Au sortir de la réunion extraordinaire du sous-comité chargé des questions politico-institutionnelles de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, tenue le 19 mai dernier, la Cma et la Plate-forme ont décidé de suspendre temporairement leur participation à ce sous-comité. Ils estiment que le gouvernement ne leur prouve pas sa bonne foi, sa volonté politique d’aller de l’avant, dans la mise en œuvre de l’accord.
L’information a été donnée par les responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et de la Plateforme à la faveur d’un point de presse tenu le lundi 23 mai au cabinet du Me Arouna Toureh. Il était principalement animé par Me Arouna Toureh, accompagné de Fad Almahmoud et Moulaye Hahamed Ould Moulaye.
Selon Me Arouna Toureh, depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, la partie malienne, composée de la Cma, de la Plate-forme et du gouvernement, a connu des difficultés dans la compréhension des objectifs de cet accord, de ses impératifs, de ses obligations et surtout, des effets novateurs que le peuple malien attend de sa mise en œuvre.
Il a rappelé que le 19 mai dernier, le gouvernement, la Cma et la plate-forme se sont retrouvés en session extraordinaire du sous-comité chargé des questions politico-institutionnelles, en présence de la Médiation. Au cours de cette session, le conférencier Toureh a estimé que la partie gouvernementale traînait à comprendre qu’il y a une urgence à aller vite dans la mise en œuvre de l’accord ; à commencer par l’installation des Autorités intérimaires, le combat pour la sécurité, l’aide alimentaire...
C’est pourquoi, explique-t-il, au sortir de cette réunion extraordinaire du sous-comité chargé des questions politico-institutionnelles, ils ont décidé ensemble (Cma et Plate-forme) de suspendre temporairement leur participation car le gouvernement ne leur prouve pas sa bonne foi, sa volonté politique d’aller de l’avant dans la mise en œuvre de l’accord. Me Toureh a également souligné qu’ils ont attiré l’attention de la communauté internationale sur le fait qu’elle n’apparaît pas comme étant un vrai arbitre au sens de l’article 60 de l’accord, qui lui donne, à travers le Comité de suivi de l’accord (Csa), un pouvoir d’impulsion, de coordination, de suivi, de contrôle et de supervision.
À en croire toujours Me Arouna Toureh, le gouvernement ne respecte pas aussi la vie privée des mouvements et certains actes qui ont été négociés, convenus et paraphés dans le bureau du ministre de la Réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, n’ont pas été suivis d’effets. «On part en négociation avec le gouvernement dans son bureau. On n’arrive à s’entendre après 24 h de négociations. On paraphe un document à 00h et le lendemain, on nous dit que ce document est inexistant. Ça nous a effrayé», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Me Toureh a fustigé l’inertie du gouvernement et le comportement d’une partie de la communauté internationale qui ne respecte pas ses engagements, ses propres valeurs républicaines qu’elle respecterait dans son pays d’origine. «Il ne peut être accepté qu’on puisse arrêter un homme chez lui à 2h du matin, alors que rien ne prouve que cet homme est impliqué dans quoi que ce soit», a-t-il dit. Et Me Arouna Toureh de dénoncer l’immixtion du ministre de la Réconciliation dans les affaires des mouvements. Selon lui, son rôle est de faire en sorte qu’il y ait la cohésion et la réconciliation nationale. «Au lieu de cela, il fait autre chose contraire à l’objectif qui lui a été assigné par le gouvernement», a-t-dit.
Pour Moulaye Hahamed Ould Moulaye, la Plate-forme et la Cma tiennent à l’accord depuis sa signature et ne demandent que son l’application correcte. «Ceux qui défendent le plus cet accord, ce sont ceux-là qui aiment le pays parce que personne ne sait dans quelle impasse on va être demain, si cet accord n’est pas appliqué. On a donné le meilleur de nous-mêmes. On a fait tout ce qui est possible d’être fait comme concessions pour pouvoir avancer avec le gouvernement», a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter que l’aspect politique le plus important dans l’accord est de mettre les Autorités intérimaires sur place. «Nous avons remarqué que certains ministres, notamment le ministre de la Renonciation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, au lieu de nous aider à régler le problème, se met à attiser plutôt le problème. Nous pensons que le ministre du gouvernement ne doit pas s’ingérer dans les affaires des mouvements», estime Moulaye Hahamed Ould Moulaye.
Puis de préciser qu’il n’est pas question pour eux de se retirer du processus, car il y a 4 structures qui travaillent dans le cadre de l’application de l’accord. Il s’agit des questions politico-institutionnelles, des questions de développement, des questions de sécurité et des questions de justice et réconciliation. Selon lui, sur toutes ces thématiques, leurs éléments continuent à travailler.
«C’est dans le sous-comité politico-intentionnel que nous avons suspendu notre participation, jusqu’à ce qu’une réponse soit trouvée à la question des Autorités intérimaires. La mise en place de ces Autorités intérimaires suppose le placement du drapeau du Mali là où il n’existe pas», a déclaré Moulaye Hahamed Ould Moulaye. Avant de conclure que si le gouvernement ne se ressaisit pas, il y a un risque que les extrémistes prennent le pouvoir.
Pour sa part, Fad Almahmoud a rappelé que cet accord, contrairement aux autres accords passés, a connu beaucoup de retard.
Diango COULIBALY