L’Université de Ségou (US) est malade. Malade de sa gestion qui ne cesse de dégringoler, depuis des ans. Malade, aussi et surtout de son Chef financier, Mamadou Salif Diakité qui, en dépit de sa mauvaise gestion et de son départ tant réclamé par les travailleurs du Rectorat que par les professeurs de l’Université, garde encore son poste. Avec la bénédiction des bonzes du ministre de l’Enseignement Supérieur, auxquels il s’en prend, désormais avec véhémence.
« Comment puis-je faire une gestion rationnelle des fonds de l’Université de Ségou, si je dois faire des gestes à tous ces gens ! En même temps, préparer ma retraite, prévue en décembre prochain ».
C’est, en substance ce que le Tout-puissant Chef du service des finances de l’Université de Ségou, Mamadou Salif Diakité, aurait confié à un de ses proches, face aux multiples sollicitations émanant de ces « pots » tapis dans les dédales du département de l’Enseignement Supérieur.
Rapportée, à notre Rédaction par un autre proche du « prince » financier de l’US, cette déclaration empreinte de colère, traduit deux sentiments. D’abord, un sentiment d’agacement, vis-à-vis de ceux là-même, que le Chef du service des fiances de l’Université de Ségou appelle, pompeusement, « tous ces gens ». Notamment, des hauts cadres du Ministère de l’Enseignement Supérieur dont nous tairons les noms, pour l’instant qui ne cessent de le solliciter, qui pour s’offrir des maisons ou une nouvelle bagnole, qui pour se tailler des vacances à l’étranger… lui ont fait une promesse : celle de le maintenir, contre vents et marées, à son poste.
Ensuite, un sentiment de révolte, contre le département de l’Enseignement Supérieur en place. Les proches du ministre à qui il se voit obligé de « faire des gestes » du moins, s’il veut rester à son poste.
Incapable de se maintenir à son poste, par ses seuls résultats, Mamadou Salif Diakité, chef du Service des finances du Rectorat de Ségou, se voit ainsi, obligé de délier les cordons de la bourse. Conséquence : c’est le nom paiement aux profs des primes d’encadrement des étudiants en fin de cycle ; le blocage des sommes dédiées au paiement des heures supplémentaires, la gestion clanique des ressources humaine et financière et l’affairisme et la magouille à la pelle.
Un seul exemple suffit pour se rendre à l’évidence : l’octroi de primes le lundi 16 mai dernier à des contractuels, au grand dam des fonctionnaires de l’État. D’où la grogne à l’Université de Ségou. En clair, les ambitions du gouvernement tournent au cauchemar à l’US. Raison invoquée par les travailleurs: la mauvaise gestion à tous les niveaux. Ou presque.
Complicité des cadres du département
Face à ces irrégularités criardes au sein de l’Université de Ségou, les profs et les travailleurs du Rectorat –qui réclamaient, il y a quelques mois le départ du Chef financier, Mamadou Salif Diakité –sauront prendre leurs décisions : soit, pousser le gouvernement à nommer un nouveau Chef financier à l’Université de Ségou, soit observer des journées mortes, pour contraindre les autorités à se débarrasser de « l’encombrant » Chef financier. Mais le Ministre Tall n’en a cure. Le Tout-puissant financier de l’US, Mamadou Salif Diakité, aussi.
À un autre proche, rencontré, M. Diakité aurait déclaré « Mon maintien à ce poste n’est pas lié à la gestion du Service des finances du Rectorat de Ségou; mais au fait que je fais l’affaire du ministre Tall et de ces proches ».
Traduction : que les fonds de l’Université de Ségou soient bien gérés ou pas, le Chef financier, Mamadou Salif Diakité, s’en fiche. Si telle est l’analyse du responsable financier de l’US, chargé de bien gérer la politique universitaire du gouvernement, c’est un mauvais présage. Pour le ministre de l’Enseignement Supérieur, mais aussi pour notre pays.
Autrement dit, le département de l’Enseignement Supérieur, en lui-même, porte les germes de sa propre destruction. Infiltré, par des opportunistes de tous bords, et pris en otage –le ministre, avec –par des hommes que notre histoire inculpera si ce n’est déjà fait de « crime contre la nation », le programme universitaire du gouvernement avance mais le Mali recule. La corruption a franchi le seuil du tolérable. L’homme-cabot s’est retrouvé à la place pivot. Et vice versa.
Même au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur, Mamadou Salif Diakité, Chef Financier de l’Université de Ségou tient tout le monde. « À part quelques responsables, que je considère comme des hommes intègres, il n’y a pas un seul cadre du département qui n’a pas bénéficié de mes largesses ! », aurait-il rétorqué à un haut responsable de son département de tutelle, qui voulait lui faire des remontrances
Arrogance, mépris pour certains collègues, airs supérieurs… Telles sont entre autres, les « qualités » de l’homme, qui se vante d’avoir eu le mérite et autant de longévité à la tête de l’Université de Ségou.
Nommé dans des conditions que l’on sait, Mamadou Salif Diakité, chef du Service financier du Rectorat, poursuit sa carrière à la tête de l’Université de Ségou, en tant que contractuel. En dépit des scandales qui ont émaillé sa gestion : paiement de livraisons et de prestations non effectuées, mauvaise tenue de l’état d’inventaire, manque de suivi dans la gestion des finances, insuffisance de contrôle interne, non concordance entre les factures et le livre journal, non mise à jour de la comptabilité matière, recrutement des coquins et coquines etc.
Mais ce qui taraude les méninges de nos concitoyens, c’est la suite qui sera réservée au rapport d’enquête sur la gestion de l’US; lequel rapport accuse le Rectorat de Ségou de « mauvaise gestion », ayant laissé un trou de 1,73 milliard de francs CFA. Alors question : les gestionnaires de l’US de Ségou répondront-ils un jour, de leurs actes devant les tribunaux ?
« Une telle hémorragie, compromet les actions de développement de notre pays qui connaît un taux de pauvreté parmi les plus élevés au monde », ajoute des enquêteurs au sujet de la gestion de l’US. Décidemment, les gestionnaires de l’Université de Ségou et leurs complices sont mal barrés. Le gouffre financier creusé au niveau du Rectorat dépasse l’entendement. D’où la paralysie du service à tous les niveaux. Ou presque. Mauvais présage !
Arouna Traoré