Il y a vingt-cinq ans jour pour jour, des hommes et des femmes, après de longues années de luttes clandestines pour un Mali d’un mieux-être possible, portèrent sur les fonts baptismaux l’ADEMA, Parti Africain pour la Solidarité et la Justice. Ces hommes et ces femmes dont la seule ambition d’hier à aujourd’hui est de servir le Mali, ont ainsi ouvert la voie pour l’émergence d’un pays plus prospère, plus juste, pour plus d’égalité, de solidarité et de travail. Le parti d’Abdrahamane Baba Touré, d’Alpha Oumar Konaré, de Mohamed Lamine Traoré, de Kadari Bamba, d’Ibrahim Boubacar Keita, de Dioncounda Traoré, Ali Nouhoum Diallo, Iba N’Diaye, Tiémoko Sangaré, Abdoulaye Barry, Mme Sy Kadiatou Sow, Soumaila Cissé, Bakary Konimba Traoré dit Bakary pionnier BIKOTE, Soumeylou Boubéye Maiga, a dirigé le Mali pendant dix ans après 23 ans de régime dictatorial militaro-civil du CMLN-UDPM du Général Moussa Traoré. Que reste-t-il de l’héritage légué par les pères fondateurs de ce grand parti africain à la nouvelle génération ? L’ADEMA a-t-elle fini sa mission historique ? Son combat pour la démocratie et les droits de l’Homme ? Après les soubresauts qu’il a subis, l’ADEMA peut-il encore rebondir ?
La salle Bazoumana Sissoko du mythique palais de la culture Amadou Hampaté Ba a bourdonné comme un essaim, ce mercredi 25 Mai 2016 au rythme des abeilles et de leurs amis pour fêter avec ferveur le 25e anniversaire de la création de l’ADEMA-PASJ qui se confond avec les 25 années de la Démocratie au Mali. En témoignage à leur attachement aux idéaux panafricanistes, les pères fondateurs de l’ADEMA décidèrent un 25 Mai de porter sur les fonts baptismaux leur parti. La cérémonie qui fut très riche en couleur a été rehaussée par la présence de l’épouse du premier président du parti, Mme Adame Ba Konaré et par la présence toujours remarquable de l’ancien président de la Transition, le Professeur Dioncounda Traoré. On notait également à la loge officielle la présence de Modibo Sidibé ancien Premier ministre et président des FARES AN KA WILI, de Soumeylou Boubéye Maiga de l’ASMA-CFP, de Mme Ly Madina Tall, l’épouse du professeur Ibrahima Ly l’un des nombreux martyrs du régime de Moussa Traoré, par ailleurs directrice de campagne du candidat Alpha Oumar Konaré en 1992. On notait aussi la présence des représentants des partis amis comme l’URD, l’ADP-Maliba, le RPM, l’UM-RDA et le RDS.
Après l’exécution de l’hymne du parti, il y a eu la projection d’un film rétrospectif de quelques minutes retraçant non seulement le parcours de l’ADEMA, sa participation au combat à travers ses nombreux marches et meetings pour l’avènement de la démocratie, mais aussi et surtout les temps forts de la gestion des 10 ans de pouvoir ADEMA. Quelques grandes réalisations de l’ère AOK furent mises en exergue. Après ce rappel qui témoigna si éloquemment du bilan de l’ADEMA, l’assistance eut droit à des interventions des militants du parti et à celles des représentants des partis amis. Parmi les orateurs du jour, hormis les remarquables sorties du professeur Adame Ba Konaré, Dioncounda Traoré, Madina Ly Tall, Rokiatou N’Diaye, dont les discours peuvent être classés hors catégorie, nous pouvons retenir entre autres les interventions de Moustapha Dicko, de Beffon Cissé, Modibo Sidibé, d’Ali Nouhoum Diallo, et du Président de l’ADEMA Tiémoko Sangaré.
Le président de la commission d’organisation M. Moustapha Dicko, après avoir rendu hommage aux illustres militants et artistes disparus du parti, a répliqué comme le berger à la bergère aux falsificateurs de l’histoire du Mali. Il a rappelé aux auteurs du livre « Le Mali sous Moussa Traoré » les nombreux crimes commis pendant les 23 années de dictature du Général Moussa Traoré. Ce livre qu’il a qualifié à juste raison d’apologie est une insulte aux Martyrs de la dictature. Il conclura son intervention par la reconnaissance de la grandeur des œuvres d’Alpha Oumar Konaré.
