Tout est parti du démantèlement, d’un abattoir clandestin de bourricots dans la zone rizicole de Kolongo (région de Ségou) par une mission du Ministre de l’Élevage et à la suite d’une visite de terrain des élus de Kati, le 18 mai dernier, sur le site d’abattage de Sanakoroba, à une quarantaine de kilomètre, à la périphérie de Bamako, sur la route de Bougouni. Appelée « Ferme d’embouche et d’aviculture de la Société Chinoise Malienne de Commercialisation des Produits Animaux (SCMPA-SARL) », cette unité d’abattage de Sanakoroba est gérée par notre compatriote Moussa Diawara, un Malien de la diaspora en Chine rentré au bercail depuis quelques années.
En effet, depuis ces découvertes, les révélations se multiplient sur la commercialisation de la viande d’âne dans nos marchés. Les malfaiteurs abattent des ânes avant d’écouler la viande sur le marché noir.
«Malheureusement, c’est une réalité. Il faut le reconnaître, il y a bel et bien de la viande d’âne sur le marché», explique un vétérinaire de l’Abattoir Frigorifique de Bamako.
Ce dernier révèle qu’il existe des malfaiteurs qui s’adonnent à ce trafic de viande d’âne mélangée à celle de bœuf désossée pour la placer sur le marché.
Des révélations qui suscitent l’indignation des maliens qui sont à 95% de confession musulmane. Il faut souligner que si l’islam tolère la consommation de la viande de cheval, mais celle de l’âne est prohibée. Pour notre veto, la source du mal réside dans l’abattage clandestin. «L’abattage clandestin nous prend plus de 50% de notre part de marché, alors que nous sommes habilités à procéder à l’abattage qui est une mission publique qui nous a été confiée par l’État», déplore notre Dr vétérinaire.
Autrement dit, plus de la moitié de la viande consommée par les maliens n’est pas certifiée par un vétérinaire assermenté. Le pire, c’est que certains abatteurs clandestins arrivent à recopier l’estampille de l’Abattoir frigorifique pour faire croire que la viande qu’ils commercialisent est certifiée par un vétérinaire.
Certains bouchers révèlent que l’abattage de l’âne est surtout motivé par le commerce très lucratif de sa peau (qui serait vendue environ 30.000 FCFA, alors qu’il suffit d’avoir 10.000 FCFA pour acheter un âne). Seulement, les malfaiteurs en profitent pour écouler aussi la viande dans le marché.
En attendant, ces révélations suscitent une telle indignation que le ministère de l’Élevage a donné des instructions «très claires» à l’ensemble des techniciens, notamment les inspecteurs des marchés, pour qu’ils soient «plus vigilants» afin d’appréhender tous ces malfaiteurs.
Mariam Konaré