Excellence Monsieur le Président
Je m’adresse a vous en tant qu’élément d’une société ‘riche de ses diversités ‘’ mais aussi riche de ses ‘’blessures’’.
Vous venez de clore avec faste l’année Modibo Keita. Je suis un proche et très proche de feu Hamadoun DICKO, compagnon dans la souffrance, dans l’humiliation et la mort de Fily DABO, Kassoum TOURE et du sénateur M’BODGE.
Le 15 septembre 1969 à Kayes devant les officiers Koly SANGARE, Boureima KONDO, Namory TRAORE et Mamadou TRAORE, le président Modibo KEITA a reconnu avoir ordonné la liquidation des gens suscités. Auparavant il a voulu se décharger sur Bakara DIALLO et Dybi Syllas DIARRA. Si Fily DABO, Hamadoun DICKO et Kassoum TOURE ont été exécutés à Kidal le sénateur M’Bodge a reçu trois balles dans la tête devant l’Assemblée nationale.
Il a aussi ordonné le17 Mai 1960 l’exécution de 84 civils à Sakoïba, de 29 personnes à Yanfolila le 14 février 1962 ; la même année 48 personnes à Wéléssebougou et 119 personnes à Kidal.
Excellence Monsieur le Président j’ai personnellement assisté au suicide de Moussa Diarra à Ségou au quartier Hamdallaye en 1960. Moussa Diarra a préféré se donner la mort que de tomber dans les mains de la milice populaire.
Moussa Diarra n’est autre que le père de Cheick Modibo Diarra et de Sidy Sosso Diarra, ils sont vivants et devant vous tous les jours.
Il ne faut pas oublier que le 26 juillet 1962, 335 personnes comparaissent devant un tribunal révolutionnaire présidé par Mamadou Diarra H et 39 jurés. A l’issue d’un procès qui s’est déroulé du 24 au 27 septembre 94 condamnations à mort ont été prononcées dont Mamadou Faganda Traore, Lahaou Toure, Gaoussou Coulibaly, Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré entre autres.
Les condamnations à mort ont été commuées en prison a perpétuité après une lettre de Fily Dabo. Malgré cet acte Modibo Keita à la suite d une rencontre avec Bakara Diallo ordonne « d’en finir « avec Fily, Kassoum et Hamadoun. » Le 30 juin 1964 ils ont été exécutés par un peloton commandé par le lieutenant Bolon Samaké.
Le 12 janvier 1965 Mamadou Fayenké, Amadou Coulibaly, Amadou Thera, Mamadou Niang et Gaoussou Coulibaly furent condamnés à la prison à perpétuité et envoyés à Kidal, ils ne seront libérés qu’au coup d’état de Moussa Traoré.
Il ne faut pas oublier les exactions commises par la milice populaire qui ont fait des dizaines de morts et des milliers de déplacés vers la Cote d’ivoire et la Haute Volta
Que vous traitez cet homme de héros cela n’engage que vous, car en faisant le décompte Modibo est le plus grand boucher de l’Afrique de l’ouest de 1960 à 1968. Je vous demande de ne pas oublier que vous êtes le Président de tous les Maliens et que pour cela vous devez nous rassembler au lieu de nous diviser
Votre acte est peut être politique je le pense car en même temps vous avez dit de Moussa Traoré qu’il est un grand républicain.
Nous avons pardonné mais pas oublié, nous vous pardonnons aussi et je vous demande de me pardonner pour tout ce qui a été dit dans cette lettre qui est vérifiable et je peux mettre à votre disposition si vous le demandez.
J’ai fait 8 ans à Kidal les documents que j’ai pu lire font froid dans le dos, mais tout ce que je vous demande c’est de nous restituer les restes de Fily, Kassoum et Hamadoun pour qu’ils puissent dormir en paix dans une tombe identifiée par tous.
Très respectueusement un citoyen qui croit en un Mali et un Président justes.