Quant à Beffon Cissé, représentant de l’Union pour la République et la Démocratie, URD, sa brève intervention a rappelé les liens si étroits entre l’ADEMA et son parti. Il a rendu hommage à l’ex première Dame Adame Ba Konaré qui a été pendant les dix ans de règne de son mari une femme humble, effacée et exemplaire et qui ne s’est jamais mêlée à la gestion du pouvoir encore moins ses enfants. Il a aussi exhorté l’ADEMA à assumer son rôle en tant que parti historique pour le bonheur de la démocratie malienne.
La troisième intervention qui a aussi attiré l’attention de l’assistance aura été celle de l’ancien PM Modibo Sidibé. Comme à la conférence nationale de l’ADEMA, le président des FARES ANKA WULI a continué son opération de séduction et de main tendue à l’ADEMA pour la constitution d’un pôle de gauche au Mali. Comme une obsession, la constitution d’un regroupement de gauche semble être l’ultime cheval de bataille de survie des FARES ANKA WULI. Modibo Sidibé espère-t-il obtenir l’investiture du parti d’Alpha Oumar Konaré en 2018 ? Son absence remarquée à la marche de l’Opposition du 21 Mai 2016 procède-t-elle de cette stratégie ?
Le quatrième discours qui a attiré l’attention de l’auditoire est celui du Pr Ali Nouhoum Diallo, de l’ADEMA Association. Dans un pamphlet dont il a le secret, le Pr. Diallo a rappelé les différentes crises qui ont secoué le parti de l’Abeille : du départ de Mohamed Lamine Traoré parce que « les frelons ont envahi la ruche », à celui d’IBK parce que le parti qui profilait à l’horizon ne correspondait plus à l’éthique ni à sa morale politique, jusqu’à Soumaila Cissé qui a quitté la ruche parce que se sentant trahi par ses camarades qui ont soutenu un indépendant, le général Amadou Toumani Touré contre le candidat du parti. Il a fait cas également des départs d’autres militants pour des raisons personnelles. Le Pr Ali Nouhoum Diallo n’a pas manqué de rappeler le combat de l’Association de l’ADEMA, contre la révision constitutionnelle sous ATT et surtout de son soutien au FDR après le coup d’Etat du 22 mars 2012 d’éléments incontrôlés de l’armée contre le régime démocratiquement élu d’ATT.
Le cinquième discours qui est celui du Président de l’ADEMA, le Pr. Tiémoko Sangaré, a surtout séduit les militants par son cri de cœur. En parodiant le célèbre « I have a dream » du Pasteur Martin Luther King, il a aussi fait le rêve de voir un jour les présidents de l’ADEMA : Alpha Oumar Konaré, Dioncounda Traoré et Ibrahim Boubacar Keita se donner la main pour la reconstitution de la grande famille ADEMA et surtout pour sauver le bateau Mali du naufrage. Il a appelé de tous ses vœux à la constitution d’un grand pôle de gauche au Mali regroupant les partis de l’Opposition et de la Majorité qui partagent les valeurs de l’International socialiste. Réitérant le soutien de son parti au Président de la République IBK et à l’Accord de paix et de réconciliation de Bamako issu des pourparlers d’Alger, le Président des Abeilles a exprimé sa solidarité aux Peuples martyrs à travers le monde. Il a enfin condamné le terrorisme qui est loin d’être l’islam.
En définitive, la fête anniversaire des 25 ans de l’ADEMA-PASJ aura tenu toutes ses promesses, tant en termes de mobilisation qu’à la qualité des invités qui ont rehaussé l’éclat de ce témoignage à l’ADEMA par leur présence si aimable et remarquée. Le public venu si nombreux aura sans nul doute aussi apprécié les notes mélodieuses des artistes aussi célèbres que Dabara, Amkoulel et Abdoulaye Diabaté. La seule question que les observateurs de la scène politique se posent est celle de savoir si l’héritage laissé par les pères fondateurs sera bien tenu par la nouvelle génération qui est beaucoup plus encline à se battre pour ses intérêts que pour la préservation de cet acquis précieux.
Vivement la reconstruction de la grande famille ADEMA.
Youssouf Sissoko