Depuis la grande marche de l’Opposition le 21 mai dernier, la Majorité ne dort plus que d’un seul œil. Paniquée et à court d’arguments, elle ne fait que multiplier les bourdes en voulant salir les opposants. Après les prétendus 27 milliards que Soumaila Cissé aurait détournés à l’UEMOA, c’est au tour de Tiébilé Dramé, l’autre figure emblématique, d’être vilipendé par une certaine presse aux ordres pour cumul et non-paiement des factures d’eau et d’électricité. Comme si cela ne suffisait pas, le jeudi 26 mai 2016, c’est au tour de l’honorable Oumar Mariko de la Majorité de demander ce qu’il croit être des explications à Soumaila Cissé par rapport à des groupes électrogènes que l’Allemagne se serait proposée d’offrir gracieusement au Mali pendant la période des délestages sous Alpha Oumar Konaré. Va-t-on passer un mandat à critiquer l’opposition dans un pays en crise où tout est prioritaire ? La Majorité est-elle à court d’arguments et de solutions aux problèmes des maliens au point de se livrer à cette diversion ? A quand la fin de la récréation ?
Décidément, le Mali est loin de voir le bout du tunnel. Les dirigeants qui sont censés montrer la voie créent le désordre pour divertir tout un peuple. En plus de 32 mois de gestion chaotique émaillée par des scandales de tous genres, le Mali ne fait toujours que s’enfoncer davantage. Face à ce chaos généralisé, la majorité ne semble avoir d’autres solutions aux problèmes des maliens que de vilipender l’Opposition. A-t-elle conscience de la gravité de la situation qui est celle du Mali ? Mesure-t-elle le risque de partition qui guette le pays ? La réponse est certainement non, autrement elle aurait dû adopter d’autres postures plutôt que celles des invectives, de la diffamation et de la diversion. Le pouvoir doit faire et laisser dire.
C’est le Président de la République lui-même qui a donné le ton en traitant les opposants de « Hassidis », de «petit monsieur» pour avoir seulement dénoncer certaines dérives autocratiques, donnant ainsi l’occasion à son entourage d’aller chercher des poux sur la tête bien rasée de l’Opposition. Son entourage, a tellement sauté sur l’occasion, qu’il a fini par se mélanger les pédales. Tantôt c’est le secrétaire général du RPM qui affirmait que l’Opposition était en train de préparer un coup d’Etat pour le 26 Mars, tantôt il signait un communiqué demandant au chef de file de l’Opposition, l’Honorable Soumaila Cissé de rendre compte au peuple de son prétendu détournement de 27 milliards à l’UEMOA, reléguant ainsi au second plan son double scandale d’engrais frelatés et celui des tracteurs surfacturés. Tantôt c’est une certaine presse taillée à la mesure des princes du jour qui évoquait la gestion de Soumaila à la CMDT, au ministère des finances, à l’ACI. Et le clou de cette abyssale cabale a été la question que l’Honorable Oumar Mariko a posé à Soumaila au cours d’une émission de notre confrère Kassim Traoré à la Radio Kledu où il était du reste le seul invité. Sa question était relative à des groupes électrogènes que l’Allemagne se serait proposée d’offrir gracieusement au Mali pendant la période des délestages sous Alpha Oumar Konaré. A quelle réponse s’attendait-il plus de 15 ans après les faits en posant une telle question si ce n’est que « blablater » et faire de la diversion?
La majorité en voulant coute que coute trouver la paille dans l’œil de l’Opposition met à nu la poutre plantée comme une écharde dans le cœur de celui qu’elle prétend défendre. Parce que tout le paradoxe est que ces prétendus scandales ont tous été commis sous la primature d’IBK au temps d’Alpha Oumar Konaré. Pourquoi Alpha et IBK lui-même, les deux chefs d’alors de Soumaila Cissé, ministre des Finances à l’époque des faits n’ont pas daigné le débarquer ou le poursuivre si tant est vrai que ces allégations étaient fondées ? IBK que la Majorité défend ainsi maladroitement en tirant feu de tout bois sur l’Opposition était-il alors complice de Soumaila Cissé ?
En définitive Face à l’insécurité de plus en plus grandissante, au chômage endémique des jeunes, à la cherté de la vie, aux coupures intempestives d’électricité et d’eau, à la pauvreté et à la précarité ambiante, à la corruption à ciel ouvert, à la gestion calamiteuse de la crise au nord, à la grève illimitée des enseignants de l’IUG, la majorité en dépit de tous ces défis sur la table ne semble avoir d’autres solutions que la diversion. Le pouvoir dont on n’a pas la capacité et la vision est un crime.
Youssouf Sissoko