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Leçon de géopolitique : En quoi l’Arabie Saoudite et le Qatar constituent-ils un réel soutien à la mouvance extrémiste religieuse armée ?
Publié le vendredi 27 mai 2016  |  Infosept




Régulièrement et depuis plus d’une décennie déjà, l’Arabie Saoudite et le Qatar sont accusés d’être les soutiens obscurs du terrorisme religieux à travers le monde. Même si plusieurs fois des démentis ont été apportés par Riyad et Doha, mais aussi par leurs alliés occidentaux, ces deux royaumes ne parviennent toujours pas à se défaire de cette image de bailleurs de l’Etat Islamique et d’autres groupuscules extrémistes armés. Qu’en est-il réellement ? Sont-ils les seuls dans cette entreprise? Quid des financements ? Nous tenterons d’apporter des éléments de réponses à ces questions.

Le Qatar et surtout l’Arabie Saoudite sont la patrie du Wahabisme, doctrine ultra conservateur de l’Islam. La famille des «Al Saoud » au pouvoir depuis la réunification du Royaume, il y a plus de 100 ans, conquit le pouvoir par la force avec l’aide des adeptes de ce courant qui ne faisait point l’unanimité. Et depuis, un pacte fut scellé entre les Saoud et les wahabites. Ce n’est point le fruit du hasard si ce courant est largement majoritaire aujourd’hui dans le pays. Une influence qui s’étend au Qatar, qui en réalité pouvait bien faire partie du Royaume saoudien, vue la proximité culturelle et géographique. C’est d’abord en cela que l’Arabie Saoudite constitue un allié pour le terrorisme religieux, par ce courant ultraconservateur qui n’accepte aucune autre norme que la sienne dans l’Islam. Certains experts en géopolitique qualifient le Royaume comme un Daech qui a « réussi ». L’aspect idéologique est le premier facteur sur lequel l’on peut affirmer, avec très peu de risque de se tromper que le régime saoudien soutient, du moins ne serait-ce que de manière passive, la mouvance salafiste armée. Mais paradoxalement, la dynastie des Saoud est victime de son soutien aveugle au wahabisme. De l’intérieur et depuis plusieurs années, elle est menacée par les terroristes d’Al Qaida. Ces derniers veulent tout simplement renverser le régime pour instaurer un ordre nouveau encore plus puritain sans l’ingérence de ce qu’ils considèrent comme les « mécréants » de Washington, de Londres ou de Paris. Quant au Qatar, il est plus souple sur le plan idéologique que l’Arabie Saoudite bien qu’adoptant lui aussi la même doctrine du Wahabisme, il est bien plus ouvert que son allié saoudien.
Quid des financements ?
C’est là où beaucoup de spécialistes affirment que ces deux puissances en pétrodollars soutiennent, de manière indirecte et discrète, les groupes extrémistes armés. Au début des années 1990 déjà, les saoudiens appuyaient financièrement les moujahidines d’Oussama Ben Laden et les talibans de l’Afghanistan contre les soviétiques avec la complicité des américains, dans les balkans et le Caucase. L’aide de l’Arabie Saoudite se fait toujours en partageant l’idéologie politico-religieuse du Wahabisme. En retour, la Russie expulsa tout imam soupçonné d’adhérer à ce courant. L’Islam existe toujours en Russie mais pas celui prôné par l’Arabie Saoudite. Quant au Qatar, son financement pour le terrorisme est plus récent mais non moins important. Le Hamas palestinien que les occidentaux considèrent comme une organisation terroriste a un bureau politique à Doha. Et d’ailleurs, en 2014, l’Emirat avait menacé d’expulser le chef de ce bureau si toutefois il acceptait les propositions égyptiennes pour une tentative de résolution du conflit israelo-palestinien. Selon certaines sources, même les talibans auraient un bureau politique à Doha. Les soutiens du Qatar s’étendent aussi en Afrique. En Libye, Doha aurait appuyé les groupuscules extrémistes armés mais aussi au Mali où la presse française et certains spécialistes révélaient des liens étroits entre les tribus prônant la séparation du nord du Mali avec le puissant Emirat. Rappelons qu’avant Serval, le Croissant-rouge qatari était la seule organisation humanitaire autorisée dans le nord du pays. Mais, c’est surtout à travers l’embrasement de la crise syrienne que les deux pays du Golfe se sont les plus illustrés en fournissant armes et capitaux à des groupes armés soupçonnés de connivence avec des mouvements salafistes dont le plus célèbre est sans nul doute le Front Al Nosra.
En définitive, si l’Arabie Saoudite et le Qatar peuvent être considérés comme soutiens au terrorisme, ils n’en sont pas les seuls. Nous pouvons dire que bon nombre d’occidentaux soutiennent passivement le terrorisme. Dernier grand soutien en date, le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, en tenant un discours haineux et profondément raciste envers les musulmans, ne fait que renforcer les combattants de Daech et compagnie dans leur idéologie extrémiste.
Ahmed M.Thiam
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