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Conte : La malice de Monsieur Lièvre (suite)
Publié le lundi 30 mai 2016  |  L’Inter de Bamako




Monsieur Lièvre et l’Hippopotame arrivent au champ. L’Hippopotame creuse la terre avec ses pattes. Il laboure toute la journée. Monsieur Lièvre, pendant ce temps-là, dort. Quand arrive le soir, l’Hippopotame s’en va. Monsieur Lièvre se réveille et voit l’Éléphant approcher.
- Tu es à l’heure, dit le Lièvre. C’est bien. Regarde comme j’ai travaillé, et il montre le champ que l’Hippopotame a labouré. Fais le même travail et tout sera vite terminé.
- J’ai du mal à croire que tu as fait ce travail tout seul, dit l’Eléphant je ne le voyais, je ne le croirais pas.
- Mais si, répond le Lièvre. Je suis agile, je suis rapide dans tout ce que je fais. Mais je suis fatigué aujourd’hui. Je te dis bonsoir et bon courage, moi je vais me coucher. L’Éléphant retourne se met alors au travail et Monsieur Lièvre recommence à dormir. Le lendemain matin, l’Hippopotame revient. Il est très étonné de voir le travail fait pendant la nuit.
- C’est merveilleux, dit-il au Lièvre. Comment as-tu pu faire ?
- Oh ! Rien n’est difficile pour moi, et je ne suis pas paresseux. Je fais les choses sans me donner de peine ; mais toi, ne bavarde pas, et au travail. Moi je vais dormir. Au bout d’une semaine, le sol est labouré et ensemencé par les deux gros animaux. Le Lièvre, gras et frais, regarde son champ avec plaisir. L’Eléphant retourne dans la foret et l’Hippopotame au fleuve. Chacun attend la récolte. Ce moment arrive vite et l’Eléphant vient le premier trouver le Lièvre.
- Le mil est haut, dit-il, quand faisons-nous la récolte ?
- Bientôt, mon ami, répond le Lièvre. Mais je veux te dire quelque chose. Regarde la récolte, elle ne sera pas grande. Si nous partageons, tu ne peux qu’avoir un peu et moi un peu. N’aimes-tu pas mieux avoir tout le mil ?
- Mais c’est impossible, dit l’Elephant, tu dois avoir la moitié.
- Ecoute-moi, j’aime mieux perdre tout que d’avoir si peu de mil pour mon travail. Je te propose ceci. Tu vois cette longue corde. Tu vas la tenir très fortement à un bout, et moi je vais aller à l’autre. Nous allons lutter et celui qui réussit à tirer l’autre près de lui sera le vainqueur .Tout le mil sera pour lui. L’Eléphant regarde le
Lièvre si petit. Il pense : «Je suis gros, et fort. Je vais surement gagner.»
Il répond au Lièvre :
- Je veux bien lutter, j’aime beaucoup le mil.
- C’est parfait, fait le Lièvre. Tiens la corde. Je vais à l’autre bout et quand je crie : «Bataou», tu tires. Si tu es plus fort que moi, tu gagnes
(A suivre)
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CULTURE / Autour du chef : le chef des Essazam est gravement malade. Ses sujets croient qu’il va mourir
De ce moment, l’on ne doute plus qu’il ne dut d’un instant à l’autre traverser le fleuve pour rejoindre les ancêtres. La rumeur de l’imminente catastrophe inonda le hameau le plus lointain de la tribu des Essazam. Les notables de chaque clan, désireux d’assister aux derniers moments d’un homme qui avait été un frère et un illustre chef, abandonnèrent leurs cases, envahirent les pistes de la forêt obscure. Le jour suivant, le chef s’abandonna au délire et peu après s’emparèrent de lui cette indifférence à la réalité des vivants et ce mutisme définitif qui annoncent souvent l’ultime soupir…La panique secoua Essazam.
Les hommes, accroupis sur des tam-tams qu’ils battaient avec une application triste, jetaient par-dessus les masses butées de la forêt d’innombrables messages qui suppliaient sorciers et praticiens de toutes sortes, quelles que fussent leurs tribus et leurs méthodes, de venir sauver le chef des Essazam à l’agonie. Jour et nuit, sans désemparer, la voute de la forêt retentit, frissonna des saccades des tam-tams déchaînés qui, eut-on dit, se répondaient, se relayaient non plus de hameau en hameau, mais de buisson en buisson, de ruisseau en ruisseau.
Survint un orage interminable…Eclairs, pluies, tonnerre et bourrasques jetaient bas les arbres, déchiraient la forêt d’atroces cris de victoires, dévastaient les champs, arrachaient les toitures des maisons. La nature elle-même, eut-on dit, avait décidé d’isoler le chef sur l’île déjà désolée de sa maladie, lui qui toujours avait vécu dans un nombreux entourage, le couper pour ainsi dire du continent des vivants, le livrer corps et âme à la mort, son ravisseur.
Mongo Béti, « Le roi miraculé»
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