La situation sécuritaire au Mali ne s’améliore pas, hier soir dans la ville de Gao, on a enregistré la 187 ième attaques en 17 mois, soit 11 par mois. Ces attaques sont sous la forme soit d’engins explosifs improvisés, d’attaques suicides, ou d’embuscade. Mais il y a aussi des assassinats sur des personnes soupçonnées d’aider l’armée malienne et les forces internationales.
Les Groupes opérant ce type d’opérations sont essentiellement AnsarDine, Al Qaida en Afrique de l’Ouest, AQMI et le front de libération du Macina. Ces groupes ont des connexions très fortes entre elles, et ne sont le plus souvent que des démembrements géographiques.
L’insécurité résiduelle et les actes qui en découlent ne sont pas une surprise, dès 2003 les experts qui se sont penchés sur la question avaient déjà alerté sur le risque d’implantation des groupes armés terroristes algériens, qui finiraient par trouver sur place un terreau fertile.
Il faut reconnaître que toutes les conditions étaient réunies pour l’installation et le développement de ces groupes, c’est à dire une absence totale d’administration, de services de bases, de développement économique, et surtout une révulsion certaines pour l’Etat central.
Ces groupes face à la tolérance dont ils ont pu jouir se sont installés progressivement, jusqu’en 2011 où participant aux cotés des groupes armés rebelles, il vont finir par prendre le contrôle de plusieurs villes du nord, avant d’en être chassés.
Après les erreurs commises en 2003, le Gouvernement va en commettre une autre en 2012, et celle- la a conditionné ce que nous vivons. En haut lieu il a été considéré que les terroristes étaient majoritairement des étrangers, et qu’une fois une intervention internationale lancée, ils s’en iraient tout bonnement vers l’Algerie, la Tunisie, le Maroc, le Sahara Occidental.
Lors de l’intervention française à Kadji, l’on découvre l’ampleur de la participation des locaux aux combats, on préfère là aussi parler de jeunes drogués, du Mali pays d’islam tolérant, où les jeunes ne peuvent être séduits par ces discours.
C’est lors des patrouilles de la force serval en 2013 sur la petite île de Kadji que l’armée malienne et l’opinion publique malienne prend connaissance de l’ampleur de l’implication des locaux dans les groupes terroristes.
La petite île de Kadji était déjà connue par les habitants de Gao, pour le fanatisme de ses habitants, bien formés par des prédicateurs pakistanais dans les années 70. Le Mujao y avaient tout naturellement installé un camp d’entrainement.
Certes les chefs sont des étrangers, sont en Libye, en Algérie, mais ils ont laissé sur place des chefs de Katiba maliens, qui ont des recrues maliennes, et qui combattent au quotidien les forces de la Minusma, les Fama et Barkhane.
Donc la 1ere chose à faire est de reconnaître que la menace est locale, il existe un courant terroriste local, avec des cellules de recrutement, des camps d’entrainement, des chefs, des sous chefs, et qui arrivent à vivre de l’argent de petits trafics.
La sécurité d’Etat malienne a bien saisi l’ampleur de la menace, ce qui l’a conduit à re-orienter son dispositif, avec quelques succès importants ces derniers mois, notamment les arrestations de messagers et d’argentiers des groupes locaux (AnsarDine, FLM).
La réponse à la crise sécuritaire ne saurait être exclusivement militaire, il y a des éléments sociaux, culturels et économiques à prendre en compte. La principale corde de recrutement des jeunes dans les groupes est la frustration, qui naît du rejet, du sous développement et du sentiment d’abandon. Lorsque ces conditions sont réunies, cela ne signifie par forcement que la personne devient un terroriste, mais il est plus facile de procéder aux recrutement.
Il n’est pas aisé de faire comprendre aux décideurs politiques que les questions de développement, les questions sociales et de sécurité sont liées. Pour eux le terrorisme est une question purement sécuritaire et qui doit être traitée comme telle.
Le terrorisme est un phénomène international, qui a des racines locales. Chaque pays a ses spécificités, nous devons connaitre les notre pour mieux combattre, pour cela il faut reconnaître que nous avons un terrorisme local, avec des racines locales et des revendications locales, puis le placer dans un espace spécifique, qui est l’Afrique de l’Ouest.