Décidément, le Mali est frappé par une sorte de « virus de l’emballement politique » qui semble n’épargner aucun lieu des hautes sphères du pouvoir.
Bien de maladresses et de fausses manœuvres ouvrent des brèches à toutes sortes de commentaires et d’interprétations sur la situation actuelle que traverse le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK).
Les grincements de dents sont nombreux ces derniers temps dans les milieux officiels sur les jugements portés par des observateurs sur le recul de la gouvernance démocratique, qui portent sur la mauvaise gestion du dénier public, la vie chère, la corruption, l’ingérence de la famille présidentielle, la crise du Nord, la partition du Mali, l’insécurité, les retombées invisibles de la croissance etc.
De l’observateur extérieur qui livre ses analyses sur l’état de la gouvernance politique aux statistiques internationales sur la pauvreté et la mauvaise gouvernance, le Mali est mis au pilori. Le pouvoir a du mal à soigner son image et retrouver ses marques pour rassurer les citoyens en se débarrassant au plus vite des discours sulfureux et de mesures sociales lénifiantes. Le gouvernement peine à se mettre à niveau dans ses exercices de communication.
Comme si chaque Ministre, chaque conseiller ou chargé de mission à la Présidence incarne une vision indépendante de l’État, une sorte de donneur de leçon ayant mandat de livrer ses idées en vrac, que cela serve ou au contraire dérègle le centre névralgique de la machine politique gouvernementale. Que cela déplaise aussi aux pauvres populations. On aura assisté à tous les coups d’essais des dignitaires opportunistes et zélés. Au centre de la bataille des titans politiques, c’est le peuple qui souffre des règlements de comptes.
Les batailles pour la lutte contre la corruption du régime qui croisent le fer contre les combats pour la transparence engagée entre le pouvoir et l’opposition sont encore très vives pour que les acteurs acceptent de voir la réalité que vit aujourd’hui le Mali. Au lieu de jouer à l’apaisement, le Président de la République creuse des fossés, sociaux et économiques. Le fait-il sciemment ou par maladresse, ou veut-il détourner les maliens des vrais réalités pour masquer les effets d’une crise économique qui pèse sur le pays et qui menace d’engendrer une déflagration du tissu social.
En touchant les points sensibles comme la lutte contre l’impunité et la pauvreté, le Président ne fait que souffler sur des braises. IBK et son gouvernement ont agité ces derniers temps le paysage politique, social et économique du pays. Pour avoir engagé des Ministres à effectuer l’achat de 42 véhicules pick-up à 2 milliards 300 millions FCA, soit 54 millions l’unité, alors que sur le marché national, le prix varie entre 10, 12 et 14 millions. S’y ajoute, la duplication par le programme gouvernemental de l’installation de fibres optiques couvrant 1300Km du le territoire national. Et le hic dans ce programme, c’est que le prix du km revient à 27 millions FCFA, soit un total de 35 milliards pour l’installation des 1300Km. Pendant ce temps, le Mali connaît chaque jour qui passe, une vie de plus en plus chère. Rare sont les familles qui mangent trois fois par jours. Quant à l’électricité, elle est devenue un luxe et son prix est hors de portée.
Un pavé dans la mare politique que le régime tente par tous les moyens de rectifier le tir et calmer le courroux des maliens. La bombe provoquée par l’insécurité dans le pays et l’absence de souveraineté de l’État sur certaines parties du Mali est venue crisper la situation sociale et mettre à mal les stratégies du gouvernement.
Au lieu de se ressaisir et tenter d’atténuer le choc et les coups de boutoirs contre le pouvoir, les faucons politiques du régime multiplient les maladresses, sans retenue, dans les réunions des partis de la mouvance organisées dans la plus grande improvisation à Bamako et à l’intérieur du pays.
L’image du Mali en pleine reconstruction est très loin des réalités flagrantes d’un pays où les injustices sociales accentuent les clivages et compromettent la stabilité politique d’un pays déjà miné par les dissensions de toutes sortes au nom d’une volonté de faire main basse sur les leviers de commande…
Jean Pierre James