C’est la question qui agite la presse malienne depuis samedi, depuis un discours du président IBK à Baguinéda, dans la banlieue de Bamako ; lors de la Journée paysanne qui marque officiellement le lancement de la campagne agricole. Une journée initiée, à l’origine, par l’ancien président Amadou Toumani Touré, qui vit en exil à Dakar depuis 2012.
« Face à la pression incessante des hommes politiques et de la société civile, ces derniers jours, exigeant le retour d’ATT au Mali et de sa réhabilitation, IBK a fait un rétropédalage samedi, constate Le Pays à Bamako. Il désamorce ainsi la bombe qu’il avait placé, en ces termes : 'je suis reconnaissant à mon jeune frère Amadou Toumani Touré, ex-président de la république du Mali, pour avoir initié la Journée du paysan. Beaucoup de choses se disent dans nos relations, mais je sais qu’il n’y a rien d’intrigues ni de méchant entre nous. On se verra très bientôt…' Et Le Pays de s’interroger : « en réhabilitant ainsi ATT, IBK a-t-il cédé face à la pression de la majorité des Maliens qui réclament à tort et à travers le retour de l’ex-président ? En tout cas, force est de reconnaître que l’ombre d’ATT plane sur le processus de la paix et de la réconciliation au Mali. »
En effet, déjà, le retour d’ATT était l’une des revendications clé de la marche de l’opposition et du grand meeting 'An ka ben' (Donnons-nous la main) organisés il y a 10 jours par les partisans de l’ancien président. Et ces derniers temps, des voix s'élèvent fréquemment dans la classe politique malienne pour réclamer ce retour, certains estimant que « l’exil d’ATT est une honte pour la République et la démocratie maliennes. »
Apaisement…
Alors, pour Maliweb, « IBK entend enfin l’appel. A Bamako, ce discours est accueilli comme un geste d’apaisement de la part d’IBK qui semble de plus en plus attentif aux attentes de ses concitoyens », estime le site d’information malien. Du coup, poursuit-il, « le retour d’ATT n’est qu’une question de semaines ou de mois. Et la balle est dans le camp d’IBK à qui il revient de créer les conditions favorisant ce retour tant demandé par l’écrasante majorité des Maliens qui pensent que l’histoire a donné raison à l’homme du 26 mars 1991. »
Le journal L’Aube s’enflamme : « IBK est sur le point de se rendre à l’évidence et d’emprunter la voie de la sagesse concernant le cas ATT ; un dossier dans lequel IBK a été constamment induit en erreur par des collaborateurs prêts à assouvir leur instinct de vengeance. Des collaborateurs qui n’avaient qu’une envie : régler des comptes personnels en se servant d’institutions de la République que sont l’Assemblée nationale et la Haute cour de la justice… Nul besoin ici de revenir sur tous les mic-mac entrepris depuis 2012 pour salir ATT. Un acharnement incompréhensible et qui ne fait honneur ni à Ibrahim Boubacar Keita, ni au Mali. L’équation est (devenue) simple : étant donné que dans les relations entre IBK et ATT, il n’y a 'ni intrigues, ni méchanceté', il faut maintenant passer aux actes. »
Sanogo aussi ?
Et tant qu’on y est, rajoute L’Inter de Bamako, réhabilitons le général Sanogo ! En effet, lance-t-il, « sans le coup d’Etat du capitaine (à l’époque) Amadou Haya Sanogo, Ibrahim Boubacar Keita ne serait jamais devenu président du Mali. (…) S’il est vrai que la réconciliation est l’action de réconcilier des personnes brouillées, il y va de soi pour l’ancien président du CNRDRE, en détention à Sélingué, à 140 km de Bamako. L’un des vœux le plus ardent du peuple malien et de son président est une réconciliation nationale de tous les enfants du Mali et non une réconciliation dont les fondements reposent sur l’exclusion d’une partie du peuple. »
Un verdict très attendu
... suite de l'article sur RFI