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Pr Mohamedoun Dicko, Historien : « La lutte collective contre le terrorisme est le gage de la stabilité de l’Afrique »
Publié le vendredi 27 mai 2016  |  Le Pouce




Le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, 31 Chefs d’Etats et de Gouvernement plaçaient les fonts baptismaux de l’Organisation de l’Unité Africaine devenue en 2002 l’Union Africaine. A l’occasion de la 53ème anniversaire de la création de l’organisation panafricaine, nous avons tendu notre micro au Professeur Mohamedoun Dicko, historien émérite de son état. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder le 25 mai 2016, journée de l’Afrique, le Pr Dicko, premier secrétaire général du parti ADEMA-PASJ, qui n’est plus à présenter, souligne la nécessité de la mise en place d’une force africaine pour assurer la défense du continent face aux défis sécuritaires.
Le Pouce : 53 ans après sa création que peut-on retenir de l’organisation panafricaine ?
PR MOHAMEDOUN DICKO : « Je pense que c’est déjà une victoire que les Africains se soient rassemblés et créer cette organisation. La plupart des Etats Africains venaient d’accéder à l’indépendance et il n’était pas évident qu’en cette période de la guerre froide de réaliser ce projet. Pour moi, la création de cette institution a été positive même si certaines attentes n’ont pas été juste que là comblées. On peut dire que ça été une bonne chose, car, en son temps, le poids du système colonial pesait encore lourdement sur tous ces Etats.
On doit saluer le fait que ces chefs Etats qui n’avaient pas tous les mêmes idéologies, ont réussi à se retrouver autour d’un objectif commun qu’est l’Afrique. Notre premier président, Modibo Keïta a joué un rôle très important aux côtés de ses pairs pour la réalisation de cette ambition.
C’était courageux de leur part. Il faut que les gens comprendre qu’on ne peut pas rattraper facilement le temps. Ce sont des étapes qu’il faut surmonter. Toute construction politique demande du temps, de l’écoute et de la patience. Aujourd’hui, les Chefs d’Etats sont passés à une étape de leur combat pour l’Afrique. Le monde a changé et on ne vit plus les mêmes problèmes que pendant les indépendances. Chaque époque historique a ses problèmes. C’est l’histoire qui crée les hommes. Chaque Chef d’Etat africain sait aujourd’hui que seul, il ne peut rien faire. La plupart des Etats africains n’ont pas les moyens économiques de leur politique ».

Le Pouce : Que préconisez-vous pour que les objectifs assignés puissent davantage combler les aspirations du peuple ?
PR MOHAMEDOUN DICKO : « D’abord les africains doivent tirer les leçons des expériences des 53 ans d’existence de l’organisation. Il ya ce que l’on veut et ce qui est réellement possible. Il me semble aujourd’hui qu’il ya plus de précisions pour dire comment on doit aller à une vraie union africaine, c’est-à-dire une confédération africaine. Les éléments dont on dispose sont certainement beaucoup plus clairs que pendant les premières années des indépendances. Si nos Etats se donnent la main et se mettent aux dessus des aspirations particulières nous pouvons relever ce défi. Le rôle de l’Union Africaine dépend de la capacité de participation de chaque Etat membre. L’Union Africaine ne peut rien faire que ce que les Etats membres veulent comme acte. L’Union africaine n’est pas un gouvernement supra national. Il n’a pas les moyens juridique et politique pour imposer quoi que ce soit sur un Etat souverain. Tout passe par le dialogue et les discussions.
Dans cette gestion, chaque Etat défend sa souveraineté et ses intérêts. C’est normal. Pour moi, la mise en place d’une force militaire africaine sera un pas pour faire face à grand défi sécuritaire savoir le terrorisme. Même les grandes puissances ont du mal à contrer ce fléau. Personne ne viendra nous défendre convenablement ici. Si c’est le cas, alors ce sera au risque de céder une partie de notre souveraineté comme une garantie. Cette situation contribue à l’affaiblissement de nos pays. Avec une force africaine bien structurée, on peut barrer la route au terrorisme. Nos Etats sont à mesure de réaliser cette ambition. On arrivera à ça, tôt ou tard puisse que les choses se font quand le besoin s’impose. Il faut que les Etats africains prennent conscience de la nécessité de la mise en place d’une force militaire pour sécuriser le continent.
C’est très important. Il n’y a pas de paix et de développement sans sécurité. La lutte contre le terrorisme est le gage de la stabilité africaine. Aucun Etat africain ne peut seul combattre le terrorisme ».
Le Pouce: un appel ?
PR MOHAMEDOUN DICKO :« Je pense que les africains doivent travailler à trouver les voies et moyens pour arriver aux objectifs déjà fixés lors de la création de l’OUA. Quelques soient les difficultés, les africains doivent continuer ensemble à pérenniser les acquis de l’Union Africaine. C’est un travail de plusieurs générations. Il faut y aller avec courage pour faire face aux exigences d’un monde de plus en plus globalisé. On prend de de la maturité. De plus en plus, on a des cadres qui sont conscients des enjeux sécuritaires et politiques. Resserrons les rangs pour préserver les valeurs et principes de cette précieuse organisation qui doit se hisser pour le bien être des Africains ».
Entretien réalisé par Jean Goïta
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