À 42 ans Moussa Tembiné, mathématicien et physicien de formation, originaire de Bandiagara, est l’une des figures montantes du Rassemblement pour le Mali (RPM). À la fois président du groupe parlementaire RPM à l’Assemblée nationale, et responsable de la jeunesse dans son parti, il est l'un des plus fidèles soutiens du président Ibrahim Boubacar Keïta. Nous l’avons rencontré à Bamako au siège du parti, dans un contexte marqué par l’agitation sociale.
Jeune Afrique : IBK arrive à mi-mandat et le mécontentement grandit dans tout le pays, notamment au sujet de la cherté de la vie. Quel regard portez-vous sur ce climat d’agitation ?
Moussa Tembiné : Le fait que les gens se plaignent est compréhensible. Lorsque la croissance est bonne (autour de 5 % en 2016 selon le FMI), chacun veut voir comment cela se traduit concrètement dans son assiette. Il y a bien eu une augmentation générale des salaires, même si ce n’est pas assez, et une amélioration des conditions de travail.
Malheureusement, à cause de la crise sécuritaire, de la difficulté à acheminer les produits, les prix ont aussi augmenté. Je pense que le président a travaillé en profondeur et que les résultats ne se voient pas encore mais ils sont bien réels. Il y avait des priorités, notamment sur le plan sécuritaire. Quand il est arrivé au pouvoir, il n’y avait plus d’armée et la loi de programmation militaire a été un pas important dans la résolution de la crise, car le Mali a retrouvé sa souveraineté militaire.
L’opposition critique surtout la mauvaise gouvernance, le climat des affaires.
La plupart de ces critiques sont sans fondement. Aujourd’hui on combat la corruption. À l’unanimité, les députés ont approuvé la loi portant sur la prévention et la répression de l’enrichissement illicite le 15 mai dernier.
Autrefois, il y avait mille façons de gagner de l’argent de manière détournée. Cela change peu à peu, ce qui explique d’ailleurs peut-être l’agacement d’une partie de la population, je pense à certains fonctionnaires qui avaient pris la mauvaise habitude d’améliorer leurs fins de mois en détournant de l’argent public.
La plupart de ces critiques sont sans fondement
On ne peut pas accuser IBK de toutes les dérives du système malien. Peut-être que certains ont trahi sa confiance ou commis des erreurs. C’est au président de répondre et de prendre les décisions adéquates. Et concernant l’affaire de l’avion présidentiel, il n’y pas une seule preuve de la sur-facturation. En réalité, l’opposition est pressée d’écourter le mandat du chef de l’état.
Quel bilan faites-vous de ces trois premières années, qu’est ce qui a été fait ?
D’abord, nous avons signé l’accord de paix d’Alger en juin dernier pour le règlement de la crise au Nord. Même si certains essayent d’en compliquer la mise en œuvre, c’est un pas important. Je l’ai dit juste avant, on a aussi équipé, formé nos militaires, on a aujourd’hui une armée debout. La paix est fragile mais revient lentement. Ces quelques attaques ici et là sont l’œuvre de bandits, trafiquants de drogues affiliés aux terroristes. On a encore besoin de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et des troupes françaises de Barkhane pour éradiquer ces mouvements, nos forces prendront le relais, mais c’est encore trop tôt
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