Afin de répondre aux allégations qui l’impliquent dans des prétendues malversations autour de 27 milliards de francs CFA destinés à la réalisation de forages au moment où il était président de la Commission de l’UEMOA, le Chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, s’est expliqué le mardi dernier à la Maison de la Presse devant les médias. Mais l’homme s’en défend sans convaincre…
Le Chef de file de l’opposition malienne est dans de sales draps. Soumaïla Cissé, alias Soumi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aujourd’hui, rattrapé par son passé dans l’affaire du financement des forages de l’Agence Française de Développement (AFD) à Dakar.
Dans ses explications, Soumi dément en bloc les allégations contre lui. Avant de marteler : « On m’accuse d’avoir volé 27 milliards. Si j’avais cette somme aujourd’hui, les Maliens, particulièrement, les Bamakois ne souffriront jamais de soif. Ce sont des mensonges et je n’ai rien à me reprocher dans cette affaire. Ceux qui pillent l’argent du pays sont connus ».
En bloc, pour l’ex président de la commission de l’UEMOA, l’Honorable Soumi, cette accusation est un faux débat. À tout le moins une tentative pour ternir son image dans le contexte d’une gouvernance bien émaillée de scandales.
Mais à quoi s’attend donc l’Honorable Soumaïla Cissé qui, après avoir fourni un droit de réponse sur l’affaire des 27 milliards, se croit lavé de tout soupçon ? Que nenni ! De notre humble avis de citoyen malien, en se limitant à un simple droit de réponse adressé au journal sénégalais et à une conférence de presse à la Maison de la Presse, l’ancien président de la commission de l’UEMOA, crée d’autres zones d’ombre sur cette affaire qui ne doit pourtant pas être prise à la légère. Tout d’abord, si l’accusation du journaliste sénégalais sur les 27 milliards que posséderait Soumi s’avérait fondée, la volonté de ce dernier d’accéder à la magistrature suprême connaîtra sa fin. Car, ses compatriotes maliens n’auront jamais compris comment l’honorable Cissé a dû amasser une telle fortune.
De même, cette affaire des forages a, dans le passé, suscité des interrogations, et Soumaïla Cissé qui n’est qu’un pur produit des différents systèmes qui se sont succédé au Mali depuis vingt ans, aura du mal un jour à s’offrir le chapeau d’un homme tout à fait propre. D’ailleurs, ce sont toujours des affaires louches qui lui ont été reprochées qui lui ont valu les défaites à chaque élection présidentielle. En revoyant son nom figuré, une énième fois dans la même affaire, assez grave, Soumi devrait, s’il est sûr de lui, porter au minimum, une plainte pour diffamation contre l’auteur de l’article l’incriminant, au lieu de se limiter à un droit de réponse qui ressemble à un arrangement entre lui et le journal sénégalais plutôt qu’à un démenti.
Mieux, Soumi doit indiquer aux maliens, là où se trouvent les 450 forages qu’il a réalisé au Mali. Où à défaut, l’AGETIPE qu’il déclare avoir été le maître d’ouvrage doit publier la liste et le nom des localités qui ont réceptionné lesdits forages. Soumi n’est pas résigné à ce point, jusqu’à ce qu’il gobe de la diffamation par voix de presse sans porter plainte. En tout cas, les maliens ont vu l’homme interpeller un italien qui a survolé son domicile, avec un drone. Et un individu qui réagi de la sorte, n’acceptera jamais que son image soit ternie, surtout, par voie de presse, sans qu’il ne porte plainte devant la justice pour diffamation.
Soumi n’est pas au dessus de tout soupçon
À ces jours où Soumi ne perd aucune occasion pour demander des comptes au régime IBK, conformément à ses devoirs d’opposant, il serait beaucoup plus généreux de sa part d’aller au-delà des commentaires. D’autant plus, les documents de référence qu’il cite dans sont droit de réponse sont si difficiles à vérifier qu’ils paraissent vertigineux pour le citoyen qui a droit à la vérité.
On aurait aussi cru en les défenseurs de Soumaïla Cissé s’ils étaient parvenus à faire parler le Gouverneur Général de la BCEAO, qui d’ailleurs, peut être au courant de telles affaires mieux que quiconque. Étrangement, dans son droit de réponse, Soumi insinue qu’il n’a jamais ouvert de compte bancaire dans les livres d’Ecobank. Tant pis ! Mais est-ce que Soumi peut-il prouver qu’aucun de ses proches, censé le protéger n’y détient un compte ? Cela parce qu’en Afrique, beaucoup de ceux qui craignent pareilles situations, ont des comptes bancaires domiciliés soit au nom de leur fils, fille ou proche… Les Maliens ont droit donc à cette lumière.
Enfin, il est indéniable avec cette affaire qui va et revient comme du vent que jamais un responsable d’une institution communautaire n’a été aussi controversé dans sa gestion autant que notre compatriote Soumaïla Cissé. Ce qui ne fait pas honneur au Mali et aux Maliens au nom desquels il a travaillé à l’UEMOA.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’une affaire URD, mais UEMOA. Cependant, Soumi doit prouver par tous les moyens. Il doit prouver parce qu’il sait parler des affaires de fraude, de corruption des autres. Il doit prouver parce qu’il s’est réagir aux attaques dont il fait l’objet.
Aussi, Soumi ne manque pas d’occasions pour préciser : « Si les uns et les autres disent que j’ai volé tout l’argent de la CMDT, du Ministère de l’Économie et des Finances, et de l’UEMOA, une chose est sûre et certaines, aucune plainte n’a été portée contre moi. Cela veut dire ce que ça veut dire. Je suis un homme honnête ». Alors, il doit prouver… En conséquence, Soumi ne doit rien tolérer, il doit aller au-delà des répliques. Autrement, il doit engager des poursuites contre ceux qui le font passer pour un corrompu. Faute de quoi, il demeurera toujours un suspect aux yeux de ses concitoyens…
En attendant, le chef de file de l’opposition malienne, l’Honorable Soumaïla Cissé, n’est pas au dessus de tout soupçon !
Jean Pierre James