Au Mali, l’opposition joue à un jeu dangereux en exploitant les failles du système de sécurité. Cela peut lui revenir au visage comme un boomerang. La crise du nord a plongé le Mali dans une situation incomparable. Aujourd’hui, le pays tente de se relever de cette crise qui a débuté en 2012 avec l’attaque puis l’occupation des villes du nord notamment Kidal, Gao, Tombouctou, etc. par des groupes rebelles appuyés par des mouvements armés affiliés au groupe El qaida. Cette crise a fait et continue de faire de nombreuses victimes.
Les élections de 2013 qui ont vu l’élection du président de la République et un retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat qui a renversé le pouvoir de ATT par des militaires qui l’accusent d’être à la base de l’effondrement de l’Etat face à la rébellion, n’ont pas changé grand-chose. Du moins, sur le plan sécuritaire où les choses stagnent. Politiquement, le Mali a renoué avec la communauté internationale et arrive à mobiliser pour la défense des intérêts du pays. Mais, militairement et sur le terrain, les choses paraissent plus compliquées malgré une présence massive des soldats de l’ONU et la signature d’un accord de paix et de réconciliation avec les groupes armés sous l’égide de l’institution internationale.
Pour l’opposition, le problème réside dans l’accord lui-même qui, à ses yeux, n’a pas été inclusif. Pour le gouvernement, l’accord malgré ses faiblesses, constitue déjà, une porte de sortie qu’il faut judicieusement exploitée. La communauté internationale va dans le même sens. « L’accord n’est pas le plus parfait, mais, un mauvais accord vaut mieux que l’absence d’un accord ». Voici résumée la pensée des défenseurs dudit accord d’Alger.
Aujourd’hui, soit plusieurs mois après l’entrée en application de l’accord, les choses n’ont pas l’air de tellement bougé. Le processus de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion), l’élément central de l’accord prend du plomb dans les ailes. Les parties se jettent la responsabilité. Les attaques meurtrières se multiplient malgré la signature d’un cessez-le-feu.
Une situation qui conforte l’opposition dans ses convictions qui, de plus en plus, en profite pour porter des coups politiques au pouvoir, à moins de deux ans des élections présidentielles. Nul doute, pour l’opposition, c’est le moment de porter un coup de grâce au président IBK qui ne peut compter sur sa majorité.
A l’opposition, la stratégie est claire : exploiter les failles sinon les faiblesses de l’accord d’Alger ; utiliser les contestations sociales comme arme politique contre le président IBK.
L’opposition dira que c’est de bonne guerre. Pour accéder au fauteuil présidentiel, tous les coups sont-ils permis ?
La crise du nord devrait souder les Maliens. Opposition et majorité devraient souffler dans la même trompette pour ne pas affaiblir les institutions de la République.
Cependant, l’opposition glisse dangereusement et est en train de franchir la ligne rouge. Ou du moins, deux hommes : Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition et Tiébilé Dramé, un homme à la recherche d’une légitimité qu’il n’a pas eu dans les urnes. Le président du parti FARE, Modibo Sidibé, a du mal à suivre ses « amis » sur ce terrain glissant. Au point qu’il lui a été signifié de clarifier sa position politique. Certainement que pour Modibo Sidibé qui n’a pas participé à la grande marche de l’opposition, utiliser la souffrance du peuple ; utiliser l’accord de paix comme arme politique contre le pouvoir en place, peut se révéler aussi dangereux qu’un boomerang.
Tièmoko Traoré