il s’est cependant prononcé en faveur du soutien des acteurs les mieux indiqués pour intervenir dans un contexte de crise humanitaire avant de souligner la volonté de notre pays de souscrire pleinement aux engagements.
Durant la journée du mardi, le président de la République a participé à d’autres tables rondes consacrées notamment aux « impact des crises et conflits sur l’éducation ». Il a noté à ce propos qu’aujourd’hui, la problématique de l’éducation est une réalité partagée par nombre de pays. Les problèmes ont été plus accentués dans les contrées qui ont connu des catastrophes ou tragédies et des conflits. Ces cas extrêmes sont symptomatiques des difficultés éprouvées globalement par les systèmes éducatifs des pays en développement, notamment ceux du continent africain à répondre efficacement aux besoins de scolarisation. Pourtant tous les diagnostics ont été posés. Ils ont simplement du mal à passer auprès des citoyens. Ceux-ci s’accordent tous sur la nécessité d’aller à une nette amélioration de la qualité de l’éducation par les ressources financières à consacrer et la disponibilité des compétences. Nos pays sont confrontés à des difficultés en matière d’éducation mais celles-ci ne sont pas insolubles.
Durant cette table ronde sur l’éducation, le président de la République a peint la situation globale de l’éducation dans notre pays et la particularité des régions septentrionales touchées par la crise de 2012. Il a reconnu que des difficultés réelles, parfois antérieures à la crise, se posent à l’école malienne. En attestent les statistiques. Dans les régions septentrionales, 37% des écoles ont été endommagées ou détruites. Pour le chef de l’Etat les efforts accomplis pour inverser cette tendance doivent se poursuivre. A cet effet, il a précisé que 53% enfants scolarisés avant la crise ont repris le chemin de l’école au Nord.
Le président Keïta est revenu à ce propos sur l’insuffisance de l’expertise nécessaire et l’indisponibilité des enseignants dans les zones touchées par le conflit. Ibrahim Boubacar Keïta a aussi souligné les entraves constituées par les faibles capacités économiques des familles déplacées et les capacités d’absorption des écoles. Enfin, le chef de l’Etat a rappelé les multiples actions engagées pour corriger les choses, un effort à faire dans le respect de la laïcité de la République et des formes républicaines. Il a, à ce sujet, déploré la situation de Kidal où l’école a fermé ses portes pendant près de 3 ans.
Envoyé spécial
B. DOUMBIA
Sommet humanitaire d’Istanbul : LA PREMIÈRE DAME PLAIDE POUR UNE PROTECTION ACCRUE DES FEMMES EN TEMPS DE CRISE
L’épouse du président de la République, Mme Keita Aminata Maïga, a été spécialement invitée par la Première dame de Turquie, Mme Emine Erdogan, à participer à des évènements organisés en marge du premier sommet humanitaire mondial. C’est dans ce cadre que Mme Keita Aminata Maïga est intervenue dans un panel consacré à la prise en charge des femmes et des enfants dans des situations de crise humanitaire. C’était en présence de plusieurs autres Premières dames et de l’épouse du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies.
Les questions liées à la femme et à l’enfant représentent un intérêt particulier pour les dirigeants du monde et les organisations humanitaires. La communauté international estime qu’il n’est plus acceptable que ces couches vulnérables continuent à payer le plus lourd tribut aux catastrophes naturelles, épidémies et autres tragédies mais surtout à la bêtise humaine (les guerres et autres conflits internes).
Aujourd’hui, la gestion des crises humanitaires se pose à la fois comme un problème de développement mais aussi un combat de génération. Qui mieux que les épouses des chefs d’Etat et de gouvernement pour assurer le plaidoyer en faveur de la résolution des crises humanitaires et soutenir les multiples efforts accomplis par les organisations humanitaires ou de promotion des droits de la femme et de l’enfant ?
Mme Keita Aminata Maïga s’inscrit parfaitement dans ce régistre et entend soutenir l’élan de solidarité en faveur de l’amélioration de l’action humanitaire pour les personnes en nécessité de soutien. Le constat de l’épouse du chef de l’Etat est, à ce propos, implacable. « Le monde est devenu le théâtre de multiples conflits armés, de tragédies humaines que nul ne saurait qualifier », a-t-elle lancé soulignant que ces phénomènes ont engendré de graves crises humanitaires.
Malheureusement, notre pays figure dans ce sinistre tableau. La Première dame a ainsi rappelé que le Mali a connu une crise multidimensionnelle qui a eu des conséquences sérieuses. 137 000 Maliens sont aujourd’hui refugiés dans les pays limitrophes et ces statistiques rappellent l’urgence de retrouver la paix et tranquillité dans les différentes régions de notre pays.
Mme Keita Aminata Maïga a demandé aux décideurs de pousser dans la même direction en matière de prise en charge des besoins de la femme et de l’enfant dans les situations de crise humanitaire. « Nous sommes triplement interpellées en tant que mères, femmes et citoyennes éprises de paix », a plaidé la Première dame.
Elle a souligné la détermination de ces femmes victimes des crises humanitaires de se surpasser, nonobstant leur vulnérabilité, pour améliorer leur qualité de vie. C’est pourquoi ces femmes méritent des soutiens, a jugé Mme Keita Aminata Maïga qui a invité les dirigeants du monde à s’employer à préserver une paix qui, selon elle, n’a pas de prix. Elle a plaidé aussi pour le renforcement de la protection de la femme par des législations adéquates pendant les crises humanitaires.
B. D