Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a laissé entendre qu’il n’était pas opposé au retour de son prédécesseur Amadou Toumani Touré en exil à Dakar
"Je n’ai aucun problème avec Amadou Toumani Touré, on se verra bientôt. Je n’ai pas fait partir Amadou Toumani Touré, je ne le bloque pas à Dakar. Je sais qu’il m’entend et je le remercie d’avoir initié la journée paysanne au Mali. C’est à son actif", a déclaré le chef de l’Etat samedi à Baguinéda (banlieue de Bamako) lors de la Journée paysanne qui marque officiellement le lancement de la campagne agricole.
"Je suis reconnaissant à mon jeune frère Amadou Toumani Touré, dit ATT, et ex-président de la République du Mali, pour avoir initié la journée du paysan. Beaucoup de choses se disent dans nos relations, mais je sais qu’il n’y a [aucune intrigue ni rien de méchant entre nous]. Merci pour l’instauration d’une journée agricole au Mali. ATT à très bientôt", a indiqué le président malien.
Le retour d’Amadou Toumani Touré était une revendication clé de la marche de l’opposition et du grand meeting "An ka ben" (Donnons-nous la main) organisés le 21 mai dernier par les partisans de l’ancien dirigeant du pays.
Ces derniers temps, des voix s’élèvent fréquemment dans la classe politique (majorité et opposition) pour réclamer ce retour, car certains estiment que "l’exil d’ATT est une honte pour la République et la démocratie maliennes".
Né le 4 novembre 1948 à Mopti (centre), Amadou Toumani Touré est un général de l’armée malienne. Face à la sanglante répression de l’insurrection populaire de janvier-mars 1991, il avait pris ses responsabilités et fait déposer le 26 mars 1991 le général Moussa Traoré, à la tête d’une junte militaire. Il était alors lieutenant-colonel.
Après la transition démocratique (mars 1991-juin 1992), ATT a abandonné la tenue militaire pour se présenter aux élections présidentielles, qu’il remporte en 2002 avant d’être victime d’un coup d’Etat le 22 mars 2012 lors de son second mandat.
Après ce putsch, le président s’est exilé à Dakar avec sa famille en se tenant à l’écart de la vie politique de son pays.
Le 27 décembre 2013, le gouvernement malien a saisi l’Assemblée nationale, où siège la Haute Cour de justice, pour le juger pour "haute trahison" en raison de son rôle dans la crise qui a entraîné sa chute et l’occupation du nord du pays par les rebelles touaregs et les djihadistes.
Le parlement n’a pas encore pris de décision.