Le comportement des forces de défense et de sécurité, face à l’agression du Président de la transition, Dioncounda Traoré, interpelle plus d’un Malien car selon la logique, toute manifestation dans un pays dit civilisé et respectueux des valeurs démocratiques doit au préalable obtenir l’autorisation des autorités afin que ladite manifestation soit encadrée et guidée par les forces de sécurité en vue de parer à tout dérapage. Pourtant, cela n’a pas été le cas pour cette manifestation du lundi 21 mai 2012 ? Pourquoi ?
En effet, pourquoi les forces de défense et de sécurité ont-elles laissé les manifestants de la COPAM monter jusqu’à Koulouba pour agresser le Président Dioncounda Traoré ? Pourquoi les membres de la Garde rapprochée de Dioncounda ont-ils fait preuve d’autant de laxisme, voire de négligence concernant la protection du Président de la République ? Sont-ils, quelque part, complices des manifestants ? Où étaient donc passé les militaires et policiers lors de la montée des partisans pro-putschs à Koulouba ? L’armée et la police ont-elles finalement décidé de « pencher la balance » du côté des manifestants ? Autant de questions que se pose aujourd’hui la grande majorité des Maliens. Quoi qu’il en soit, il y a anguille sous roche.
Le scénario du lundi passé est des plus inattendus car non seulement il est impossible d’imaginer que Dioncounda Traoré soit agressé jusqu’à son lieu de travail comme un vulgaire citoyen, mais que les forces de défense et de sécurité puissent laisser des « badauds » (puisqu’ils n’étaient pas en règle vis-à-vis des autorités) monter librement jusqu’au Palais présidentiel en brandissant en plus des slogans hostiles au Président de la République. A moins que ce soit un coup savamment monté en complicité avec ces « forces de sécurité » ?…Le seul but de ces pro-putschistes est de porter leur mentor (Sanogo) à la tête du pays pour qu’ils puissent abuser de lui. Surtout que des responsables de cette coordination (COPAM) tels que le Dr. Oumar Mariko (SADI), Me Mamadou Gakou (COPP), Hammadoun Amion Guindo (CSTM), Adama Traoré (REMACOTEM) et bien d’autres sont des personnalités discréditées aux yeux de l’opinion publique car selon maints Maliens, non seulement ils ne sont pas conséquents envers eux-mêmes, mais ce sont par excellence des opportunistes de dernière minute.
Sinon, comment comprendre qu’un Oumar Mariko, qui a toujours clamé haut et fort qu’ATT (qu’il traitait d’ailleurs de tous les noms) était un Président incapable, aille pourtant faire des courbettes auprès de ce dernier rien que pour se faire les poches et mener une vie de pacha ? Comment admettre qu’un Maître Gakou qui, dans un passé récent, a apporté son soutien à la candidature de Modibo Sidibé, puisse sauter de joie lorsque ce dernier fut détenu par les militaires à Kati ? Même en tant qu’avocat, Gakou n’a pas fait cas de l’illégalité de l’arrestation de son allié d’hier (Modibo Sidibé). Ainsi, ce sont de telles personnes qui veulent changer le coup de l’histoire du Mali en voulant remplacer un Président intérimaire choisi selon la Constitution par un autre illicite, soit disant pour…résoudre la crise malienne. Tous les protagonistes de cette crise, à commencer par les politiques, les militaires et les policiers qui ont voulu fomenter ce contrecoup d’Etat, doivent se mettre en tête que le monde évolue et qu’ils ont intérêt à ne pas s’attirer les foudres de la CEDEAO.
Ce laxisme avéré des forces de défense et de sécurité emmène à conclure qu’il n’y a pas d’hommes capables dans leurs rangs et qu’il faut alors des forces du bloc sous-régional pour protéger et sécuriser le Président de la République.
Ledit laxisme prouve aussi que les Maliens sont tous en danger dans ce pays. C’est parce que leur contrecoup d’Etat, qui consistait à faire passer Dioncounda Traoré de vie à trépas, a été suivi par les représentants de la CEDEAO que ces partisans zélés détestent tant la Communauté à travers ses représentants diplomatiques. Pour lesdits partisans, ces représentants sont responsables de cet enlisement sociopolitique qui accentue aujourd’hui la crise du pays.
La partialité et l’ingérence des forces de défense et de sécurité
Par leur ingérence persistante et leur volonté de conserver une influence sur le pays, les responsables de la COPAM font preuve, depuis le coup d’Etat, d’une attitude partiale, voire partisane en faveur de la junte, attitude qui s’est renforcée surtout lorsqu’ils ont été écartés de la « mangeoire » lors de la formation du gouvernement. Cette attitude est aujourd’hui particulièrement lourde de conséquences dans la mesure où il ne s’agit plus d’un positionnement sur une sortie de crise, mais plutôt d’une implication directe dans la gestion de l’Etat. Si bien qu’ils ont réussi à utiliser certaines forces de défense et de sécurité pour les accompagner dans leur sale besogne.
En fait, cette atteinte à la personne physique du Président de la République ce lundi 21 mai à Koulouba démontre que ces forces de sécurité sont mal aujourd’hui placées pour une action de maintien de sécurité et de protection des biens des populations car en laissant faire, elles sont devenues complices de cet acte ignoble. Et ce sont ces mêmes soldats qui, sous le couvert d’une légitimité républicaine très discutable, se disent prêts à libérer le pays des mains des rebelles et terroristes du Nord ! Les Maliens doutant désormais de leur capacité à le faire, il revient alors aux deux ministres de tutelle d’éclairer la lanterne de l’opinion nationale sur le comportement des éléments des forces de défense et de sécurité.